"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De retour dans sa ville natale, Dada retrouve sa mère et sa soeur avec l'espoir de libérer sa famille du passé. Telle une cavalière solitaire, elle enfourche sa mobylette pour tenter de faire la lumière sur la mort de son jeune frère, passionné de westerns, disparu quatre ans plus tôt.
Cet envoûtant roman d'apprentissage nous offre le portrait saisissant d'une génération perdue, au coeur d'une banlieue croate abîmée par la guerre. Une oeuvre magistrale sur l'intolérance et la violence, sur le désir et la liberté d'être différent.
Olja Savičević propose dans « Adios Cow-boy » un roman d'apprentissage à la saveur croate qui nous emmène sur les traces d'une héroïne unique, sorte de cavalière solitaire, qui décide de se faire justice elle-même, au cœur d'une banlieue croate abîmée par la guerre.
Le récit est fort, parfois rude, enchaîne les flash-back entre l’enquête de Dada pour comprendre le suicide de son frère et cet enfance rempli de secrets et de douleurs familiale sous fond de l’histoire douloureuse de la Croatie.
Il faut se laisser porter par le style de l’auteur pour en éprouver sa poésie et sagesse qui guide la lecture dans cette jolie quête filiale.
#netgalleyfrance #adioscowboy
Tanguy Duchene
Explorateurs rentrée 2020
"L'ours et le lapin cherchent un loup et lui demandent " Loup, elle est où ta casquette?". Et quand le loup,n'a pas de casquette l'ours lui casse la gueule et le lapin l'encourage. S'il en a une c'est l'a même héros lecteur, si vous n'avez pas tout compris, vous aurez l'occasion de découvrir d'autre étranges aphorismes en lisant l'ouvrage de Savicevic.
Ce livre conte l'histoire d'une famille Croate dans un village. Une mère de famille Ma, un père très vite disparu, deux filles et un garçon qui se suicide. La narratrice Dada retourne pour essayer de comprendre le pourquoi de la disparition de son frère. Les relations entre les membres de la famille sont mauvaises sans que l'on en comprenne le pourquoi. C'est bien l'une des faiblesses de ce roman, le manque de densité et de profondeur des personnages. Nous voila confrontés à une génération perdue qui s'abrutit dans une vision triste et désenchantée de la vie et qui se distrait en jouant aux indiens et cow-boys ou en visionnant des westerns américains et italiens.
Seul point fort, l'écriture qui est étonnante. Les mots appartiennent à des vocabulaires variés, réalistes, mais aussi poétiques, voire parfois vulgaires.
"Déçus de la vie sur terre, les baleines et les dauphins sont retournés dans la mer". Comme les baleines et les dauphins, nous quittons ce village Croate comme nous y étions entrés, c'est à dire sans avoir recueilli un petit supplément d'âme au contact de ces pauvres gens. Dommage.
✦ Un roman qui se lit comme on regarde un bon western : quand la plume se fait caméra, le lecteur devient acteur ✦
Plongé au cœur d'une ville croate du nom de Staro Naselje, exhumant des relents d’après-guerre dans les années 2000, sans précision volontaire de l'autrice dès la première ligne, le lecteur est immédiatement catapulté au sein de cette famille qui s’envoie la poussière du passé au visage en foulant ce terrain de vie brûlant, abîmé, semblant s'être divisé et arrêté entre Est et Ouest.
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A travers les yeux de celle qui se fait prénommer Dada et les échanges sans filtre avec sa sœur, sa mère et une dizaine d'autres personnages entremêlés, nous foulons le sol de ce qui ressemble davantage à un immense terrain vague, rempli çà et là de maisons en forme de boîtes imbriquées sans cohérence au sein desquelles se déroule le quotidien fait d'ennui, de rituels funestes et de questionnements sur un passé qui les rattrape à chaque moment. Le secret de l'absence du père puis de ce fameux frère, Dannijel, sera livré au questionnement du lecteur jusqu’à la page ultime. Pourquoi ce dernier était-il assimilé à cette figure cinématographique du cow-boy, à quoi ont bien pu ressembler ces au revoir et quelle est la clé du mystère qui les entoure ?
