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Arthus Bayard a perdu ses parents dans un accident d'avion lorsqu'il avait cinq ans. Depuis, Bérengère et Thibault Saint-Ange, amis de longue date des Bayard, l'élèvent comme leur fils. Ils ont aussi une fille, Lalie, du même âge qu'Arthus. Les parents étant absorbés par leurs affaires, les adolescents sont placés sous la responsabilité d'une gouvernante écossaise, Loreena, descendante éloignée de l'éminent scientifique Alexander Fleming, et d'un homme à tout faire froussard et maladroit, Tomaso.
Un dimanche matin, alors que la famille Saint-Ange se recueille sur la tombe de Paul et Clémence Bayard, une force mystérieuse s'empare d'Arthus : il se met à trembler de toutes parts. Lalie lui prend la main pour essayer de le calmer, mais se retrouve soudain transportée avec lui dans le Paris de 1912. De retour dans le présent, incrédules, les deux adolescents demandent l'aide de Loreena et Tomaso.
Hélas, quand le don hors du commun du garçon se manifeste à nouveau, les adultes sont également impuissants. Ils atterrissent ainsi tous les quatre au beau milieu d'un bal costumé du début du XXe siècle, entourés d'artistes de l'époque : Proust, Cocteau, Nijinski. Mais la fête tourne court lorsqu'Arthus découvre qu'elle est le théâtre d'une terrible machination. Très vite, nos héros sont entraînés dans une série d'aventures dont les surprises et rebondissements sont nombreux.
Au cours de leur lutte improvisée contre l'infâme Chronos, ils croisent la route de l'explosif Bonnot et du flegmatique Conan Doyle, qui leur apporte une aide plus qu'élémentaire. La petite bande file ensuite tambour battant et bien malgré elle dans des époques et des lieux différents, où Chronos attend Arthus de pied ferme pour l'ultime confrontation. Tomaso claque des dents, Lalie pique des colères, Loreena joue des pieds et des poings, et Arthus se rapproche du terrible secret qui l'entoure.
J'ai dû perdre mon âme d'enfant et je m'en rends compte en lisant ce roman d'aventures qui, s'il ne m'a pas déplu ne m'a pas vraiment scotché non plus. J'aime bien l'idée des voyages dans le temps, l'écriture de Laurent Bettoni est agréable et tient la route, légère, non sans humour, un brin de romance entre Arthus et Lalie et entre Loreena et Tomaso, juste ces à-côtés qui ferrent le lecteur (ça marche aussi dans les films, les séries télévisées depuis très longtemps ces flirts -ou plus si affinités- entre les héros ou entre les personnages secondaires, mais attention, jamais entre un héros et un rôle secondaire). Certaines scènes sont prévisibles comme Arthus jouant Great balls of fire de Jerry Lee Lewis au bal de la comtesse en 1912 (déjà vu dans Retour vers le futur, film qui parle à ceux de ma génération mais sans doute pas au public visé par ce livre) ; ce qui l'est moins et que j'ai trouvé très drôle (hilarant pourrais-je même dire ; non, non je ne dirai pas hallucinant comme il est d'usage en ce moment), c'est la danse de Nijinski sur cette musique et surtout le dialogue totalement décalé, imprévisible et incroyable entre Jean Cocteau et Marcel Proust, usant tous deux du langage des jeunes de maintenant importé par Lalie et Arthus. Savoureux quoiqu'un peu longuet (un extrait) :
"- C'est trop de la bombe ? demanda Cocteau à Lalie. Qu'entendez-vous par là ?
- Ben, que c'est de la balle, une tuerie, un truc de ouf, quoi, précisa Arthus.
- Entendez-vous cela, Marcel ? Ces jeunes gens manient une langue d'une inventivité extraordinaire.
- Oui, c'est vraiment drôle. [...], toutes ces expressions signifient-elles "c'est rudement bien" ou dans un registre plus populaire, "c'est rudement bath" ?- Oui, confirma Lalie, c'est bien ça.
- Et qu'est-ce qu'un "ouf" ? se renseigna Cocteau
- Un fou, en verlan
- Je comprends de moins en moins, mais j'adore.
- Le verlan, c'est quand on inverse les syllabes. [...]
- Délicieux, se réjouit Cocteau. Par exemple, "Marcel" et "Celmar".
- Ou "Jean" et "Anje", proposa Proust. Mon cher Jean, en verlan vous êtes un ange.
- C'est trop de la bombe, lança Cocteau dans un éclat de rire
- C'est de la balle, enchérit Proust." (p.73/74)
Il faut reconnaître du talent et de l'audace à Laurent Bettoni pour oser placer dans un roman destiné aux adolescents le trio ci-avant-cité : Celmar Proust, Anje Cocteau et Nijinski (pas de verlan pour lui absent du dialogue) ! Mais cet intermède n'empêche pas les méchants de sévir et Arthus et sa bande de vouloir les en empêcher. L'aventure est au coin des rues et dans les pages de ce roman que je vais m'empresser de déposer sur le chevet d'un jeune homme de ma connaissance qui devrait en faire bon usage et qui, je subodore, l'appréciera. Et mon petit doigt me dit que suite il devrait y avoir....
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