"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une jeune femme idéaliste comme on peut l'être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d'un milieu intellectuel qui a tout d'une caste d'homme.
Elle y rencontre l'écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant « Pape du Nouveau Roman », et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle. Toutes choses auxquelles l'héroïne s'affronte tant bien que mal.
Raconté avec impertinence depuis aujourd'hui, son apprentissage, d'une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s'exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu'il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.
Imaginez rencontrer Alain Robbe-Grillet et sa femme Catherine. C’est ce qui arrive à la jeune femme de ce roman dont nous ne saurons jamais le prénom.
Travaillant parfois à l’Institut (pas de beauté, un Institut chargé de récupérer tous les documents des Grands Hommes), elle est chargée de créer une exposition avec les documents du Pape du Nouveau Roman.
J’ai ainsi découvert un Robbe-Grillet obsédé par ses cactées et ses nombreux voyages.
J’ai découvert sa femme Catherine, plus connue sous le nom de plume de Jeanne de Berg, maîtresse SM. J’ai adoré qu’elle trouve la jeune fille terriblement banale.
J’ai adoré découvrir un Alain soucieux que ses hôtes fassent bonne chère, et ne cesse de les resservir.
J’ai adoré le titre d’un roman de Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Un roman plein d’humour sur une jeune femme de son temps chargé de mettre en lumière un auteur du passé.
Une citation :
Elle en avait conclu que la littérature, dans les années 50, c’était comme la vieillesse : pas pour les douillets. (p.56)
L’image que je retiendrai :
Celle des camions dans la cour de l’Institut remplie de cartons des archives de Robbe-Grillet.
https://www.alexmotamots.fr/aucun-respect-emmanuelle-lambert/
Un classement d'archives par une femme stagiaire, on la suit dans sa vie aux côtés de son Chef, elle y raconte tout ce qu'elle affronte en tant que femme, une autorité bien établi, sans aucun respect pour les femmes. Un roman court qui se lit vite, vif mais beaucoup de longueurs. On suit cette jeune femme dans un milieu professionnel littéraire. Elle pose un regard sur les hommes, un constat sur les hommes.
Il me manque quelque chose dans ce récit pour apprécier la construction de cette femme, sa place dans le monde , dans la société. Ecriture confuse avec "Elle" qui nous perd
Une lecture sans accroche.
Quinze ans après son premier livre, Mon grand écrivain, consacré à sa relation avec Alain Robbe-Grillet, Emmanuelle Lambert se souvient de ses débuts, déjà au contact du chef de file du Nouveau Roman, dans un récit initiatique très autobiographique qui, avec la prise de distance d’une narration à la troisième personne, interroge avec humour la place des femmes, en général et dans la sphère intellectuelle en particulier.
Nous sommes dans les années 1990. Jeune doctorante, la narratrice entame un stage chez un tout neuf et encore modeste institut qui finira par l’embaucher et par devenir une vénérable institution, et en lequel l’on n’a aucun mal à reconnaître l’IMEC, l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, où l’auteur fut en charge des archives d’Alain Robbe-Grillet et de la préparation d’une exposition consacrée à l’écrivain et cinéaste.
Sans expérience encore mais d’autant plus prédisposée aux étonnements, la jeune femme, globalement cantonnée – parce que débutante, mais aussi parce que le mot intellectuel ne se conjugue alors guère qu’au masculin – aux tâches les plus fastidieuses et poussiéreuses de l’épluchage des archives, ronge son frein en ouvrant de grands yeux, sa déférence et son admiration pour un entourage plus âgé et expérimenté aux prises avec les ébahissements d’une lucidité dont le piquant ne se départira pourtant jamais d’un irréductible fond d’affection.
S’ensuit une galerie de portraits plein de dérision, incluant aussi bien « le Chef » que le couple Robbe-Grillet dont, à force d’inventaires et de chronologies. elle se retrouve à pénétrer la peu conventionnelle intimité, dans son Château de Normandie. Entre elle, maîtresse de cérémonie sadomasochiste, et lui dont les romans se sont peu à peu tournés vers l’érotisme jusqu’à mettre en scène inceste et pédophilie, c’est a posteriori pour la narratrice l’occasion de constater le chemin parcouru entre l’époque de ses débuts, où il ne lui fut pas si facile de trouver sa place et d’affirmer sa liberté d’être et de penser – et alors en s’attirant des commentaires du genre : « Tout de même, les filles, aujourd’hui, vous n’avez aucun respect » –, et la société de l’après #MeToo.
