"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Hannah n'est pas un chien comme les autres, c'est le clone d'une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu'on découvre au matin des animaux massacrés, et qu'elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d'un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif, la plupart du temps fantomatique. Jamais l'assaillant n'est clairement nommé, jamais la cible n'est clairement identifiée. Fauvel sait être une proie, mais de qui ? Dans le village, un groupe de chasseurs, tous ouvriers ou anciens ouvriers de l'usine d'eau minérale, peu loquaces et mal lotis par la vie, font naître les fantasmes, tantôt sexuels, tantôt horrifiques. Et plus particulièrement chez Fauvel, coupée du monde par sa conscience éparpillée, et chez Mitch, un jeune sociologue qui enquête sur les récits d'enlèvements par les extraterrestres, nombreux dans la région, surtout chez les anciens ouvriers de l'usine.
Au fil d'une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d'animalité et de violence. À travers la proximité, voire l'amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l'instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force.
Mais qui est vraiment Fauvel, cette jeune femme plutôt paumée qui fuit la ville ?
« …elle a eu hâte d'être arrachée à la ville et à la violence qu'elle y flairait partout. Elle s'y sentait traquée. »
Pourtant, dans cette campagne sauvage et hivernale où elle débarque, il se passe des choses étranges. Tout d'abord cette chienne, Hannah, qu'elle doit garder dans une maison isolée pendant l'absence du propriétaire. La chienne, qui a été clonée, semble bizarre, elle est crainte et détestée par les habitants qui l'accusent de tuer le bétail.
Dans les forêts alentour règnent des chasseurs plutôt antipathiques qui traquent un animal sauvage, ours ou loup, on ne sait pas top, responsable de prédations sanglantes. On s'épie, se poursuit, dans un brouillard glauque et inquiétant.
Loin d'une enquête policière dans une campagne hostile, « Aliène » questionne la nature sauvage ainsi que le rapport à l'autre. Plusieurs des personnages sont déjantés, à commencer par Fauvel. Elle a perdu un oeil dans une manif et, depuis, sa vision du monde semble altérée. Ou bien ce sont les substances psychotropes dont elle abuse qui lui font perdre le sens de la réalité. Elle engage une relation particulière avec cette nature sauvage et hostile, et c'est comme une dissociation de personnalité.
« Sa marche est patiente. Elle élabore des hypothèses dans le paysage de ses rêves, elle se donne la capacité de se défaire dans le songe, de se résoudre dans l'expiration comme l'inspiration l'a dissoute. »
A chaque page la peur rampe, et on attend le drame en frissonnant. L'écriture, acérée, violente et crue ne fait pas dans la dentelle. L'auteure appelle un chat un chat et tant pis si ça dérange (ou tant mieux ?) Tout cela crée une ambiance malsaine, et j'ai eu du mal à suivre l'intrigue qui nous mène dans plusieurs directions à la fois, nous perdant dans des histoires de Télé réalité, de baises, d'extras terrestres, de défense animale et d'addiction auxquels s'ajoutent les rêves hallucinés de Fauvel. Il y a aussi une part de fantastique avec des forces obscure et le mythe des chasses sauvages.
Si j'ai trouvé que le roman partait un peu trop dans tous les sens, je me suis attachée au personnage de Fauvel, à sa souffrance, à ses difficultés dans ses rapports aux autres.
L'écriture, originale et puissante, contribue à l'ambiance sombre et angoissante.
Roman dérangeant et intrigant d'une jeune auteure à suivre.
Je n'ai pas spécialement apprécié ce livre mais j'ai voulu aller jusqu'au bout de l'histoire. Qu'en ai je compris ? peut-être une révolte contre les dérives de la société. Plusieurs thèmes sont abordés : clone, gilets jaunes, écologie, sexe et drogue. Tout cela dans une atmosphère glauque.
Je surveillerai cependant l'auteur. L'originalité de son texte est à découvrir.
Le jury du cinquantième prix du Livre Inter, présidé par Isabelle Huppert vient de couronner Phoebe Hadjimarkos Clarke pour son second roman Aliène.
De quoi redonner un nouvel éclairage à ce formidable roman, puissant et dérangeant, qui était paru en janvier 2024.
