Dans ses « Aphoricubes fourrés au haïcumin », Michel Bellin entend honorer la cuisine dite minimaliste. On en connaît le principe : petites portions, récipients exigus, matières premières basiques, etc. L'auteur s'en tient donc aux 26 lettres de l'alphabet qu'il décline en aphorismes élémentaires. Depuis A comme Âme jusqu'à Z comme Zob, en passant par Chat, Fnac, Jésus, Lucidité, Nostalgie, Séparation, Shoah, Tatouage, Télé, Tsunami... ou l'art du savoir-survivre en 180 recettes express. Ensuite, dans «Mes recettes secrètes», voici la question abordée : quel est le potentiel érogène d'une langue ? Pas l'organe, la Littérature ! En obsédé textuel roué et avec moult exemples à l'appui (tous tirés de Au jardin d'Eden, son recueil érotique-phare), notre maître-queux démontre plaisamment que rien n'est plus sexy qu'une hyperbole, plus troublant qu'un calligramme, plus immodeste qu'un oxymore ou qu'un vers blanc, et tutti quanti. Décidément très en verve, M. le Professeur confronte ses citations coquines aux modèles qu'il vénère : Proust, La Fontaine, Racine, Genet, Saint-John Perse, etc. En aussi bonne compagnie, le lecteur aura compris qu'il ne va pas subir un cours de fac ennuyeux mais s'initier à une stylistique très particulière, bien peu universitaire, pas vraiment mélancolique et 100% gourmande. Maintenant, assez causé, les mots vont refroidir. Vite sur la page ! Et bon appétit.
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