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2013. Deux ans après la « Révolution de Jasmin », la Tunisie est en proie à l'instabilité, incapable de se relever économiquement, avec un taux de chômage très élevé, particulièrement chez les jeunes, qui se sentent oubliés. Saif poursuit ses études à Tunis et s'inquiète pour Walid, son jeune frère qui est chez leurs parents, désoeuvré... Aziz travaille dans un centre d'appel pour pouvoir se présenter devant la famille de Meriem, sa fiancée qui poursuit, elle, de brillantes études en droit. Chayma, après avoir assisté à l'immolation d'un jeune homme de 27 ans, songe de plus en plus à partir en France. Tous, ils suivent avec passion les mouvements syndicaux et les appels de la rue qui se multiplient. La rue est en ébullition après l'assassinat du député de gauche Chokri Belaïd car le parti Ennahdha - le parti islamiste gagnant des élections - est accusé d'en être le responsable en ayant laissé prospérer les mouvements radicaux.
Lauréate du Prix de la Fondation Raymond Leblanc pour " Après le printemps ", Hélène Aldeguer signe une bande dessinée, témoignage de la jeunesse tunisienne en 2013, deux ans après la « Révolution de Jasmin ». Illustratrice pour la presse spécialisée sur le Moyen-Orient, elle utilise ici cette même approche du reportage.
" Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser. " (Abou El Kacem Chebbi)
Le 14 janvier 2011, après un mois de contestation sociale et d'affrontements, le président tunisien Ben Ali s'enfuit en Arabie Saoudite. Le gouvernement de transition s'enlise sous la multiplication des partis politiques.
Deux ans après, en 2013, la jeunesse tunisienne, pourtant principale actrice de la révolution, déchante face au chômage, à l'instabilité et au manque de perspective d'avenir.
Le lecteur suit l'histoire de quatre jeunes dans une Tunisie en proie à une instabilité grandissante. Si Saïf a fait le choix de poursuivre ses études à Tunis, Walid, son frère, participe aux manifestations dans le Kef.
p. 7 : " Toi t'es allé à la capitale et t'avais raison, ici il y a aucun avenir. Ils se sont bien foutus de nous. Où sont tous les emplois dont ils parlaient ? En fait, l'accord, c'était du vent... "
Dans l'espoir de rencontrer la famille de Meriem, Aziz se contente d'un emploi dans un centre d'appels. Mais il accepte mal la situation, d'autant plus que sa fiancée semble vouée à une grande carrière dans le droit.
Chayma, elle, envisage de quitter la Tunisie pour la France, dans l'espoir d'une vie meilleure.
Pour cette jeunesse tunisienne, l'horizon reste bouchée. La pauvreté, le chômage, la répression policière, les assassinats politiques et la radicalisation sont leur quotidien.
p. 70 : " Il a dû se faire manipuler par des gens. Je ne comprends pas, les policiers m'ont dit qu'ils empêchaient des centaines de jeunes de partir rejoindre des camps d'entraînement en Libye... ! "
C'est dans une tension maximale que le lecteur assiste à cette instabilité générale, dans un pays qui n'aspirait qu'au meilleur après la dictature de Ben Ali. La démocratie tant attendue n'est pas au rendez-vous, et, bien plus que frustrée, cette jeune génération exprime sa colère.
p. 86 : " Le front Populaire a appelé à la désobéissance civile, à la chute du gouvernement, à la dissolution de l'assemblée constituante, à la création d'un gouvernement de salut public, à la grève générale le jour de l'enterrement de Mohamed Brahmi... des manifestations ont éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Brahmi, où des centaines de personnes ont laissé éclater leur colère... avant de mettre le feu au siège local d'Ennahdha. "
Pourtant passionnée par le mouvement de soulèvement qu'a été le "printemps arabe" en 2010, j'ai trouvé l'album un peu confus dans son approche politique ; peut-être difficilement accessible pour le lecteur lambda ? Néanmoins, la chronologie des événements en fin d'œuvre apporte les précisions de repérage nécessaires.
Uniquement en noir et blanc, les illustrations ont un trait simple. Le noir y est même dominant, créant une atmosphère lourde et oppressante.
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