Un poème dédié à notre part sauvage qui retentit comme un écho littéraire au film de Thomas Cailley, le règne animal, tandis que le style et le profil de l'auteure rappellent la violence écrite au féminin du roman Solak de la jeune bretonne Caroline Hinault.
♥ On aime :
• Tous les ingrédients d'un roman noir sont là pour ce qui pourrait être un nature-writing moderne et féminin, revisité à la française, un peu dans la veine de la femme paradis de Pierre Chavagné parue l'an passé.
Mais non, la prose envahissante de cette surprenante auteure déferle et emporte tout sur son passage, empêchant le bouquin de se couler gentiment dans le moule habituel du roman rural.
• Si la plume de Phoebe Hadjimarkos Clarke est résolument moderne et en prise avec notre temps, elle est surtout féroce, acérée, violente. Mordante pour faire un mauvais jeu de mots.
Une plume capable de nous faire partager avec la même puissance la campagne boueuse, les séquelles des violences policières dans une manif, un bad trip en pleine forêt ou la peur d'une horde de chasseurs.
Une plume qui n'a pas peur des mots et qui appelle un chien un chien, un sexe un sexe. Ça pue, ça dégouline, ça souffle, ça transpire, ça pourrit, ça suinte. Ça répond à l'appel de la forêt même si l'on est bien loin du classicisme d'un Jack London.
Une nature vaguement inquiétante, étrange, qui lorgne du côté du fantastique quand est invoqué le mythe des chasses sauvages rappelant les armées furieuses de Fred Vargas.
L'auteure vient avec force questionner notre monde où "c'est plus possible, faut tout maîtriser, faut rien laisser au hasard ou à la sauvagerie".
• Fauvel. C'est le prénom de l'héroïne. Un prénom qu'elle s'est choisi elle-même et dans lequel on devine du sauvage, du "elle" aussi, un prénom qui flirte dangereusement avec l'idée de prédateur.
Le prénom d'une héroïne cabossée (elle a perdu un oeil par un tir de flash-ball dans une manif).
• Un bouquin qui dérangera quelques uns (comme le film déjà cité) notamment quand les délires oniriques (on fume toutes sortes de substances dans le coin !) se font un peu trop envahissants.
Et un roman qui ratisse large : répression policière, chasseurs bas du front, écologie, thriller horrifique, violences masculines, et même télé-réalité (un clin d'oeil de l'auteure à son premier roman Tabor).
Véritable "zadiste" littéraire, Phoebe Hadjimarkos Clarke fait feu de tout bois dans sa forêt. Mais ça passe car on évite soigneusement la thèse prosélyte pour suivre avec angoisse et appréhension les peurs de Fauvel. On est bousculé mais fasciné, on lit ça d'une traite.
Le pitch :
Une jeune femme seule un peu perdue dans une campagne vaguement inquiétante. Un gros chien étrange (cloné dans un labo US !). Des chasseurs gonflés à la testostérone et armés jusqu'aux dents. Un brouillard épais et persistant. le grondement lointain d'une usine qui pompe l'eau phréatique. La rumeur d'une bête qui s'en prend aux troupeaux ...
Qui donc massacre les bêtes ? Un ours ? Un extra-terrestre ? Un chasseur lycanthrope ? Ou peut-être même la chienne clonée de Fauvel ? Qui donc est l'aliène ?
Pour celles et ceux qui aiment les chiens.
Tout est étrange dans ce roman au titre surprenant : une héroïne, Fauvel, dont l'oeil a été arraché par un tir de LBD lors d'une manifestation de Gilets jaunes ; une chienne Hannah clonée dans un laboratoire américain et côtoie le chien initial, dont le corps (mal) empaillé trône dans le salon de son propriétaire ; une campagne initialement perçue comme un refuge face à aux violences de la ville mais où rôdent d'inquiétants chasseurs qui affirment avoir été enlevés par des extra-terrestres ; et enfin des massacres d'animaux retrouvés mutilés dans la forêt. Fauvel, chargée de garder la chienne pendant quelques semaines, va mener une quasi enquête afin de retrouver le ou les responsables de la tuerie animalière.