A travers des scènes qui s'enchaînent comme les plans d’un western, les réminiscences d'une guerre qui a tracé au sol la frontière entre l’Est et l’Ouest prennent ici la forme d’un chemin de fer, de clans de part et d'autre, et de personnages particulièrement denses et creusés dans leur franc-parler, leurs différences ainsi que dans leurs convictions.
A chaque page tournée semblent sauter au visage la poussière et la chaleur qui règnent là-bas, les relents de sueur et de pourriture ressentis par ces populations désabusées et sans espoir devant le changement qui s’annonce. Le fossé se creuse entre l’ancien monde rural et l’urbanisation galopante des périphéries, entre Est et Ouest, Nord et Sud, entre nationalités, entre dur labeur et oisiveté, entre le temps lent de la marche quotidienne et la vitesse des voitures qui frôlent chaque jour de plus près les piétons sur cette route qui finit dans l’air iodé de la mer.
Petit à petit, le puzzle prend forme, change de visage, avec un rythme efficace donné par les changements de regard narratif, selon qu’il nous emmène, à l’instar d’une caméra, sur l’épaule d’un personnage ou d’un autre, ou qu’il se manifeste en variant les styles, du direct à indirect en mode flux de conscience, en passant par la forme de lettres et de notes égrenées au fil de l’histoire. Le dénouement est sans nul doute le dernier coup porté à nos convictions, et, à l’image de ces fameux westerns, elle vient nous interroger sur qui est finalement le bon, la brute et le truand. Chacun aura la liberté de son interprétation.
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Sous la griffe d’une plume frontale, la poésie n’est pourtant jamais très loin pour décrire le meilleur comme le pire de cette vie posée là après les désastres causés par les affrontements. Des vies qui continuent entre passé et présent, sans futur vraiment. L’allégorie d’une vision du monde actuel et des divisions qui persistent entre Orient et Occident est amenée avec une approche d’une belle finesse, ses contradictions aussi. La question des clivages pris sous toutes leurs dimensions est effectivement riche en nuances pour le lecteur, la place laissée ou pas aux différences aussi.
La frontière entre réalité et fiction s'avère aussi particulièrement bien entretenue et rattrape la question qui jalonne le livre : peut-on être ou devons-nous avoir l’air d’être, selon les situations ? Quelle position libère, quelle position enferme devant nos différences ? Et quelles valeurs défend-on à chaque instant ?
Enfin, le fait que l’amour, qu’il soit filial, amical ou fraternel, côtoie la mort et la fuite de près donne, à mon sens, un contraste et une profondeur supplémentaires à cette immersion dans des rapports humains forts et sans concession : l'errance géographique et la disparition des uns peut rapidement se transformer en questionnements et errance intérieure des autres. Comprendre devient alors le seul moyen de ne plus les subir.
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Ainsi, cette page de couverture évoquée en introduction, le sens donné à cette histoire et la créativité narrative savent de mon point de vue venir trouver et signer une belle cohérence entre le fond et la forme qui guident et structurent ce roman du début jusqu'à la fin.
Mon avis à l’étape de la page 100 - Les Explorateurs 2020 :
Je suis très mitigée pour l’instant… le style de l’auteure, poétique et agréable d’un premier abord, me perd à force de métaphores, de comparaisons dont les lecteurs ne connaissent pas forcément les références croates … Le style est descriptif mais laisse beaucoup place à l’imagination. J’aimerais en savoir davantage sur les personnages, qui finalement échangent très peu verbalement. Très partagée à ce stade mais peut-être que le reste du livre saura me conquérir.
Ma chronique :
Dans ce roman croate nous suivons Dada, qui retourne dans sa ville natale, Staro Naselje, pour résoudre l’énigme du suicide de son frère Danijel qui s’est produit quelques années plus tôt.
Conquise par la quatrième de couverture et cette couverture magnifique, il me tardait d’en apprendre davantage sur Dada, sa famille et son histoire. J’avais hâte de découvrir la Croatie avec ses yeux.
