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Les Kermanac'h, cinq frères célibataires et leur soeur Naïg, exploitent en commun la ferme léguée par leurs parents. Pendant l'Occupation, tandis que la jeune Naïg vit son premier amour avec un soldat allemand, la fratrie se divise. D'un côté il y a les pacifistes, de l'autre les partisans de la lutte armée dans des camps radicalement opposés : la Résistance et les milices nationalistes bretonnes que dirige le curé de la paroisse, collaborateur notoire.
A travers le destin d'une fratrie paysanne, Hervé Jaouen évoque la position des nationalistes bretons sous l'Occupation. Le roman que la Bretagne attendait depuis longtemps.
Avec habileté et en divers allers-retours dans le temps, Hervé Jaouen raconte le destin d'une fratrie dans les années de guerre. Bon, les sagas, ce n'est pas trop mon truc, mais lorsque c'est écrit par ce romancier, je prends. Malgré des longueurs évidentes, ce roman est intéressant à plus d'un titre. D'abord, comme à son habitude, Hervé Jaouen use d'une langue qui prend à tous les registres et qui est vive, jamais ennuyeuse ou pédante, jamais non plus racoleuse. Ensuite, à travers sa fratrie, il dresse le portrait de tous les gens de l'époque : ceux qui ont collaboré très activement, ceux qui ont résisté, ceux qui se sont contentés de vivre sans nuire aux uns ou aux autres et qui furent probablement la majorité des Français, celles qui ont aimé des Allemands et qui furent humiliées à la fin de la guerre. D'autres personnages s'invitent dans son roman, tel le curé, Suzanne la maîtresse de Corentin, l'un des frères Kermanac'h, la postière du village qui lit les courriers et informe la résistance, Momo le maquereau parisien venu se refaire la santé en Bretagne, et le plus marquant, un général allemand celtophile avéré, fin lettré, cruel, absolument détaché de la notion de vie humaine, décalé, drôle dans ses réparties tant elles sont dures, violentes et inattendues.
Et enfin, le plus présent dans ce roman, c'est la Bretagne, celle des Monts d'Arrée. Huelgoat et surtout Saint-Herbot. Les descriptions sont détaillées : paysages rudes et magnifiques, à tel point que l'envie d'y aller naît immanquablement, ainsi que celle de visiter la chapelle de Saint Herbot. Hervé Jaouen parle aussi d'histoire, et l'on apprend celle des milices nationalistes bretonnes, les bagadou stourm, mais aussi la vie difficile des Bretons de l'époque.
Comme d'habitude avec Hervé Jaouen, c'est l'assurance de passer d'excellents moments en Bretagne.
Un récit âpre, tendu, dans une Bretagne écrasée par la guerre. Les haines et les ressentiments personnels et familiaux en seront exacerbés. Un très très bon récit dont on ne ressort pas indemne.
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