On est très très loin du moule familier du roman rural, ne serait-ce parce que l'intrigue est d'une rare complexité. Elle est en constance mutation, convoquant différents genres littéraires ( social, fantastique avec une touche d'horrifique, SF entre autres ) et de nombreuses thématiques contemporaines ( l'identité, le dérèglement climatique, l'antispécisme, les violences faites aux femmes, la prédation capitalistique des ressources naturelles, la télé-réalité même ). J'ai souvent eu l'impression de trouver le fil rouge mais en fait, ce sont différents fils rouges qui se succèdent et se passent le relais.
Avec ce type d'expérience littéraire, soit on est capté soit on reste sur la touche. Je ne pense pas qu'il y ait de demi-mesure. Moi, j'ai été totalement hypnotisée par l'atmosphère dérangeante composée par Phoebe Hadjimarkos Clarke. Sa prose féroce crée un chaos sensoriel qui chaloupe sur des rythmes syncopées et imprime dans les rétines des scènes inédites qui convoquent aussi bien le surréalisme fou de Dali que du body-horror à la Cronemberg, en passant par un X-Files sous LSD. le corps y est puissamment travaillé par une écriture organique qui s'infitre dans tous les pores des phrases. Ça suinte, ça poisse, ça pue, ça pulse, ça heurte en permanence.
« L'autre oeil la brûle, s'enfonce loin dans son crâne comme un petit charbon, creuse son orbite, creuse creuse jusqu'à tomber dans le puits infini de l'espace – chutant sans fin dans la nuit noire. (...) Elle sombre dans un sommeil envahi de ronces qui se précipitent les unes dans les autres, sans s'arrêter. »
C'est la qualité de l'écriture qui unifie ce roman terriblement inventif et « maitrise » l'imagination fertile qui s'y déploie, avec un choix très vaste d'interprétations périphériques. C'est pour cela que je regrette des longueurs dans le dernier tiers, des répétitions qui délaie la puissance du propos et fait que le lecteur « s'habitue » au dérangeant alors qu'on sent que l'autrice vise clairement l'inconfort. le roman aurait donc sans doute gagné à être resserré afin de maintenir une tension maximale jusqu'au vertige.
Car Aliène a beaucoup à dire. Ce que je retiens, c'est avant tout son magnifique portrait de femme : Fauvel la femme qui s'est donnée un nom de bête et qui se confond dans des moments de conscience modifiée (rêves, trip sous drogue, perdition dans une forêt brumeuse, humide et sombre dans laquelle elle ne cesse de s'égarer) avec la chienne au prénom de femme.
« Savez-vous comment la peut peut briser jusqu'au plus petit fragment d'un être ? le moindre son menace, la moindre présence peut prendre la forme d'une attaque ; tout vise à nous réduire à néant. On ne peut plus sortir, chaque mètre parcouru est propice à sursaut, à coeur qui défaille, à coeur meurtri. On ne peut plus aimer, on ne peut plus penser. Les tremblements s'invitent n'importe quand, n'importe où, surtout quand la peur semble avoir été conjurée, semble s'être évanouie dans les ombres, plus loin, loin, on a franchi la distance au-delà de laquelle on est redevenue une forteresse imprenable. Et puis la peur revient, elle s'installe dans tout le corps comme si elle ne l'avait jamais quitté, elle se fond dans les muscles en liquéfaction. Elle possède, elle devient nous.»
Aliène explore avec finesse les rapports de domination en cours dans une société contemporaine de plus en plus brutale. C'est un roman engagé sur la peur engendrée par l'addition de violences multiples (sur les animaux, les femmes, la nature), souvent politiquement installées. Fauvel doit se départir de la peur qui la ronge, elle doit prendre les armes contre tout/tous ce/ceux qui incarne.nt cette sauvagerie prédatrice.
« Elle se sent ours réintroduit, elle se sent eau minérale en bouteille, elle se sent aliène, l'autre, la friche, détruite par le feu du brûlis. Dans la faiblesse artificielle de son corps, les braises de sa colère se ravivent. »
Une autrice qui détonne dans le mainstream littéraire, et ça fait du bien. A suivre donc !
Fauvel, « une trentenaire borgne qui vit d'allocations », ne se fait pas prier lorsque le père de sa meilleure amie lui propose de garder son chien pendant ses vacances.
En s'installant à la campagne, elle espère oublier les violences policières qui lui ont fait perdre un œil lors d'une manifestation durement réprimée et l'angoisse qui ne la lâche pas.
