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« Je voulais comprendre comment Lorca Horowitz avait mis en place son plan d'anéantissement sans éveiller le moindre soupçon, et avait osé monter une à une, sans jamais reculer ni même hésiter, les marches qui la menaient droit à son crime. Je voulais comprendre pourquoi elle l'avait fait. Mais surtout en quoi cela me concernait, me touchait. Qu'avais-je à voir là-dedans ? »
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Cette semaine, nos deux explorateurs ont lu « Appelez-moi Lorca Horowitz » d’Anne Plantagenet (Stock)
La plume de Anne PLANTAGENET, je l'ai découverte et adoptée avec "Nation Pigalle", puis "Trois jours à Oran".
Quand j'ai repéré son dernier roman au rayon nouveautés de la Bibliothèque, je ne me suis pas posée de question, je l'ai pris et j'ai bien fait ! Ce fut un plaisir de retrouver la qualité de sa plume.
Les Perales, Architectes à Carmona en Andalousie, embauchent comme dactylo Lorca Horowitz, une femme "grassouillette et mal dans sa peau". Agée de 32 ans, elle est amoureuse depuis 12 ans d'un homme, Julian. Lorca Horowitz va faire progressivement sa place au sein de l'entreprise. Elle va aussi s'inviter dans la vie des Perales, prenant modèle sur la distinction, la classe et la féminité de Madame. Le mimétisme est troublant et quand Madame s'en offusquera, il sera peut-être déjà trop tard !
Thriller psychologique, ce roman présente toutes les caractéristiques du page-turner. A peine les premières lignes parcourues que le lecteur est déjà envoûté par le parcours de Lorca Horowitz, cette jeune femme mystérieuse à l'initiative d'une incroyable machination. Le supense est immense et le rythme haletant. Jusqu'où ira-t-elle ? Comment finira cette histoire ? Ce sont les questions auxquelles le lecteur a une furieuse envie de répondre.
Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus sur le scénario machiavélique qui constitue la substantifique moëlle de ce très bon roman, ça serait dommage de vous le dévoiler d'autant que je souhaite, avec ce billet, vous inciter à le lire !
Pour autant, je crois pouvoir vous en dire un peu plus sur ce qui m'a intéressée dans ce roman.
D'abord, ce sont les motivations d'une psychopathe. Comment en arrive-t-on à imaginer un scénario aussi complexe qu'effrayant ? Qu'est-ce-qui peut faire que l'esprit d'un être humain soit dévoyé à la destruction d'autrui ? Avec le personnage de Lorca, vous aurez une petite idée de ce que le sentiment d'abandon peut engendrer.
Ensuite, ce sont les moyens de défense de la victime. Comment partager ses soupçons ? Avec qui ? Comment formuler l'objet de ses psychoses ? Comment ne pas sombrer dans la folie alors que la paranoïa déploie ses griffes ?
Enfin, c'est la démarche de l'écrivaine qui dès le début du roman s'interroge sur son rapport à elle avec ce fait divers espagnol. Qu'est-ce qui peut déclencher chez l'écrivain cet intérêt irrépressible pour une affaire singulière ?
"[...] j'étais intimement convaincue que ce n'est pas l'auteur qui choisit le fait divers, mais le fait divers qui désigne l'auteur, arrive jusqu'à lui et vient le débusquer dans ses retranchements les plus solides, l'interpeller un jour où il ne s'y attend pas, pour une cause extrêmement impérieuse, qu'il ne peut identifier sur le moment mais qui constitue le déclenchement de sa quête et la réactivation de son désir." P. 11
Pour terminer, Anne PLANTAGENET pèse le poids des mots, et moi, là, j'avoue être d'une très grande sensibilité :
"Il faut faire attention aux mots qu'on emploie, ce n'est pas n'importe quoi les mots, on ne joue avec que si on en a les moyens, la parfaite maîtrise du langage [...]." P. 67
Ce roman, je vous le conseille absolument !
