"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À la Belle Époque, elles détiennent deux armes d'exception : la beauté et l'argent.. 1896. Le corps d'un riche industriel est découvert à bord d'une goélette échouée dans la baie de Somme. Pour une affaire de cette importance, on envoie le meilleur policier de Paris, Amaury Broyan. Très vite, l'inspecteur soupçonne la veuve, héritière de l'immense empire. L'enquête révèle alors que l'industriel avait également une maîtresse, Axelle Valencourt, un modèle ayant posé pour de nombreux artistes et notamment Alfons Mucha.
Des quartiers cossus de Paris aux cabarets de la Butte Montmartre, l'inspecteur se retrouve plongé dans une affaire complexe et périlleuse, dans laquelle chaque personnage, y compris l'inspecteur, va révéler sa part d'ombre.
Malgré une scène déterminante en baie de Somme et contrairement au titre , ce polar assez sombre se déroule en 1896 dans le Paris de la Belle Epoque, comme l’évoque la magnifique couverture Art Nouveau.
Un très riche industriel est retrouvé mort dans une goélette échouée en baie de Somme. Eu égard à l’identité de la victime, Paris dépêche sur place l’inspecteur Amaury Broyan, lui-même rongé par un drame familial récent. Son enquête va nous mener des ors des salons bourgeois aux bas-fonds de la Butte Montmartre. Nous y côtoyons des héroïnes issues de toutes les strates de la société car un accent est particulièrement porté sur la condition et le sort réservés aux femmes dans cette société patriarcale. Elles n’ont que leur séduction ou leur argent comme armes. Ce plaidoyer s’intègre parfaitement à l’intrigue puisque la veuve, qui a apporté en dot la fortune qui a fait la richesse de son industriel de mari et la maîtresse de ce dernier qui pose comme modèle pour subvenir à ses besoins sont toutes deux suspectées.
Alexis Chabert nous offre ici, au travers de magnifiques décors , un superbe portrait du Paris de la Belle Epoque. Il parvient parfaitement à nous faire ressentir aussi bien l’atmosphère lumineuse du Paris Haussmannien des salons que la misère noire du Paris des bas-fonds et des ruelles coupe gorges. Les dessins Art Nouveau aux traits fins et soignés sont magnifiques. Les femmes ont les silhouettes élancées, délicates et élégantes des codes de l’Art Nouveau et les hommes qui règnent en maîtres sont rudes et violents. La plongée dans les rues de Paris ou dans les bas-fonds est vertigineuse.
Philippe Pelaez et Alexis Chabert nous offrent ici un polar sombre, merveilleusement bien illustré, au dénouement inattendu.
Ce roman graphique, Automne en baie de Somme, m’a tout de suite conquise ! Non seulement, les dessins sont magnifiques mais la Belle-Époque qu’il évoque plonge le lecteur dans une enquête policière à résoudre.
Alexandre de Breucq est retrouvé sur une goélette, échouée en Baie de Somme. Riche industriel, le poison administré a du rendre son agonie pénible et surtout longue, m’étant le mobile de la vengeance au premier plan ! Malgré tout, la victime a tracé un énigmatique 266 qui devrait bien être utile à l’Inspecteur Amaury Broyan, policier renommé même si depuis le décès de sa fille…
Bien sûr, il cherche à qui profite le crime ? Assurément, sa veuve, Marthe de Breucq ! Surtout qu’elle revendique au Conseil d’administration rapidement la direction de l’entreprise, Les Fonderies de Breucq. Bien sûr, il y a aussi sa maîtresse, Axelle Valencourt, une magnifique jeune femme qui pose pour les peintres, et notamment Mucha pour ces célèbres Quatre Saisons. Mais, quel serait son mobile, elle qui perd avec son amant sa subsistance financière ?
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/08/02/automne-en-baie-de-somme/
Il est des couvertures qui vous font choisir un album sans avoir besoin de regarder à l’intérieur. Automne en baie de Somme est l’un de ceux-là. La référence à Alfons Mucha (1860-1939) y est pour beaucoup. L’époque est là, bien définie, c’est la Belle Époque et son emblématique Art nouveau, qui met si bien en valeur les courbes des femmes.