Sauf que, quel que soit le lieu, la peur ne cède jamais...
Hannah, la chienne dont elle doit s'occuper, est le clone d'une précédente Hannah qui trône empaillée dans le salon. Elle est accusée par la population locale de massacrer des animaux.
Est-ce vraiment elle la coupable ? Ou sont-ce les chasseurs menés par un certain Julien ? Ou pourquoi par des extraterrestres ?
Avec ce second roman, Phoebe Hadjimarkos Clarke prouve, avec son écriture fiévreuse et hallucinée habile à instaurer une ambiance surnaturelle et ses trouvailles langagières, qu'elle est une voix originale et moderne de la littérature, une voix qui souligne la frontière ténue entre le rêve et la réalité, entre l'homme et l'animal et dont les préoccupations - l'écologie, le patriarcat, la violence... - entrent en résonance avec les problématiques contemporaines.
EXTRAITS
Il existe encore des lieux qui ressemblent à l'image idéale que l'on s'en fait.
Elle est piégée dans la nuit comme elle est piégée dans la vie.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-aliene-phoebe-hadjimarkos-clarke-editions-du-sous-sol/
UN ROMAN DÉRANGEANT ET POÉTIQUE SUR LA RECONSTRUCTION
Nouveau roman de Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène, est un récit littéraire dérangeant, âpre mais d’une sublime qualité littéraire.
Une maison de Cornac, entourée de forêts, c’est le domaine de Luc, que Mado, sa fille fait connaître à son amie. Car, Luc et Hélène ont décidé d’un voyage et ont besoin d’une « dogsister ». Fauvel, du prénom qu’elle s’est inventée, est choisie pour cette tâche concernant une jeune chienne Hannah, réplique génétique de celle morte et empaillée qui siège dans le salon. Mado espère que son amie,en quittant la ville qui l’a abîmée, pourra aller mieux.
Fauvel est un être en déshérence, avec son œil sacrifié, lors d’une manifestation des Gilets Jaunes et son corps apeuré qu’elle essaye d’endormir de différentes façons. Face à la violence qu’elle subit, une colère sourde la mine. La proximité d’une chienne génétique, identique à celle morte mais différente par la violence de sa colère, représente un double idéalisé, vengeresse et protectrice pour la jeune femme. « Elle pense à la colère qui anime la chienne et la voit comme pouvant être la sienne. Une vie et un corps qu’elle n’a pas choisis. «
Se rajoute à ce tableau, des tueries d’animaux, des extraterrestres de passage avec en fond, le bruit d’une usine d’embrouillage de l’eau du coin aux vertus particulières.
Roman atypique
Aliène est un mot qui n’existe pas. Contraction des Aliens, ou extraterrestre, constatés par certains chasseurs depuis assoiffés de violence, et aliéné, comme le sort des jeunes femmes. En effet, Mado est comme désaxée par sa dépendance sexuelle. Fauvel, elle, frise la folie avec à la fois, sa peur et son envie de destruction. De plus, un fou violent les domine de son emprise destructrice.
Phoebe Hadjimarkos Clarke raconte une jeunesse perturbée au destin incertain, attirée à la fois par la satisfaction immédiate et la recherche d’une possibilité de s’inscrire de façon vivable et au long cours dans leur société contemporaine.
Fauvel, le prénom que se donne l’héroïne, est aussi un abrégé entre fauve, comme qualifie sa population contestataire l’Etat Français, en leur envoyant des tirs de LBD, et elle, jeune femme défigurée à vie, qui doit contenir sa rage destructrice qu’elle détourne sur elle, en visant l’enfermement.
La reconstruction
Seulement, Fauvel en quittant la ville retrouve sa part d’humanité mêlant sa part d’animalité à la nature omniprésente. La qualité littéraire de Phoebe Hadjimarkos Clarke est une autre des surprises de ce roman. Par ses mots, elle réveille tous les sens, mis en alerte par l’hypervigilance sensorielle de son héroïne. Elle invente une manière de les détailler si précisément associant des trouvailles et mariages des mots. Ou, au contraire, en anesthésiant, dans le brouillard des rêves et des hallucinations, les sensations de Fauvel, elle nous les livre ouatées et comme édulcorées.