Début des années 2000. Lorca Horowitz est une jeune dactylo boulotte et mal dans sa peau engagée par un couple d’architectes de renommée à Carmona en Espagne. Elle rêve d’être riche et belle, elle va alors tout mettre en œuvre pour tromper ses patrons, dévaster leur existence, son plan mis en place au détail près, préparé avec minutie fait froid dans le dos ; elle détourne de l’argent pour mener un train de vie. Belle et grande aventure d’une secrétaire qui part dans un délire diabolique, comment cette femme qui devient une séductrice a-t-elle su et pu manipuler des êtres de cette manière et mettre en place un tel plan d’anéantissement sans jamais renoncer, c’est ce que vous saurez en lisant ce fabuleux thriller psychologique signé par une auteure de talent. Encore un coup de cœur pour cette rentrée littéraire 2016.
Ce roman est original. On suit les voix de l’auteur et du personnage qu’elle a choisi Lorca Horowitz. Lorca est une secrétaire dans un riche cabinet espagnol d’architecte dirigé par les Pereire. Cette femme qui est au cœur d’un fait divers fascine l’auteur et lui permet de s’interroger sur sa vie en parallèle au récit de cette affaire.
La narration qui mêle la fois le « je » de l’auteur et les pensées confuses, revendicatives de la secrétaire provoque un décalage de voix qui est intéressant. L’auteur nous parle de ses pensées intimes, de son rapport à l’amour, l’Espagne. Elle cherche à comprendre pourquoi elle a été fascinée par cette femme, pourquoi elle éprouve de l’empathie pour elle au lieu de l’empathie pour ses riches patrons. Le roman est aussi le récit d’une transformation totale, d’une usurpation d’identité, de place puisque la secrétaire se met peu à peu à singer sa riche patronne jusque dans les moindres détails. Le récit de son malaise, de sa vie difficile, de son amour obsessionnel pour Julian sont bien décrits. J’ai aimé cette plongée dans l’intimité de l’auteur et de son double que devient peu à peu Lorca.
C’est avant tout un roman sur la psychologie et les ressorts de cette femme, par sur le fait divers en lui-même mais sur des détails pour les enquêteurs qui interpellent l’auteur. J’ai apprécié cette mise en abîme, cette quête et la réflexion introspective de l’auteur sur sa propre vie. Par moment, la narration de Lorca est difficile à suivre mais comme l’auteur on veut comprendre pas par voyeurisme mais à cause de la singularité des actions de Lorca pendant plusieurs années. Lorca devient peu à peu un personnage de fiction mais qui a de l’épaisseur au fil du texte de petite secrétaire insipide à la une des journaux espagnols. Peu à peu on s’éloigne du pourquoi, elle a fait ça et la réussite de l’auteur est de maintenir un cap, un rythme vers la découverte de ce personnage. On cherche plus comme elle à la comprendre et ses réelles motivations passent au second plan. La réflexion sur l’écriture, la transformation de la réalité par un écrivain, ses mécanismes sont fascinants.
Donc poursuivez l’enquête et rentrez dans la tête d’une auteur, de ses doutes, du matériel de l’écrivain avec le personnage de Lorca.
Anne Plantagenet nous raconte l’histoire de cette secrétaire espagnole qui avait envie de ressembler à sa patronne pour simplement enfin exister après un vécu terne et sans intérêt. Dès le début de ce roman l’auteur arrive à nous plonger dans ce monde de l’usurpation de personnalité, à la construction de cette nouvelle personnalité et jusqu’à la dernière page on peut voir la transformation s’accomplir avec minutie de la part de Lorca Horowitz.
L’auteur a choisi de construire son roman en alternant les chapitres sur ce fait divers et des chapitres sur ses réflexions existentielles.
Dès les premières pages de ce roman, j’ai été happée par ce fait divers d’usurpation mais également émue par le témoignage de l’auteur sur son ressenti vis-à-vis de sa vie, sur ce besoin de mouvement, de renouvellement. L'écriture est vive et m’a tenu en haleine jusqu’à la fin.
