80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
«A` l'e´poque ou` il lut le manuscrit d'Hector, Albert Camus e´tait aux prises avec l'une de ses oeuvres majeures: L'Homme re´volte´. Peut-e^tre que mon roman, qui sentait le soufre, lui sembla e´pouser la ligne qu'il de´veloppait tout au long de ce vaste essai. Il y retrouvait non seulement le train-train d'une Alge´rie coloniale ignorant son destin, mais, a` travers ce semblant d'innocence, le malaise inspire´ par de jeunes voyous qu'une sorte de fatalite´, sous la splendeur des nuages et des roseaux dansant leur pavane, conduirait a` trancher les mains a` un pianiste avant de le de´biter en morceaux. L'horreur de l'acte, la splendeur du de´cor et du Temps bondissant de seconde en seconde, tout cela e´tait donne´ a` la fois. Les personnages n'en avaient aucune conscience. Cette conscience e´tait de´volue a` l'auteur qui, a` un moment, s'identifiant a` Dieu, s'e´criait : «Quelle faute monstrueuse que la Cre´ation !» Il s'agissait, alors, pour Dieu, de barrer d'un trait de plume les lois re´gissant cette cre´ation: sur la jete´e du port de Musturaga, mes deux he´ros se fondaient en une entite´ unique, qui abolissait toute dimension, toute limite, toute loi. La Terre e´clatait. »
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