Irrévérencieux mais poli et dans l’ensemble fort correctement dans l’air du temps, ce texte finement ciselé autour d’une expérience somme toute très sage et bourgeoise, dans l’entre-soi d’un milieu qui admet peut-être désormais mieux les femmes mais reste profondément élitiste et codifié, a beau jouer la dérision et l’impertinence, l’on ne parvient pas vraiment à croire au vernis d’insoumission posé avec tant d’application sur ses pages. Malgré leur talent certain, c’est donc un ennui relatif qui s’empare du lecteur, frustré côté âme et tripes.
Impertinent et hilarant
« Le peuple de l’Institut lui semblait former une bande à laquelle elle n’appartiendrait jamais, trop éloignée d’eux dans le temps (elle était si jeune) et dans l’espace social (elle venait d’une petite banlieue résidentielle). »
La narratrice, la vingtaine, monte à Paris pour ses études à la fin des années 1990. Sur recommandation, elle devient stagiaire à l’Institut (elle y sera embauchée par la suite). L’Institut qui est à l’époque « une petite association tapie au fond d’une cour, dans les beaux quartiers parisiens. » deviendra « une institution, une vraie, avec des déménagements, des recrutements, des procédures, du management, des réunions. » chargée de collecter les archives d’écrivains. Elle y rejoint le Chef, Joseph, deux personnages hauts en couleur, puis Laura. Son travail ? « Elle est, euh… elle est… elle fait… enfin elle est truc à l’Institut. Traduction : c’est une petite main qui classe des archives que les écrivains confiés à l’Institut.
« La domination, cocotte, ça se traduit dans le langage. Ou plus précisément – grand sourire – dans le bien entendu, le tacite, l’implicite. L’ironie. »
Elle y rencontre surtout le Pape du Nouveau Roman, Alain Robbe-Grillet et son épouse Catherine, star de cérémonies sadomasochistes.
En charge de préparer une exposition sur le grand auteur, elle s’implique à fond dans le projet. Petit à petit, son rôle à l’Institut prend de l’épaisseur, sa répartie de l’impertinence.
Pour le grand auteur, « Elle était agaçante à la fin. Normative, puritaine, conformiste. Pas un gramme de perversion ; pas un gramme de fantaisie. ». Pour son épouse, « Vous êtes très normale, tout de même. »
« Grâce au Service public SM à la demande, peut-être que le gens arrêterait enfin d’emmerder le monde. Ça les obligerait à savoir ce qu’ils veulent faire, ou qu’on leur fasse, ça les contraindrait à se connaitre et à s’accepter, à poser leurs limites, à savoir quoi attendre de l’autre, et jusqu’où demander. »
Emmanuelle Lambert choisit la troisième personne du singulier pour son roman. Sa plume est vive et belle. Le ton est … original et réjouissant. A cette époque, on pouvait encore tout dire. Les échanges avec le grand auteur et sa femme sont savoureux. Le jeu est permanent. Les débuts de petite main à l’Institut sont loin…
Les personnages secondaires sont loin d’être anecdotiques. Ils rendent le récit aussi subtil que passionnant.
« Selon toute vraisemblance, son œuvre lui survivrait, toujours renouvelée, relue, nimbée de son importance dans l’histoire de la littérature ; et qu’à la différence de son œuvre, Robbe-Grillet, lui, était mortel. »
Portrait de la jeunesse et plus particulièrement des jeunes femmes d’une époque avant MeToo, Aucun respect est aussi drôle qu’impertinent. « La morale de l’histoire étant que les contes cruels n’ont, hélas, rien d’irréalistes. »
Aucun respect: je me suis demandé tout le long du livre de qui envers qui? Des puissants envers les subalternes? De la secrétaire envers son patron ? Des uns envers les autres tout du long, ça c'est certain !
Le ton est assez original et l'écriture est simple mais belle; De plus j'ai appris beaucoup sur Robbe-Grillet et je me suis passionnée pour certains personnages "secondaires".
Quelques longueurs concernant la vie de l'homme de lettres, ses travers notamment. Et j'aurais aimé que certains personnages soient plus approfondis mais on passe un moment de lecture plutôt plaisant.
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