J’ai aimé cette atmosphère oppressante, on imagine et on voit bien la construction par Lorca Horowitz d’un plan macabre pour s’emparer d’une autre vie que la sienne.
Peut-être un petit bémol sur la fin que j’ai trouvé un peu « bâclée » et la disparition soudaine du témoignage de l’auteur m’a laissée sur « ma faim ».
La narratrice, interpellée par un fait divers survenu en 2013, en Espagne, part à la recherche de Lorca Horowitz, personnalité auteur de l’affaire en question.
Chacun des personnages entre dans le roman en alternance, la narratrice s’inspirant de Lorca pour rechercher son identité, se construire un personnage, par envie ou par curiosité, pour trouver les clés d’une transformation ?
Elle rapproche sa curiosité presque ambigüe à celle d’Emmanuel Carrère lorsqu’il écrivait sur l’affaire Romand, cet homme qui avait une double vie, les documents qu’il avait stockés, laissés puis repris. (Réflexion que je ne partage pas !)
« Appelez-moi Lorca Horowitz », parce qu’elle est une référence, un modèle de femme et de courage, de déséquilibre ?
Lorca, embauchée par Rocio Perales, épouse de Eduardo Perales, au sein de leur prestigieux cabinet d’architectes, est une de ces jeunes femmes que l’on ne remarque pas – ou plutôt, si – parce que son physique ne s’inscrit pas dans les codes des icônes de la mode, et le modèle social très éloigné de celui des Perales « beaux, riches, bien habillés, minces, amoureux, admirés… ». Lorca découvre la gentillesse, la protection, des sentiments nouveaux pour elle, presque suspects… mais non, ses collègues la rassurent, « pas de loup dans le placard ». Non, simplement ses attitudes avec des femmes simples permettent à Rocio d’asseoir sa suprématie de femme fatale, d’épouse et de mère parfaites, d’affirmer son rang social, ces choses qui doivent forcément éloigner tout risque de rivalité.
Lorca parle de son mari, Julian, thanatopracteur, qui rend les corps morts comme de beaux vivants endormis, un sujet ténébreux qui distille un peu d’étrange dans ce milieu professionnel où tout est si lisse, et qui d’une certaine façon, la met déjà dans une position différente. Qui est vraiment Lorca ?
Le comportement pathologique, pervers, de Lorca et de la narratrice révèlent les mêmes manques, les mêmes fragilités, elles créent et évoluent dans une atmosphère malsaine, de mensonges. Le thème de l’usurpation d’identité tient une place importante dans ce roman.
Je ne dirai pas que l’histoire ne m’a pas intéressée, mais j’ai cherché moi aussi de quelle façon j’allais entrer dans ce livre, malgré des chapitres courts, une écriture aisée. Autant j’avais de la sympathie pour le personnage de Lorca, autant celui de la narratrice me laissait indifférente, réduisant ainsi le plaisir de la lecture.
Toutefois, n’étant pas grande adepte des polars, ce roman ayant quelques similitudes, mon avis est sans doute à nuancer.
Roman double et peut être aussi roman trouble, « Appelez-moi Lorca Horowitz » est une histoire de manipulation qui interroge le lecteur.
La narratrice - ou l’auteur ?- est interpellée par un fait divers survenu en Espagne dans les années 2000. Lorca Horowitz est la secrétaire falote de Rocio Perales et de son mari, un couple d’architecte qui vit en Andalousie. Un mariage heureux, parents de trois enfants superbes, une entreprise prospère et une vie de classe plutôt supérieure, voilà un couple à qui tout réussi, mais qui a failli tout perdre suite au machiavélisme manipulateur de leur secrétaire. Voilà un contexte de départ pour le moins banal.