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Des femmes, il en est fortement question dans ce récit. Une officielle Marthe, l’épouse du richissime Alexandre de Breucq. Une officieuse Axelle Valencourt, la maîtresse, qui pose comme modèle pour Mucha. Quand l’industriel est assassiné dans des conditions atroces sur sa goélette en baie de Somme, les soupçons ne peuvent que se porter sur elles. L’inspecteur Amaury Broyan est dépêché sur place par le ministre pour les premières constatations d’usage. Mais qui donc a pu infliger de telles souffrances à un homme bon, qui se souciait du bien-être de ses ouvriers, au point de leur donner un siège au sein du conseil d’administration de son entreprise ?
Le scénario de Philippe Pelaez se déroule de façon implacable, comme l’est Broyan, déterminé à faire toute la lumière sur cette affaire qui se révèlera être plus sordide que ce que l’on pouvait imaginer. Le dessin à l’aquarelle d’Alexis Chabert met en valeur les femmes, à une époque où elles devaient plus paraître qu’être. La condition des femmes est largement mise en avant dans cet album, notamment grâce à des écrits de Nelly Roussel (1878-1922), écrivaine antinataliste qui s’est battue pour que les femmes puissent accéder à la contraception et à l'éducation sexuelle.
Un album beau, passionnant, féminin et féministe, que demander de plus !
Comme cette belle couv vaporeuse aux reflets dorés ne l’indique pas, « Automne en baie de Somme » est un polar esthétique et ambitieux.
Une goélette échouée, un riche industriel retrouvé mort à son bord… L’inspecteur Broyan est envoyé de Paris pour faire la lumière sur cette affaire.
Philippe Pelaez – qui publie également ce mois-ci le tome 2 du Bossu de Montfaucon- nous emmène ici dans le Paris de la Belle époque, de l’Art Nouveau. Des ateliers d’artiste aux cabarets de la Butte-Montmartre, Broyan mène une enquête complexe où les apparences sont trompeuses. Les femmes y jouent un rôle essentiel et l’inspecteur lui-même va devoir faire face à ses propres démons.
Que dire du travail graphique absolument superbe d’Alexis Chabert. Des couleurs directes : acrylique, gouache, encres, stylo, pastels, crayons de couleurs… Le tout donne un résultat impressionnant où chacun pourra trouver du Toulouse-Lautrec, du Mucha et d’autres…
Un regret, c’est trop court ! 64 pages c’est trop peu… J’aurais volontiers prolongé mon plaisir ! Voilà une collaboration qui mérite un prolongement…
Un polar sublime et bien ficelé, au sous-texte riche et qui évite le manichéisme, voilà un album qui mérite mon coup de cœur ! Serais-tu prêt à lui accorder le tien ?
Quand on demande à Philippe Pelaez quels sont ses scénaristes préférés, il répond qu'il apprécie « les scénaristes qui savent se renouveler » et dit compter parmi ses maîtres Jean Van Hamme et Stephen Desberg. Il déclare qu’il aime également beaucoup la bande dessinée historique comme « Les 7 vies de l'Epervier » de Cothias et Julliard ou « Les tours de Bois-Maury » d’Hermann et conclut qu’il « a envie d'écrire dans tous les genres ! »
Il semble brillamment relever le défi en multipliant les productions cette année. Après avoir donné un 3e volet à sa série « Maudit sois-tu », entamé les diptyques du « Bossu de Montfaucon », de « l'Enfer pour aube » et « Furioso », continué ses « histoires de guerre », il nous invite dans le Paris de la Belle Epoque. Dans « Automne en baie de Somme », il est accompagné au dessin et à la couleur par Alexis Chabert et ce magnifique one shot est paru dans la collection « Grand Angle » chez Bamboo édition.
ENTRE « LES BRIGADES DU TIGRE » ET « 1900 »
Pelaez innove donc une fois de plus et s’essaie pour la première fois au genre du polar. Si Grand Angle, c'est au départ une collection pour faire de la BD « comme au cinéma », on retrouve dans cet album un découpage, un rythme, et une intrigue qui nous font penser aux enquêtes des « Brigades du Tigre » (les plus vieux comprendront !) et de la série « 1900 » conçue elle aussi par scénariste de bande dessinée Fabien Nury.
