"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Années 1930. Kath Ella refuse de suivre son destin tout tracé de fille de couleur et quitte Africville, un quartier fondé par d'anciens esclaves en Nouvelle-Écosse, au Canada. Après une histoire d'amour marquée par le deuil, elle donnera naissance à un fils, Omar, qui sera rebaptisé Étienne.
Années 1960. Étienne, dont la pâleur lui permet de passer pour un Blanc, vit en Alabama. Il est déchiré entre ses racines noires et la peur de perdre la vie qu'il est en train de construire.
Années 1980. À la mort de son père, Warner se lance dans une quête de ses origines, qui le mènera dans ce qui reste d'Africville mais aussi dans une prison d'État au fin fond du Mississippi.
Trois destins, trois personnages aux prises avec la réalité sociale de leur époque et les aléas de la vie. Pas de pathos ni de velléité moralisatrice. Les héros de ce roman sont des êtres vrais, de chair et de sang. En toile de fond, Africville, à la fois aimant et repoussoir, dont l'empreinte se transmet de génération en génération.
Avec ce premier roman triptyque vibrant, fruit de plus de vingt ans de recherches, Jeffrey Colvin s'impose comme une nouvelle voix de la littérature américaine, dans le sillage de Colson Whitehead et de Ayana Mathis.
Traduit de l'anglais ( États-Unis) par Serge Chauvin À propos de l'auteur JEFFREY COLVIN est né en Alabama et vit à New York. Diplômé de l'Académie navale des États-Unis et de l'université de Harvard, il a servi dans le corps des marines pendant cinq ans, a été conseiller au Congrès et analyste dans la publicité avant d'intégrer l'université de Columbia où il a été diplômé en création littéraire. Jeffrey Colvin est actuellement éditeur adjoint du Narrative Magazine. Africville est son premier roman.
Africville, quartier noir d'Halifax en Nouvelle-Écosse au Canada. Kath Ella, une jeune afro-américaine, refuse son destin, devenir comme toutes ses proches l'employées de riches blancs. Elle part faire des études à Montréal pour devenir enseignante.
Revenant régulièrement à Africville, elle est témoin de la mort violente de son amie Kiendra et s'amourache d'Omar Platt. Quand le jeune homme meurt dans un accident, Kath Ella est enceinte. Omar junior naît avec une peau si blanche qu'on ne peut pas deviner son ascendance. Il devient Étienne quand sa mère épouse Timothée, un québécois blanc qui l'adopte.
L'auteur nous raconte l'histoire d'une famille sur un siècle et trois générations : Kath Ella, qui réussira à sortir du ghetto noir d'Africville ; Étienne à qui la pâleur de peau permettra de s'installer en Alabama, dans le sud raciste des USA, en cachant ses origines, sans vraiment y réfléchir ; Warner enfin, le fils d'Étienne, qui, dans son mal-être, cherchera à se reconnecter au passé de sa famille.
À travers cette saga, Jeffrey Colvin interpelle les lecteurs sur les ravages causés aux afro-américains par le racisme, jusqu'à l'atteinte à leur sentiment d'appartenance à la "négritude"...
Soyons clair ! Il s'agit là d'un roman, pas d'une étude historique, même si on peut parfois se poser la question. Un roman qui repose néanmoins sur une vingtaine d'année de recherches, que l'auteur a su synthétiser et dont il nous fait partager le résultat.
C'est suffisamment bien écrit pour maintenir l'intérêt, même si l'on ne va pas de rebondissement en rebondissement. Je ferai néanmoins deux reproches à ce roman : quelques longueurs, liées sans doute à la volonté de l'auteur de bien nous faire comprendre le contexte ; des personnages bourrés de contradictions, en quête de leur identité, mais qui semblent assez superficiels, comme si leur personnalité s'effaçait un peu devant l'importance du sujet.