Durant notre lecture nous suivons cette jeune femme qui semble perdue dans sa vie, avec des relations familiales pas tout le temps idéales avec sa sœur et sa mère. On découvre en même temps que Dada, qu’elle ne connaissait finalement pas son frère si bien que ça.
L’ambiance de ce roman est pesante, pas très gaie, mais c’est la vie de Dada, désenchantée et sans fioritures. Ce roman nous montre une Croatie crue, loin des images de paradis et de mer bleutée que j'imagine, une « véritable décharge à ciel ouvert » où la violence est très présente.
J’ai lu qu’on comparait cette auteure à une poète et je suis totalement d’accord. Son style est vraiment poétique, mais malheureusement je n’ai pas été conquise. Les nombreux flashbacks soudains, les métaphores que je n’ai pas toujours comprises et un cadre narratif pas assez précis pour moi (laissant beaucoup de place à l’imagination) m’ont perdue. J’attendais beaucoup de ce roman, peut-être trop d’ailleurs, et je n’ai malheureusement pas réussi à entrer totalement dans l’histoire et dans la tête de Dada.
Mon avis à la page 100 (Les Explorateurs 2020):
Que dire… Ce n’est pas tant la plume qui me dérange, au contraire j’y trouve parfois des airs de poésies, un petit quelque chose qui me plait. Pourtant je n’arrive pas à accrocher avec cette histoire. J’y vois un désir de peindre le portrait d’un pays, d’un endroit, d’un quartier, d’une vie et je commence à voir l’arrivée de l’enquête concernant la mort du frère de Dada. Mais l’ensemble est décousu, ce qui pourrait imposer un rythme intéressant, mais c’est pour moi trop lent. Je ne perds pas espoir, qui sait ce qui m’attend dans la poussière de cette époque d’après-guerre ? A suivre donc !
Ma chronique :
Qu’elle est dure à écrire cette chronique, comment résumer ce livre et mon avis ? J’ai commencé ce roman en pensant lire l’enquête d’une jeune fille, Dada, de retour dans sa ville natale, sur la mort de son frère dans une époque d’après-guerre. J’ai, je l’avoue, vite déchanté. Ma lecture a été très, très lente, j’ai eu beaucoup de mal avec la narration qui n’est pas à la hauteur du style de l’auteur. Je me suis donc retrouvée confrontée à deux déceptions : celle du gouffre entre le style et la narration, et l’impression que le roman ne tient pas ses promesses vis-à-vis de la quatrième de couverture. Ainsi c’est la déception qui prend le pas sur cette lecture.
J’y trouve tout de même des bons points dans le style et la fin. J’ai beaucoup aimé la poésie et la fluidité de la plume de l’auteur, qui écrit magnifiquement l’oralité et la folie. Quant à la fin, sans trop en dire, j’ai trouvé que la narration était enfin à la hauteur du style et j’ai lu le dénouement avec plaisir et avidité.
Ce qui ressort surtout de cette lecture, c’est l’impression de passer à côté de quelque chose. Là où je pensais trouver une recherche avide de la vérité, je n’ai lu que le quotidien décousu de Dada, personnage principal de cette histoire. Celle-ci est difficile à cerner, ce qui aurait pu être intéressant si le début n’avait pas été aussi lent. J’ai eu l’impression de passer à côté du personnage et de son enquête, mais le travail de description de cette ville après la guerre est impeccable. On ne mentionne presque jamais cette guerre, mais on sent la volonté de se reconstruire même dans la poussière. Les personnages sont pourtant intéressants, mais il manquait quelque chose pour moi dans cette lecture. S’ajoute à cela une ambiance carrément glauque et lourde qui, encore une fois, aurait pu être intéressante mais m’a juste déprimée.
Les deux dernières parties m’ont plus accrochée, j’ai moins ressenti ce sentiment de passer à côté, et j’ai aborder la fin plus sereinement. Je ne sais pas comment conclure, la poésie de la plume de l’auteure m’a absolument enchantée, mais l’histoire en elle-même ne suit pas, malheureusement, et laisse pendant presque toute la lecture une impression de lourdeur.
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