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Lieu : les égouts de Paris, très en profondeur. Personnages : Deux types avec casques et lampes, tenues d'égoutiers, bardas, sacoches, l'un arrive de la gauche, l'autre de la droite Azema, dit Eczéma. Un rêveur, un optimiste, une boule de malice et de bonne humeur. Peut-être un intello contrarié capable de s'adapter à tout. Il a une grosse tache sur le visage et une autre sur le bras. Passe son temps à se gratter et les démangeaisons s'accentuent en fonction de l'action. Bavard, sympathique, aime à susciter l'inquiétude. Père mineur en Alaska ayant abandonné sa famille. Mère prostituée. Pas d'attache. Arsène, surnommé Arsenic par ses collègues de boulot. Très grand, voûté, l'oeil clair, râleur. Le genre revenu de tout. Sens de la répartie aigre-douce. Bosseur, « pro », toujours syndicaliste mais grand déçu de la politique et des humains en général. Au fond pour lui il n'y a pas d'issue. On naît, on vit, on meurt dans un boyau. Pas de choix. « La vie est un long fleuve de merde ». Il est comme la plupart d'entre nous, incrédule, pragmatique, réaliste et pourtant il rêve d'autre chose, d'un ailleurs, différent. Marié, père de deux enfants qu'il ne voit plus, divorcé. Travaille depuis 30 ans dans les égouts. Passionné contrarié, Il se veut lucide, froid, cynique. Eczéma court dans les égouts... On entend comme un galop à sa poursuite... Il passe devant le 109, s'arrête un instant, le téléphone pend avec le même grésillement qu'au début de la pièce. Il finit par trouver l'échelle de sortie, grimpe, trébuche, tombe, se raccroche, continue de monter, soulève enfin la plaque d'égout donnant
Il fallait bien s’appeler Alain Cadéo pour me faire lire une pièce de théâtre. Si j’en ai beaucoup lu dans ma jeunesse, études de lettres obligent, il y a belle lurette que j’ai cessé. Les pièces, je préfère les regarder. Mais je n’ai pas résisté à ce petit livret, pièce en trois actes, dont le titre me posait question.
Me posait aussi question la photo de couverture dont j’avais bien du mal à comprendre le sens : une sorte d’œil au fond d’un tourbillon, ou d’un tunnel…allez savoir ! Et pour y voir plus clair, il m’a fallu ouvrir le livre et découvrir…deux personnages…Azema, appelé Eczéma, sans doute parce qu’il passe sa vie à se gratter, plutôt sympathique et rêveur. L’autre, Arsène, est surnommé Arsenic par ses collègues. Il est un rien râleur, genre grand déçu de la vie et des gens. Ces deux-là se retrouvent dans les égouts (le 109) – c’est leur métier – l’un pour réparer une fuite, l’autre pour régler un problème de bouchon. Le premier est ravi à l’idée de ne pas être seul, l’autre peu content de se voir affublé d’un comparse.
Nous sommes donc bien dans un tunnel et un troisième personnage semble se profiler… je n’en dirai pas plus. Qu’il s’agisse d’une pièce de théâtre, celle-ci est la première que je lis de l’auteur, ou de ses romans, que je connais bien, l’écriture est toujours aussi belle. Alain Cadéo est décidément un magicien des mots, mêlant avec bonheur poésie, humour et réflexions profondes. Car les mots, il sait en jouer, les assembler, les enrober d’éclats de lumière et de rire pour transformer les instants les plus sérieux en véritable plaisir. Là, il revisite le mythe du Minotaure, celui que l’on nourrissait de chair humaine et qui se plaint que "[Nos] offrandes ont désormais le goût du faisandé ou pire de la fadeur". Et à travers cette histoire qui débute de manière hilarante par des échanges d’une politesse quelque peu désuète il nous parle de peurs, nous invite à réfléchir à cette époque, la nôtre. N’est-elle pas en train de disparaître ? Et les dieux, qu’en feront-ils ?
