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A quelles conditions une femme peut-elle entrer en contact avec autrui, en particulier s'il s'agit d'un homme, que ce contact se fasse par l'intermédiaire du toucher, de la vue, de l'odorat ou de l'ouïe ? Cette question hante la littérature religieuse de l'islâm depuis au moins le IXe siècle. Une étonnante permanence caractérise ce domaine - les mêmes thèmes sont inlassablement brassés et les mêmes interprétations ressassées. Et invariablement, la même réponse est apportée - c'est le hijâb. Il s'agit moins d'un objet que d'une institution, qui recouvre un ensemble de prescriptions et d'interdictions, ayant trait aussi bien à la tenue vestimentaire, aux parfums, aux bijoux, aux chaussures, qu'aux usages de la voix, des yeux et de tout le corps. Ce code, patiemment tissé par toutes sortes d'interprètes, constitue une police globale des sens, dans laquelle la dimension scopique est cependant privilégiée. On tente ici de le décortiquer et de l'analyser. Il ressort très vite qu'il repose sur la croyance que tout contact entre les deux sexes, même par le regard ou l'ouïe, est assimilable à l'union sexuelle, paradigme dangereux et pour cela prohibé. Il est condamnable de se délecter à la vue de la femme sur laquelle on n'a pas de droits, ni d'éprouver du plaisir à lui serrer la main. Comme il est condamnable de jouir d'elle sexuellement. C'est pour cela que, pour entrer dans les arcanes de ce discours, la notion de zinâ est incontournable. Or le zinâ désigne non seulement tout rapport sexuel extramatrimonial, mais aussi et surtout l'inceste. Dès lors il apparaît que, derrière le hijâb et la politique du corps qu'il implique, se profilent l'interdit de l'inceste et la logique qui en découle. Partant, le ritualisme exacerbé qui fait ravage aujourd'hui dans le monde islamisé peut s'éclairer.
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