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Au printemps 1998, le Festival international du film documentaire de Nyon présentait "Skin or die" en première mondiale. Les Hammerskins étaient alors presque inconnus. Leur émergence n'avait attiré l'attention ni de l'opinion ni des pouvoirs publics, lorsque le réalisateur Daniel Schweizer découvrait, en Suisse, ces jeunes désorientés par la crise sociale et morale qui voient dans la barbarie une perspective d'avenir. La projection de cette enquête à Temps Présent et sur Arte et les articles qu'elle a suscité ont fait connaître ce mouvement et le réseau international, commercial et politique auquel il appartient: les entreprises du mouvement diffusent les outils de propagande (publications, CD, cassettes vidéo, gadgets); les membres surfent sur Internet et diffusent dans l'Europe entière dates et lieux des concerts-manifestations qu'animent des chants racistes, nationalistes on guerriers: "50% de politique, 50% de musique" est la consigne; les militants font la tournée de ces rassemblements pour attirer de nouveaux adhérents. Leur nom rappelle le Front allemand du travail (deutsche Arbeitsfront) que les nationaux-socialistes (nazis) opposaient au mouvement ouvrier. Ils veulent rassembler des jeunes travailleurs blancs. Révélant une réalité, Skin or die d'une certaine manière a anticipé l'évènement. C'est dire que pas plus les autorités que l'opinion publique n'ont pu encore prendre la mesure du changement: l'apparition d'une politique raciste. Les concerts-manifestations de cette mouvance nostalgique du nazisme - qu'ils violent ou qu'ils ne violent pas les dispositions pénales réprimant la discrimination raciale (article 261 bis du Code pénal suisse) - suscitent depuis plusieurs mois un important débat. Les autorités sont-elles laxistes ou au contraire exagérément répressives? Faut-il prévenir, voire combattre le développement de cette nouvelle idéologie ou faut-il laisser s'exprimer ce qui serait considéré comme une sous-culture alternative ? Les auteurs du présent dossier et du film sont clairs: cette idéologie, cette mouvance sont dangereuses. Toutefois, la répression ne constitue qu'un des instruments d'action, et cet instrument n'est peut-être pas le plus important. Les contributions réunies dans ce livre et les différents domaines - pédagogique, historique, sociologique, documentaire et éthique - qui sont les leurs se rejoignent sur l'essentiel: Il faut dialoguer, informer, prévenir ! La mise sur pied d'une information préventive à l'intention de la jeunesse, des responsables de l'éducation mais aussi de l'opinion publique est la priorité numéro un. Elle est une condition nécessaire à l'affermissement d'une volonté démocratique confiante en elle et qui puisse faire pièce à la dérive raciste. Le vote de la Loi contre le racisme a révélé une forte sensibilité à cette cause et imposé sa nécessité. Mais des dispositions pénales sont réduites à l'impuissance si elles ne sont pas articulées avec une action préventive, qui est aujourd'hui dramatiquement sous-équipée.
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