On a en effet une histoire qui se déroule à la Belle Epoque et qui commence in media res avec un cadavre : un bateau est échoué sur une plage de la baie de Somme, un homme ensanglanté sort en rampant de la cabine et meurt sur le pont. Il s'agit d’un riche industriel, Alexandre De Breucq. Un policier parisien l'inspecteur Amaury Broyan – est-ce un hasard que le dessinateur lui ait donné les traits du Burma de Tardi ? - est chargé de l’enquête. Très vite il soupçonne la veuve de la victime qui n’a même pas attendu une période de deuil raisonnable pour prendre en main les affaires de feu son mari. Mais Alexandre avait également une belle rousse, modèle de son état pour le peintre Mucha, comme maîtresse et n’était pas aussi lisse qu’on voudrait le laisser croire…
Les sous-intrigues se multiplient : ainsi Broyan a également un drame personnel à élucider ce qui permet de donner de l’épaisseur aux personnages et de brouiller les pistes en retardant le moment de la découverte du coupable. Mais le seul regret qu’on éprouvera pour cette histoire complète , c’est qu’elle n’ait pas pu courir sur davantage de pages car parfois les ellipses sont un peu trop brusques, la romance entre Axelle et le jeune peintre expéditive, et surtout les coïncidences trop marquées (comme de bien entendu les deux arcs narratifs principaux finissent par se rejoindre et certains témoins sont étonnamment volubiles).On aurait aimé davantage de pauses narratives et de déambulations en doubles pages muettes dans ce Paris si bien reconstitué.
POL-ART
En effet, l’un des atouts principaux de cet album est son graphisme. Dès la couverture, ses couleurs pastel, ses incrustations dorées, ses motifs floraux art nouveau et sa silhouette féminine vaporeuse on perçoit l’hommage à Mucha que l’on retrouve également dans les têtes de chapitre. Cependant d’autres artistes et courants picturaux sont également convoqués comme l’impressionnisme présent sur la couverture de l’édition de luxe mais aussi dans la marine au bas de l’édition classique…
Alexis Chabert a travaillé en couleurs directes à l’aquarelle principalement mais avec des rehauts d’acrylique, de pastels et les silhouettes cernées au stylo à bille ! Et l’ensemble est fascinant. Au détour d’une case et surtout quand il s’en affranchit, alors qu’il nous dépeint les célèbres cabarets du « lapin agile » ou du « chat noir » ou les Moulins de Montmartre, il nous évoque tour à tour Toulouse-Lautrec, Pissarro ou Van Gogh ; quand il arpente la haute société on pense à Manet tandis que ses vues des grands boulevards nous rappellent les tableaux de Monet et de Renoir.
UN ROMAN GRAPHIQUE SOCIETAL
Enfin, s’il est distrayant et beau tout à la fois, ce livre donne également à penser. On peut le qualifier de « roman » graphique car sa narration est très écrite dans les récitatifs et confine même à la poésie. Il n’est pas sans rappeler en cela un autre album récent de Pelaez : « l’Enfer pour aube » placé sous l’égide d‘Hugo. Mais quand dans le premier titre, chaque chapitre était délimité par une citation extraite de l’album lui-même, ici le scénariste choisit de commencer chacun des 4 chapitres qui le constitue par des passages de « Quelques lances rompues pour nos libertés » de Nelly Roussel une pamphlétaire qui lutta contre l’avortement et pour la libération de la femme. Ainsi, l’album se mue en une œuvre engagée qui questionne la place de la femme à l’époque et montre les tentatives de certaines (dont les deux héroïnes) pour échapper au sort qu’on veut leur réserver.
« Automne en baie de Somme » au titre poétique et polysémique est donc tout à la fois un polar historique, un album hommage aux maîtres picturaux de l’époque, une expérimentation scénaristique et une œuvre engagée. Cette bande dessinée a les qualités des grands albums : à la fois un graphisme époustouflant mais aussi un scénario ciselé et intelligent bien plus profond qu’il n’y paraît. Ce one shot devrait être le tome inaugural d’une série (tétralogie à la Vivaldi ?) car on annonce pour bientôt l’arrivée d’un deuxième opus avec l’inspecteur Broyan intitulé « Hiver à l’Opéra » qui devrait s’inscrire dans les traces de Degas. On s’en réjouit déjà !
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