Un beau roman sur la négritude.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/02/19/africville-jeffrey-colvin-harper-collins-beau-roman-sur-la-negritude/
C'est le genre de roman qui avait tout pour me séduire, une saga courant de 1918 à 1992, retraçant les destins de trois générations d'une famille afro-canadienne originaire d'une colonie de Nouvelle-Ecosse fondée au XVIIIème siècle par des esclaves rebelles, fugitifs ou affranchis venant des Caraïbes ou du Sud des Etats-Unis. Les premiers chapitres sont prometteurs, centrés sur Kath Ella, jeune fille brillante qui a l'ambition d'intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu'on est noire dans les années 30, même au Canada. On sent toute la sincérité de l'auteur à décrire Africville et à présenter la vie des Noirs au Canada, thématique dont la littérature s'est moins emparée que son versant états-unien.
Mais voilà, une fois que Kath Ella passe le relais narratif à son fils puis à son petit-fils, j'ai décroché et sans avoir ressenti un réel allant pour le personnage initial qui m'a seulement intéressé à défaut de me faire vibrer. le récit se transforme en fouillis d'anecdotes peuplées de personnages secondaires qui surgissent sans qu'on sache trop d'où. Les nombreux flashbacks ajoutent à cette confusion là où ils auraient pu être une exploration de la façon dont le temps et les migrations peuvent changer une famille et l'expérience raciale. Jamais ils ne complètent les personnages principaux pour leur apporter une réelle épaisseur psychologique alors que ce qu'ils vivent est passionnant : le « passing » pour le fils qui profite de sa couleur de peau très claire pour se faire passer pour blanc et renier toute sa famille ; la confrontation aux origines pour le petit-fils qui découvre qu'il a du sang noir et décide d'assumer cet héritage.
J'ai souvent eu la sensation que les différentes intrigues appartenaient à plusieurs livres indépendants, comme si Jeffrey Colvin, écrasé par son ambition initiale, peinait à colmater ses récits en un seul, fluide et prenant. Je le regrette vraiment car les variations autour de l'appartenance tenace à un lieu, une histoire et une communauté pouvaient donner lieu à un magnifique roman.
Ce premier roman est l’occasion de découvrir un auteur d'une grande finesse et sensibilité et à l'écriture directe, simple, mais puissante dans ses sous-entendus, et critiques d'une société, d'une époque où il ne faisait pas bon avoir la peau noire.
Ce roman est une saga familiale sur trois génération qui entraîne le lecteur sur le chemin tortueux de l'acceptation de ses racines, de son passé, de sa famille dans le contexte nord américain de la ségrégation, du racisme dans l'Amérique des années 30 à 80. Dés le départ, ce roman se lit d’une traite car il remue les tripes, bousculé et donne à réfléchir sur sa trajectoire intime au travers du temps. Cette histoire débute en 1918, au canada dans le futur Africville par par des haïtiens, des jamaïcains et des noirs du sud des États-Unis où deux petites filles vont survivre à une épidémie. Nous suivrons la vie de la famille de l'une d'elle. L’auteur a mis près de vingt ans pour écrire ce roman et l’aspect extrêmement documenter donne toute la crédibilité à ces vies simples qui n’ont plus qu’a assumer les choix de vies quelqu’ils soient.
#netgalleyfrance #africville
Jenndrix 24 septembre 2020
Ce roman avait tout de prometteur, un sujet qui me passionne, des apports de connaissance inédits. J'avais très envie de le lire et était donc ravie de le recevoir contre une critique.
Et en effet, le roman est très documenté et instructif. Oui mais voilà, c'est tout pour moi. Est-ce la traduction ? Est-ce parce que je venais de lire Maya Angelou ? J'ai trouvé la lecture laborieuse, peu fluide avec des transitions parcellaires, voire inexistantes, entre les différents moments/descriptions. L'inconsistance des personnages ne m'a pas permise de m'y attacher. Je trouve le récit confus et finalement peu exploité au vu de la masse d'informations que l'auteur a cumulé. Les thèmes du racisme, de l'exploitation/ségrégation et des humiliations qu'il engendre me semblent relativement léger alors que c'est tout le sujet du livre notamment autour des questions d'identité. J'aime apprendre en me régalant mais dans Africville il m'a manqué la gourmandise. Les personnages trop distanciés sont restés loin de moi. Un loupé donc en ce qui me concerne. Peut être suis je passé a coté d'un monument?
