Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
- Quand ils se rencontrent à Barcelone en 1925, Antonio et Isabel rêvent d'une vie libre et neuve, à l'image des utopies de l'époque. Révolutionnaire dans l'âme, Antonio met tous ses espoirs dans la République espagnole naissante. En prenant les armes en 1936, il est entraîné dans le tourbillon de l'Histoire : il participe à la célèbre bataille de l'Ebre, connaît le maquis et les camps de Mauthausen, avant de retrouver son amour, Isabel, en France. D'une nouvelle nation, naissent de nouveaux noms : Antoine et Isabelle.
- Né à Gap en 1962, Vincent Borel est journaliste à Paris et collabore à France Musique ainsi qu'à diverses publications musicales. Dans Antoine et Isabelle, son sixième roman, il raconte l'épopée de son grand-père.
Vincent BOREL profite d'un séjour en Jamaïque, invité par le patron de presse Michel Ferlié. Lors d'une soirée plutôt arrosée, il est pris à partie par Florian, un jeune branché parisien, futur animateur-télé. Porté par l'inconscience de sa jeunesse et un brin de crânerie, le jeune homme nie avec véhémence l'existence des chambres à gaz face à un Vincent BOREL excédé par de tels propos. Il sait bien que les chambres à gaz ont existé, lui qui y accompagnait son grand-père lors de son pèlerinage annuel à Mauthausen. Un grand-père qui s'activait pour perpétuer la mémoire des horreurs des camps de concentration et dont la seule crainte était qu'un jour le monde oublie.
Alors, pour apporter sa pierre à l'édifice et laisser son propre témoignage, Vincent BOREL décide de raconter ses grands-parents, Antonio le catalan et Isabel l'andalouse, leurs rêves, leurs idéaux, leurs combats, leurs guerres. Entre l'enfance marquée par la pauvreté à l'exil forcé en France, il y a eu l'espoir d'une vie meilleure, d'une société plus juste, l'engagement républicain, la guerre civile, la défaite. En France, ce sera les camps, la résistance et pour Antonio, le communiste, la déportation. La guerre terminée, Antonio, devenu Antoine, parcourras son département pour apporter son témoignage au sujets des camps.
Michel Ferlié, l'hôte de Vincent Borel, est quant à lui issu d'une grande famille d'industriels lyonnais: les Gillet. Ils ont bâti leur fortune sur le textile, la chimie, les relations et l'opportunisme. Cynisme et sens des affaires, coups bas et retournements de veste, les Gillet ont su tourner à leur avantage aussi bien la crise de 1929 que des deux conflits mondiaux.
Petite-fille d'un républicain espagnol, je suis toujours très touchée quand je lis sur le sujet de la guerre d'Espagne. En découvrant la vie d'Antonio, j'ai bien sûr pensé à mon grand-père. Chaque histoire de vie est différente mais j'ai reconnu un parcours assez similaire. Comme Antonio, mon grand-père s'est engagé très jeune aux côtés des républicains. Il a connu la guerre civile, les combats, la bataille de l'Ebre et bien sûr la Retirada. Comme lui, il s'est retrouvé dans les Alpes, dans un camp dont il s'est enfui pour lutter contre le nazisme...
Pourtant, malgré une histoire familiale si proche de la mienne, rien ne m'a émue dans l'écriture de Vincent BOREL. Sans doute pour rester au plus proche de la vérité historique et éviter le pathos, il a mis de la distance entre lui et ses personnages et du coup ils sont peu attachants. Ils traversent les évènements sans qu'on ressente de l'empathie et c'est bien dommage.
De plus, il a choisi d'alterner les chapitres de la vie d'Antonio et d'Isabelle avec celle des Gillet. Je n'ai pas compris pourquoi. Jamais les deux familles ne se rencontrent et le lien entre elles est ténu. Et puis, j'avoue que ces chapitres m'ont moins intéressée.
Côté émotions, BOREL se rattrape sur la fin. Laissant la parole à son grand-père, il retranscrit les textes écrits par Antonio sur son expérience à Mauthausen. Sans prétention littéraire, comme il le dit lui-même, le républicain espagnol livre un témoignage poignant, sans concessions et sans souci d'édulcorer l'horreur, sur ce qu'ont du subir les prisonniers des camps.
Mon avis est donc mitigé mais je pense qu'il faut lire Antoine et Isabelle pour en apprendre plus sur notre histoire récente mais sans en attendre le souffle romanesque qui fait d'un bon livre un grand livre.
Une belle histoire humaine qui permet d'approcher le franquisme et ses conséquences.
L’Allemagne nazie concentre logiquement l’attention, singulièrement celle des romanciers ces dernières années et fait oublier d’autres tragédies du siècle passé. C’est un premier mérite du roman que d’animer le souvenir de l’une d’elles : la guerre civile espagnole, en hors d’œuvres sanglants de l’affrontement des idéologies. "Fronte popular" contre révolution nationale, socialisme international versus fascisme nationaliste… La restitution historique passe naturellement par le croisement de deux destinées, celles d’Antonio et d’Isabel dont les familles ont fui la misère à la campagne pour rejoindre les rangs du prolétariat à la ville – Barcelone, capitale d’une Catalogne en pleine mutation économique. La restitution passe aussi – et c’est une belle originalité du livre – par la sage de la famille lyonnaise des Gillet, chefs de file d’un capitalisme familial sans frontières que les guerres enrichissent plus qu’elles n'effarouchent. Ils ne sont pas faits pour se rencontrer mais, chacun à un bout de l’échelle sociale ils illustrent le double fracas historique des nations et des classes.
Les grands-parents de l’auteur ont été de ces espagnols républicains réfugiés en France où, génération maudite, ils croisent une seconde fureur, nazie celle-là : ne cédant rien, le grand-père s’engage dans la Résistance, fait prisonnier il est interné au camp de Mauthausen auquel il survit. Les deux époux sont naturalisés français en 49. C’est un hommage que leur rend leur petit-fils écrivain, il le fait dans la générosité d'une langue classique dont, j’imagine, la pudeur a réfréné l’envolée. “Antoine et Isabelle” est moins un roman épique qu’un témoignage chargé d’émotion. Le lecteur que je suis, moins "à fleur de peau" que l’auteur, se permet de le regretter.
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