De 1960 à 1981, du premier au dernier de mes enfants, j'avais de loin en loin brouillonné ce que suscitait en moi le cours quotidien de leur vie en propre enfantine. Et ce sera quarante ans et quelques après mes toutes premières façons que je me résoudrai à reprendre en entier ces ébauches afin de leur donner la forme, en toute fidélité, d'une suite en ordre intrinsèquement logique, une suite à laquelle, aussi logiquement, j'ai mis le point final ici d'un poème écrit, lui, en 2003.
Qu'avais-je ainsi pu prendre en note, en toutes ces années, au contact alors attentif de tant de nouvelle vie, entre naissance et prime jeunesse ? Il y avait là, au jour le jour, mais qui dit le jour dit aussi la nuit, il y avait là ce que je pouvais observer, comprendre, écouter, répondre, imaginer, il y avait là tout ce qui me semblait, pour moi comme pour eux, devoir grosso modo être mis noir sur blanc, il y avait là en somme une multiple parole en tout de circonstance intimement commune. Et cette parole, à s'en tenir en l'occurrence à la trop naturelle distribution des rôles familiaux, cette parole en une même personne était celle, en ce sens, indivisiblement du père, ici, mais de la mère aussi, mais aussi du frère, et bref, ce qu'elle disait, cette parole, était ainsi, élémentairement formulé, (p + m + fr) aternel.
ATERNEL : ce facteur commun se sera de lui-même, et presque d'emblée, imposé comme titre. (Texte de l'auteur)
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