Nouvelle-Ecosse, 1918. Deux bébés vont survivre à des fièvres très fortes. Le lecteur va retrouver ces deux protagonistes quelques années plus tard. Kath Ella et Kiendra sont devenues deux jeunes filles. C’est le point de départ d’une grande saga qui s’étalera presque sur un siècle.
C’est une belle découverte littéraire pour ma part, mais j’avoue qu’il m’a manqué certains éléments pour être en mesure d’apprécier totalement ce roman. J’y ai dénoté peu d’émotions et surtout, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, puisque l’auteur passera de l’un à l’autre sans cesse.
Pourtant, j’avoue que j’ai été conquise par le postulat de départ. L’auteur mettra en exergue l’importance de l’acceptation de soi. Ainsi, Étienne, le fils de Kath, n’acceptera pas son identité raciale, et décidera de s’éloigner complètement de sa famille maternelle. Cela m’a vraiment bouleversée, mais j’ai trouvé que l’auteur ne nous permettait pas forcément de rentrer dans les pensées du jeune homme pour appréhender au mieux la manière avec laquelle il gérait cela.
L’auteur a condensé presque un siècle d’histoire familiale en peu de pages, et cela ne permet pas forcément un attachement aux personnages, puisque le changement est constant. J’avoue avoir nettement préféré la première partie avec Kath, que les autres parties.
La plume de l’auteur est fluide et le roman est très aisé à suivre, malgré le changement constant d’époque. Jeffrey a su effectuer un mélange savant entre grande Histoire et petite histoire et j’ai trouvé certains passages très intéressants. Les chapitres sont de taille moyenne, et l’auteur veille toujours à bien indiquer l’espace spatio-temporel afin de ne pas perdre son lecteur.
Un roman historique intéressant, mais où j’aurais aimé avoir plus d’émotions. Malgré tout, cette saga est très intéressante à suivre et les thématiques abordées également. À découvrir.
C’est un avis un peu mitigé et une lecture en dent de scie d’un livre qui m’attirait beaucoup.
Tout commençait bien l'histoire d'une famille sur 3 générations et surtout un premier personnage féminin fort et ambitieux qui sait que sa réussite passera par les études. Il faut rencontrer Kiera jeune fille noire née à Halifax au Canada dans les années 30.
Ses plans ne se passent pas comme prévu, elle tombe enceinte mais n'abandonnera pas pour autant ses études grâce à ses parents.
L'histoire se concentre, ensuite, sur son fils, Étienne, qui ressemble plus à un blanc et préfère oublier sa famille maternelle. Et tout a basculé avec Étienne, un personnage qui m'a énervée par son comportement dans son couple et son égocentrisme. Mais c'est un personnage réussi pour nous réveiller et nous titiller.
Enfin Warner, fils d’Etienne, souhaite renouer avec sa famille du côté paternel allant jusqu'à se rendre dans la prison du Mississippi pour rencontrer son arrière grand-mère Zera.
J'ai aimé l'histoire et l'accent mis sur les liens familiaux avec de nombreuses références aux ascendants, des flash-back, pour les trois personnages principaux. Ils sont plus marquants avec Warner qui veut renouer avec un côté de sa famille perdue par Étienne. Il reprend ce qui a été coupé. Et à travers la volonté de relier avec une partie de la famille, c'est aussi une quête identitaire.
J’ai retrouvé un regain d’intérêt à la fin du livre grâce à Zera, la doyenne des détenus d’Amérique qui continue la lutte malgré tout.
Un roman fleuve qui, s'il ne m'a pas bouleversée, m'a quand même emporté à travers les années dans une famille marquée par le deuil. Les personnages féminins m’ont beaucoup plus plus mais le tout était très linéaire, seul le deuil vient rythmé l’histoire.
