"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'année 1935 marque un double tournant dans la carrière, déjà fort bien remplie, de la jeune actrice. En l'espace de quelques mois, elle entame un long compagnonnage professionnel - il se poursuivra jusqu'en 1955 - avec Henri Decoin, qui deviendra rapidement son premier mari, et se voit choisie par Anatole Litvak pour prêter ses traits délicieux à la tendre Maria Vetsera, héroïne involontaire du drame de Mayerling. Le rôle constitua, d'une certaine manière, une rupture avec l'emploi-type qui avait été celui de Darrieux au cours des deux années précédentes. Après avoir personnifié, avec un talent rare, des donzelles aussi insupportables que jolies en quête de leur Prince Charmant, l'espace d'une dizaine de comédies plus prestes, enlevées et délicieuses les unes que les autres (La Crise est finie, Robert Siodmak, 1934 ; Dédé, René Guissart, id. ; Quelle drôle de gosse, Léo Joannon, 1935), elle s'appropria sans difficulté apparente un personnage plus dense, servi par une sensibilité à fleur de peau constante, mais dépourvu du moindre affect. Reine des crises de nerfs à la demande, passée maître depuis longtemps dans l'art de trépigner, non moins experte dans celui de décocher à son partenaire un regard au choix enjôleur ou mouillé, ravi ou chaviré, elle s'imposa, à la seule faveur du rôle de Maria, comme l'actrice française de très loin la plus prometteuse de sa génération. Et les promesses furent tenues. Largement.
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