Janvier 1200. Aliénor d'Aquitaine, deux fois reine et mère de deux rois, fait son entrée dans la cité de Palencia. Elle vient quérir, au lointain royaume de Castille, l'héritière du trône de France. Un mariage censé sceller une trêve dans la guerre que se livrent Capétiens et Plantagenêts : Urraca, l'aînée de ses petites-filles, épousera Louis le Capétien, fils du roi Philippe Auguste. Mais, défiant l'évidence, Aliénor porte son choix sur la cadette, la rêveuse et profonde Blanca.
Bravant l'hiver finissant, Aliénor va ramener avec elle la jeune fille. Ensemble, elles traversent les Pyrénées pour rejoindre Bordeaux : un aventureux périple de deux mois, durant lequel la grande reine et la jeune infante apprendront peu à peu à se connaître. Un voyage qui accordera une dernière étincelle d'espérance à la vieille reine, et forgera les convictions et le caractère de celle qui deviendra Blanche de Castille, mère de Louis IX, futur Saint Louis...
Suivant le fil de l'Histoire et rebrodant, avec une grande sensibilité, ce que la tapisserie du temps a estompé, Marie-Noëlle Demay raconte, d'avril 1199 à avril 1200, cette année cruciale dans la vie d'Aliénor d'Aquitaine. Mère, amoureuse, stratège, guerrière, visionnaire : une femme hors du commun, magnifiquement contemporaine.
D’Aliénor d’Aquitaine, j’avais souvenance de la reine flamboyante, amoureuse et cultivée. Elle aimait particulièrement la fin amor, amour courtois chanté par les troubadours de son Aquitaine natale.
Le roman biographique que lui consacre Marie-Noelle Demay nous révèle une reine âgée - elle a 75 ans, ce qui est un exploit pour l’époque ! – qui se confie sur les évènements marquants de sa vie durant le long voyage qu’elle entreprend en l’an de grâce 1200 alors qu’elle vient de perdre son fil préféré, Richard cœur de Lion. Elle va traverser les Pyrénées et chevaucher en plein hiver avec sa petite fille Blanca qu’elle est allée chercher en Castille pour la ramener à Bordeaux. La jeune infante rejoindra ensuite la cour de France pour y épouser Louis le capétien. Cette union, c’est l’idée d’Aliénor afin de mettre fin aux discordes et luttes entre Plantagenets et Capétiens. C’est l’occasion aussi pour l’autrice de nous montrer que cette deux fois reine avait un talent incontestable pour les affaires politiques.
Le contraste est saisissant entre la vieille reine qui s’est retirée dans son abbaye de Fontevrault et la jeune et insouciante Blanche qui sera choisie par son aïeule à la place de sa sœur aînée pour épouser le dauphin.
Ce long voyage sera propice aux discussions et à l’évocation des souvenirs, ainsi Aliénor va-t-elle initier à son futur rôle de reine la jeune infante qui découvrira ainsi l’attachement profond de la reine pour son fils Richard cœur de lion, mort sous les murs d’une citadelle assiégée. On découvrira aussi l’aventure des croisades auxquelles participa Aliénor et sa complicité amoureuse avec Raymond de Poitiers prince d’Antioche.
J’ai aimé le parti pris de Marie-Noëlle Demay de nous décrire une Aliénor humaine, généreuse et intrépide alors qu’on l’a souvent décrite comme une reine infidèle et dévergondée, lui prêtant une liaison avec son oncle Raymond de Poitiers. Rien n’est jamais venu corroborer cette hypothèse et j’apprécie que l’autrice nous montre le courage et la ténacité de cette femme incroyable qui a œuvré pour la paix tout en subissant le pouvoir des hommes. Elle a tout de même pris l’initiative de faire annuler son mariage avec Louis VII, puis épousé Henri Plantagenêt qui, grâce à cette alliance sera sacré roi d’Angleterre sous le nom de Henri II.
Duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitiers à la mort de son père, elle restera toujours fidèle à son Aquitaine natale lorsqu’elle deviendra reine des francs en épousant Louis VII et reine d’Angleterre après son mariage avec Henri II.
Tout en mêlant fiction et histoire, Marie-Noëlle Demay a su merveilleusement nous faire cheminer aux côtés de la reine au soir de sa vie et de la future reine Blanche de Castille. C’est un roman profondément humain qui raconte le destin prodigieux d’une femme de caractère que la vie a malmenée mais qui est toujours restée digne et droite. C’était aussi une femme érudite et qui aimait les arts. Á l’Abbaye de Fontevrault où elle est enterrée, on peut voir son gisant tenant un livre entre ses mains.
1199: la grande Aliénor d’Aquitaine traverse les Pyrénées pour se rendre en Castille choisir la future épouse du futur roi de France.
Alors que tout porte à croire que c’est à Uracca de devenir cette future reine de France et contre toute attente, Aliénor choisit Blanche , la petite sœur.
Marie-Noëlle Demay réussit avec brio à nous faire traverser les Pyrénées aux côtés de ces deux grandes reines. J’ai vraiment cru qu’Aliénor et Blanche se confiaient à moi en me racontant leurs souvenirs. C’est comme si elles s’étaient épanchées sur mon épaule.
Ce roman m’a aussi permis d’en apprendre un peu plus sur Richard coeur de Lion et sur Aliénor ( même si j’en savais déjà une bonne partie). Et surtout, cela m’a permis de découvrir Blanche de Castille que je connaissais juste comme mère du roi Louis IX.
J’avoue aussi que j’ai adoré ce livre, également parce qu’il m’a permis de revoyager sur les chemins de St Jacques de Compostelle. C’était merveilleux.
Un grand merci à #NetGalleyFrance et aux éditions cités de la presse pour l’acceptation de lecture.
Intéressante manière d’explorer la vie de celle qui fut aussi bien reine d’Angleterre que de France, au XIIème siècle, au cours du voyage qu’elle fit d’Espagne à Bordeaux, avec sa future bru, et non moins célèbre Blanche de Castille. Un face à face et une narration alternée entre cette toute jeune fille qu’Aliénor choisira finalement, aux dépens de sa sœur aînée Urraca. C’est cruel, comme le fut cette époque, où les jeunes filles n’étaient considérées que comme futures reproductrices.
Découvrant l’histoire à travers les livres, j’ai aimé l’écriture, qui semble vraiment raccord avec l’époque, ce moyen-âge des troubadours et ménestrels. Par moments c’est désuet mais la description de cette reine dont on loua le caractère affirmé était plutôt moderne pour l’époque. J’ai aimé lire cette bio édulcorée qui nous montre une Aliénor d’Aquitaine pleine de bons sentiments et attachante, loin des croisades. L’amour qu’elle portât à ce fils préféré, célèbre Richard cœur de Lion, est bien décrit, aussi bien que le mépris qu’elle avait pour ses autres enfants, et cette ombre au tableau idyllique apporte une touche plus proche sans doute de ce que fut cette femme en cette période sombre de l’histoire.
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