Explorateurs de la rentrée 2020
Africville est le premier roman de Jeffrey Colvin. Avec bonheur, simplicité même dans la complexité, cet auteur originaire de l’Alabama nous entraîne dans une vaste quête d’identités.
Il y a d’abord celle de Kath, jeune fille qui, en 1930, refuse le destin tout tracé des gamines d’Africville et qui a l’ambition, sans renier ses origines, de quitter ce quartier construit par d’anciens esclaves pour rentrer à l’université et devenir enseignante. Le récit épouse l’époque et la Nouvelle-Ecosse au Canada. La vie de Kath et de son fils Omar s’apparente à un combat quotidien pour l’affirmation de soi sur fond de négritude.
Dans les années soixante, la question de l’identité entre en collision avec un Omar qui a été adopté et rebaptisé Etienne. Bien que d’origine noire, sa peau claire et son mariage avec une famille qui n’aime que le blanc le projette dans un questionnement qu’il voudrait pouvoir étouffer. Peut-on renier ses origines par confort et facilité ? Peut-on nier une part entière de son histoire, sa famille pour taire le côté noir de sa vie ? Et à son fils Warner, que doit-il dire et quand ?
Enfin, en 1980, Warner se lance à la recherche de ses origines, de la famille de son père, sa grand-mère et même son arrière-grand-mère qui végète en prison en ne connaissant rien de cette progéniture au teint blafard. C’est la quête d’identité la plus émouvante à mes yeux, surtout par son côté intergénérationnel et une volonté de justice raciale nettement défendue.
Davantage une réflexion sur l’évolution des quêtes d’identité qu’une saga familiale qui n’aurait pu être que pure fiction romanesque, Africville est un livre de notre temps. Il questionne, ouvre des pistes et ne juge pas. Et, c’est vrai, les thèmes de la quête d’identité, du retour aux origines et de la ségrégation dite raciale sont de plus en plus présents dans la littérature actuelle, notamment avec cette ‘blancheur de peau’ qui peut tromper, mais ils n’en restent pas pour autant des thèmes mineurs. Notre humanité a besoin de se souvenir des génocides, elle a besoin de ne pas minimiser les torts faits aux noirs par des suprématistes. Mais elle doit aussi entendre ces tensions intérieures que vivent les membres d’une communauté, les jugements, les anathèmes jetés l’un sur l’autre, les croyances qui déforment et préjugent au sein des familles et les silences qui ravagent, tuent à petit feu ou explosent à la figure lorsqu’ils sont rompus. Toute cette approche, Jeffrey Colvin la maîtrise et la distille goutte à goutte, page après page, ce qui rend son écriture addictive à souhait. Une très belle découverte.
Merci aux éditions Harper Collins et à Lecteurs.com qui m’ont permis de découvrir ce titre dans le cadre des explorateurs 2020.
De 1930 à 1980, de kath Ella à Warner, trois générations tentent de vivre leur vie.
Refoulant ou recherchant leurs origines, ils renient ou revendiquent leur part de négritude.
Africville ? C’était un quartier de Nouvelle-Ecosse au Canada où vivaient d’anciens esclaves, à la base jamaïcains.
J’aime beaucoup ces livres où je découvre une histoire vraie où se mêle une fiction captivante.
Il y a trois récits.
Celui de Kath Ella qui m’a vraiment plu. Son parcours est courageux, sa personnalité attachante.
Celui d’Etienne, son fils, que j’ai trouvé un peu moins chaleureux.
Celui de Warner, son petit-fils, qui est attendrissant et touchant dans sa quête familiale.
Et une multitude d’autres personnages dont Zera, l’incroyable arrière grand-mère.
Même si j’ai trouvé que c’était long à lire, ce roman est un magnifique témoignage d’une minorité peu considérée.
Il soulève avec tact le problème des origines et des racines.
L’auteur a fait un formidable travail de recherche et a su inventer une très belle saga.
Le type même de livre qui reste en mémoire.
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