"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Africville, quartier noir d'Halifax en Nouvelle-Écosse au Canada. Kath Ella, une jeune afro-américaine, refuse son destin, devenir comme toutes ses proches l'employées de riches blancs. Elle part faire des études à Montréal pour devenir enseignante.
Revenant régulièrement à Africville, elle est témoin de la mort violente de son amie Kiendra et s'amourache d'Omar Platt. Quand le jeune homme meurt dans un accident, Kath Ella est enceinte. Omar junior naît avec une peau si blanche qu'on ne peut pas deviner son ascendance. Il devient Étienne quand sa mère épouse Timothée, un québécois blanc qui l'adopte.
L'auteur nous raconte l'histoire d'une famille sur un siècle et trois générations : Kath Ella, qui réussira à sortir du ghetto noir d'Africville ; Étienne à qui la pâleur de peau permettra de s'installer en Alabama, dans le sud raciste des USA, en cachant ses origines, sans vraiment y réfléchir ; Warner enfin, le fils d'Étienne, qui, dans son mal-être, cherchera à se reconnecter au passé de sa famille.
À travers cette saga, Jeffrey Colvin interpelle les lecteurs sur les ravages causés aux afro-américains par le racisme, jusqu'à l'atteinte à leur sentiment d'appartenance à la "négritude"...
Soyons clair ! Il s'agit là d'un roman, pas d'une étude historique, même si on peut parfois se poser la question. Un roman qui repose néanmoins sur une vingtaine d'année de recherches, que l'auteur a su synthétiser et dont il nous fait partager le résultat.
C'est suffisamment bien écrit pour maintenir l'intérêt, même si l'on ne va pas de rebondissement en rebondissement. Je ferai néanmoins deux reproches à ce roman : quelques longueurs, liées sans doute à la volonté de l'auteur de bien nous faire comprendre le contexte ; des personnages bourrés de contradictions, en quête de leur identité, mais qui semblent assez superficiels, comme si leur personnalité s'effaçait un peu devant l'importance du sujet.
Un beau roman sur la négritude.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/02/19/africville-jeffrey-colvin-harper-collins-beau-roman-sur-la-negritude/
C'est le genre de roman qui avait tout pour me séduire, une saga courant de 1918 à 1992, retraçant les destins de trois générations d'une famille afro-canadienne originaire d'une colonie de Nouvelle-Ecosse fondée au XVIIIème siècle par des esclaves rebelles, fugitifs ou affranchis venant des Caraïbes ou du Sud des Etats-Unis. Les premiers chapitres sont prometteurs, centrés sur Kath Ella, jeune fille brillante qui a l'ambition d'intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu'on est noire dans les années 30, même au Canada. On sent toute la sincérité de l'auteur à décrire Africville et à présenter la vie des Noirs au Canada, thématique dont la littérature s'est moins emparée que son versant états-unien.
Mais voilà, une fois que Kath Ella passe le relais narratif à son fils puis à son petit-fils, j'ai décroché et sans avoir ressenti un réel allant pour le personnage initial qui m'a seulement intéressé à défaut de me faire vibrer. le récit se transforme en fouillis d'anecdotes peuplées de personnages secondaires qui surgissent sans qu'on sache trop d'où. Les nombreux flashbacks ajoutent à cette confusion là où ils auraient pu être une exploration de la façon dont le temps et les migrations peuvent changer une famille et l'expérience raciale. Jamais ils ne complètent les personnages principaux pour leur apporter une réelle épaisseur psychologique alors que ce qu'ils vivent est passionnant : le « passing » pour le fils qui profite de sa couleur de peau très claire pour se faire passer pour blanc et renier toute sa famille ; la confrontation aux origines pour le petit-fils qui découvre qu'il a du sang noir et décide d'assumer cet héritage.
J'ai souvent eu la sensation que les différentes intrigues appartenaient à plusieurs livres indépendants, comme si Jeffrey Colvin, écrasé par son ambition initiale, peinait à colmater ses récits en un seul, fluide et prenant. Je le regrette vraiment car les variations autour de l'appartenance tenace à un lieu, une histoire et une communauté pouvaient donner lieu à un magnifique roman.
Ce premier roman est l’occasion de découvrir un auteur d'une grande finesse et sensibilité et à l'écriture directe, simple, mais puissante dans ses sous-entendus, et critiques d'une société, d'une époque où il ne faisait pas bon avoir la peau noire.
Ce roman est une saga familiale sur trois génération qui entraîne le lecteur sur le chemin tortueux de l'acceptation de ses racines, de son passé, de sa famille dans le contexte nord américain de la ségrégation, du racisme dans l'Amérique des années 30 à 80. Dés le départ, ce roman se lit d’une traite car il remue les tripes, bousculé et donne à réfléchir sur sa trajectoire intime au travers du temps. Cette histoire débute en 1918, au canada dans le futur Africville par par des haïtiens, des jamaïcains et des noirs du sud des États-Unis où deux petites filles vont survivre à une épidémie. Nous suivrons la vie de la famille de l'une d'elle. L’auteur a mis près de vingt ans pour écrire ce roman et l’aspect extrêmement documenter donne toute la crédibilité à ces vies simples qui n’ont plus qu’a assumer les choix de vies quelqu’ils soient.
#netgalleyfrance #africville
Jenndrix 24 septembre 2020
Ce roman avait tout de prometteur, un sujet qui me passionne, des apports de connaissance inédits. J'avais très envie de le lire et était donc ravie de le recevoir contre une critique.
Et en effet, le roman est très documenté et instructif. Oui mais voilà, c'est tout pour moi. Est-ce la traduction ? Est-ce parce que je venais de lire Maya Angelou ? J'ai trouvé la lecture laborieuse, peu fluide avec des transitions parcellaires, voire inexistantes, entre les différents moments/descriptions. L'inconsistance des personnages ne m'a pas permise de m'y attacher. Je trouve le récit confus et finalement peu exploité au vu de la masse d'informations que l'auteur a cumulé. Les thèmes du racisme, de l'exploitation/ségrégation et des humiliations qu'il engendre me semblent relativement léger alors que c'est tout le sujet du livre notamment autour des questions d'identité. J'aime apprendre en me régalant mais dans Africville il m'a manqué la gourmandise. Les personnages trop distanciés sont restés loin de moi. Un loupé donc en ce qui me concerne. Peut être suis je passé a coté d'un monument?
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