Lorca est une jeune femme pas vraiment sexy, plutôt fade, mariée et heureuse en ménage. Exactement ce qu’il faut pour être embauchée par une patronne suspicieuse qui ne veut pas qu’on lui fasse de l’ombre ni prendre le risque de perdre son mari. Faisant preuve d’un peu trop de mansuétude, elle va aider Lorca, puis rapidement se laisser envahir, par cette femme qu’elle retrouve dans ses pas à tout moment, qui va calquer sa vie sur la sienne. Rocio se rend compte de la manipulation, pourtant il lui est très difficile de se faire entendre.
Lorca est un être double, qui cherche à devenir autre, pour fuir une réalité qui ne la satisfait plus, pour oublier son chagrin, pour se prouver qu’elle peut y arriver. Ou simplement parce que tout a été si facile, au-delà de ses espérances, au-delà même de tout ce qu’elle avait imaginé au départ, des petites embrouilles aux malversations plus importantes il n’y a eu qu’un pas. Lorca si diabolique qui pourtant garde des traces de son passé, bien enfermée dans une boite, comme pour prouver, y compris à elle-même, qu’elle est devenue autre, et qu’elle a été aussi une autre.
La narratrice, elle-même en perte de repère, ressent une attirance malsaine pour ce personnage. Son récit alterne avec régularité avec celui de Lorca. Bien écrit en chapitre courts et rythmés, c’est un roman qui se lit avec plaisir. Si j’ai trouvé l’intrigue intéressante, j’ai préféré les pages qui me permettaient de retrouver Lorca, sa transformation, ses sentiments, au détriment de celles de la narratrice.
Une narratrice fascinée par un fait divers et une manipulatrice alternent leurs histoires dans ce roman double (roman "du double"), troublant et fascinant !
Qui était Lorca Horowitz ? Elle n'est pas seulement une secrétaire un peu ronde et mal fringuée qui se transforme en une femme séduisante par mimétisme avec sa patronne, image d'une réussite sociale et familiale. Faut-il chercher plus loin, dans ses névroses, dans une psychologie retorse, ce double-jeu, cette mythomanie qu'elle affiche ? Et si, au-delà d'une pathologie du mensonge et de l'usurpation d'identité, il y avait une grande détresse émotionnelle et amoureuse, une sorte de jalousie devant une vie rêvée, fantasmée ?
La narratrice, écrivain qui anime des ateliers d'écriture sur les faits divers, fascinée par ce personnage pervers (pour lequel le lecteur se surprend lui-aussi à ressentir de la sympathie ou au moins de la compassion), révèle ses propres questionnements identitaires, interroge son "moi" et dissèque ses propres ambitions et ses échecs, si bien que les deux personnages semblent parfois se confondre, la narration devenant plus ambiguë, plus troublante encore...Le roman joue de manière très habile sur le voyeurisme, celui de la narratrice mais aussi celui du lecteur, spectateur volontaire se régalant d'une machination presque "chabrolienne" (les références littéraires d'ailleurs ne manquent pas dans le texte, de L'adversaire d'Emmanuel Carrère aux Bonnes de Jean Genet).
Appelez-moi Lorca Horowitz est un roman brillant, hypnotique, servi par une plume précise et virtuose qui enchaîne le lecteur dans une intrigue machiavélique où sont explorées toutes les failles de l'âme humaine : psychose paranoïaque, schizophrénie, mythomanie...
A partir d'un fait divers repéré dans la presse, la narratrice se met en quête de l'histoire de Lorca Horowitz, dont on apprend qu'elle a détruit la vie de ses patrons (mais sans savoir exactement pourquoi et comment).
Malgré une narration à deux voix et une révélation progressive de ce qui s'est réellement passé, ainsi que ce qui motivait Lorca, l'asymétrie entre les deux narrateurs (les passages rédigés par Lorca étant beaucoup plus intéressants à mon sens) donne quelque déséquilibre au texte. Le suspense est réellement entretenu mais j'ai refermé le livre avec un sentiment un peu mitigé.
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