Grâce à la chienne clonée, Fauvel revient à la vie. Une identification salvatrice transforme l’héroïne et l’ouvre à l’amitié d’un Mitch-Mitch et à une sonorité transformée avec Mado et son amie. Phoebe Hadjimarkos Clarke choisit la technologie moderne pour aider son humaine à revenir à la vie. Point de vue complètement inverse de positions alarmistes souvent énoncées !
Traductrice, Aliène est le second roman de Phoebe Hadjimarkos Clarke. Un nom où on devine le mélange des cultures pour soutenir la profondeur d’un propos étonnant mais poétique !
Sans le Prix du livre Inter, je n’aurais pas lu ce roman. Pourtant, sa forme, même si elle m’a déroutée au début, m’a absorbée complètement, attirée par un récit sauvage, atypique, halluciné et pourtant si présent dans l’énonciation des préoccupations actuelles qu’il soulève. Un grand coup de cœur !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/06/17/phoebe-hadjimarkos-clarke-aliene/
Une lecture barge, décalée, hors-sol, hors du temps....
Un peu comme Fauvel le personnage de ce roman qui après un accident lors d'une manifestation aurait bien besoin d'une thérapie. Au lieu de cela elle accepte de garder le chien du père de sa meilleure amie à la campagne.
Et à partir de là c'est psychédélique : drogues, sexe, godmichet, allucinations, chasseurs, extraterrestres, chien cloné, animaux massacrés, substance indéterminée... mettez tous ces éléments dans un sac et vous avez Aliene
En tant que lecteur il faut avoir l'esprit ouvert pour ce roman, accepter de ne pas tout comprendre au délire. Se laisser porter dans une vie parallèle.
J'ai lu une critique négative sur la vision de l'homme dans cette histoire. Pour moi les femmes ne sont pas mieux loties et ce roman est bien au-delà de la question de genre.
Que dire ? D’abord, je pense que j’aurais eu besoin de relire ce texte. Entièrement. Je l’ai fait en partie, pour essayer de préciser ma pensée. Quand j’ai des doutes, des réserves sur un bouquin, je me dis : « Si tu étais éditrice, est-ce que tu aurais publié ce roman ? » Oui, peut-être. Parce qu’il y a quelque chose dans l’écriture… Des formules, des images, des tournures que j’ai trouvées originales, pleines d’invention et de poésie. Et puis, le simple fait qu’il y ait une écriture est TELLEMENT rare de nos jours que rien que pour ça, je l’aurais sorti du lot !
Et puis, (là c’est hyper subjectif) j’en ai aimé la pensée : le ras-le-bol de la société patriarcale, de la violence envers les animaux, de la chasse, de la guerre, de la sauvagerie qu’on nous sert chaque jour.
J’ai aimé aussi la sensualité qui émane de ce texte, un rapport viscéral au monde, à la nature et aux bêtes. Tout ça, c’est vraiment réussi.
En revanche, le roman pèche par sa longueur et ses répétitions. Ok, le monde est foutu, les hommes tous pourris mais est-ce une raison pour nous laisser mijoter dans une espèce de champ lexical bien glauque omniprésent (sang/boue/bave/sperme/vomi etc) qui finit par sembler un peu forcé car trop systématique. Là, franchement, j’ai saturé.
Et les pétards qu’on se fume en veux-tu en voilà, pareil, c’est trop. Ça finit par devenir contre-productif. Il me semble qu’une pensée politique doit s’accompagner d’un minimum de lucidité, même dans une fiction. On oscille entre hallucinations, rêves et une réalité qui finit par devenir bien difficile à saisir et c’est dommage. Certes, une ambiance particulière s’empare du récit mais sur trois cents pages, il faut être honnête, le dispositif devient extrêmement lassant.
Autre problème : vouloir aborder TOUS les sujets contemporains, ceux dont j’ai parlé plus haut auxquels s’ajoutent les questions de pollution, réchauffement climatique, biodiversité, respect de la nature, sexe, genre, violences policières, télé-réalité, extra-terrestres etc. Est-ce que le texte n’aurait pas gagné à être resserré, aussi bien dans la forme que dans le fond ?
Bref, une autrice encore jeune mais à suivre assurément…
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