Je ressors de ce labyrinthe, admirative du talent de l'auteur de faire de cette réflexion profonde sur notre devenir un moment aux accents jubilatoires.
https://memo-emoi.fr
Alain Cadéo nous livre une pièce de théâtre en trois actes pour revisiter le mythe du Minotaure, créature mi-homme mi-taureau, qu’il faut nourrir afin qu’elle reste tranquille.
Ses deux personnages :
ARSENE dit ARSENIC est râleur, désenchanté, fait des blagues à deux sous.
AZEMA dit Eczéma est un optimiste malicieux, aimant l’aventure (enfin pas trop loin de chez lui), son venin est un filet de vinaigre dans ses propos.
Clin d’œil de l’auteur, car l’arsenic soigne l’eczéma.
Ce sont deux égoutiers qui sont envoyés dans les boyaux de la ville pour résoudre le problème du 109.
Arsenic est envoyé pour la fuite du 109 et Eczéma pour le bouchon du 109.
Arsenic préfère travailler seul mais Eczéma, lui se réjouit d’avoir quelqu’un à qui parler.
Les égouts sont la lie de la société. Nos deux philosophes d’égouts vont nous interpeller sur la marche du monde.
Eczéma voit le verre à moitié plein, Arsenic le voit toujours à moitié vide.
A eux deux ils forment un tout.
D’emblée le prologue nous dit que notre monde n’est plus flamboyant, plus de goût pour le piquant, le relevé, non tout est « faisandé », âcre, fade.
Le décor est planté, les didascalies sont claires et donnent à voir, ces deux être qui sont là, sous terre, à cause du dysfonctionnement des têtes pensantes du haut.
La scène d’ouverture est grand-guignolesque, sur la courtoisie d’usage et nous livre des indications sur ces deux loufoques. Loufoques ? Le sont-ils ?
Les dialogues sont pimentés :
ECZEMA : « —Oh ça va l’agité ! On est pas aux pièces ! Tu vois, quoi que t’en dises, t’as le choix de pas faire du zèle. Y a personne ici, pour contrôler. Et puis tiens, tu peux même imaginer par exemple que tout pète « là-haut »… Et ben nous, là, sous terre, à soixante mètres, on s’en rendrait même pas compte… »
Nos deux compères ont résolu le problème du 109, reste à trouver la sortie.
ARSENE : « — Bon, t’arrêtes tes conneries, je panique pas du tout, j’en ai simplement plein le dos de supporter ton baratin. Ça me déconcentre. Dans ce dédale y faut être attentif. Si tu continues avec tes « élucubrations » c’est plus Eczéma qu’on va t’appeler, ce sera plutôt du genre « cul en feu » ! »
Une pièce de théâtre réussit ne se lit pas elle s’entend et se voit.
C’est le cas, je dirais même elle se sent, car parfois le lecteur se pince le nez à cause des remugles.
Nos deux personnages s’adressent à nous pour nous émouvoir, nous solliciter, nous invectiver et revendiquer. Car la vie est un vaste sujet, surtout si l’on aborde son sens à l’échelle individuelle mais aussi à l’échelle collective.
J’ai indubitablement pensé à Giono, philosophe des Grands chemins.
De l’explication très simple au labyrinthe des expériences, des motivations, des racines, le cheminement se fait comment ?
De ceux qui sont ancrés dans la terre à ceux qui sont des « mangeurs de vent » comment se positionner ?
En 50 pages Alain Cadéo nous amène sur le chemin de la réflexion par le rire, le burlesque.
Notre époque échappera-t-elle au retour des Dieux ?
A vous de le dire.
Alain Cadéo est un homme-orchestre de talent, ses instruments : les mots, en roman, essai, poésie et théâtre.
La couverture d’Isabelle Forno est juste merveilleuse, elle joue entre le visuel d’un labyrinthe et l’œil du Minotaure qui vous guette. Elle atteint son but.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/05/09/arsenic-et-eczema-alain-cadeo/
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