Une liste qui regroupe les lectures les plus passionnantes du moment
« Ils sonnent à l'interphone, s'annoncent, entrent, ouvrent leur casier fermé à clef, y déposent leurs sacs, leurs manteaux, se lavent soigneusement les mains au savon, pendant plusieurs secondes, chacun leur tour, sans parler, sèchent leurs mains avec du papier puis les passent sous une pompe géante de solution hydro-alcoolique, se les frictionnent longtemps, sèchent leurs mains avec du papier, enfilent chacun une blouse jaune transparente, Vincent attache celle d'Alice dans le dos, Alice attache celle de Vincent.
Ils ouvrent la porte qui sépare César du reste du monde. Chaque matin, après avoir accompli tout cela, Alice met la main sur la poignée de la porte, chaque matin elle prend une grande inspiration, ferme les yeux et dit tout bas : j'espère que la nuit s'est bien passée. Chaque matin.
En réalité chaque matin elle se demande : mon bébé est-il mort ? »
Une liste qui regroupe les lectures les plus passionnantes du moment
Alice et Vincent, un jeune couple heureux, lumineux, attend un enfant.
Mais le petit César va naître à 33 semaines, deux mois avant la date prévue.
Neonat, couveuse, intubation.... deux mois d'angoisse, de peur.
Finalement il s'en sortira, mais Alice, qui a caché ses angoisses, a du mal à s'en remettre.
Un livre touchant sur la difficulté de devenir parent, sur le drame de la prématurité, sur le baby blues commun à toutes les mères.
C'est parfaitement analysé, clairement exprimé, avec des mots justes, sans pathos.
On comprend si bien ce que traverse Alice.
Il est parfois difficile de lire certains livres et pourtant ils nous attirent. La peur d’avoir mal, de souffrir, de raviver une douleur enfouie depuis des années. Il est là, sur l’étagère depuis sa sortie. M’attendant. Me guettant. Je le feuillette. Le déplace. Le met en évidence. Rien n’y fait. Il reste à patienter durant des mois. Allez savoir pourquoi, aujourd’hui je l’ai lu, d’une traite. J’étais prête.
Cette histoire est celle de Vincent et Alice dont leur petit garçon est arrivé au monde un peu, beaucoup, trop tôt. C’est aussi celle d’un combat pour la survie. De cette mort qui rôde sans cesse. « Il est minuscule. Encore plus minuscule que tout à l’heure. C’est à peine si je le reconnais. Il ressemble à un petit vieux, la peau fine, ridée de n’être pas assez pleine, le visage fatigué de celui qui a déjà vécu plusieurs vies. La sienne ne fait pourtant que commencer. »
Elsa Flageul parle de ces jeunes parents. De l’avant et l’après prématurité. L’enfant qui bouscule toute une vie à 2 en quelques secondes. Ils n’étaient pas prêts. Le choc est violent mais le bébé est bien là. Ils doivent faire face à la situation. De l’arrivée, au combat et au dehors.
Un roman sensible qui fait écho chez de nombreux parents. Les faits sont là, réels et ils bousculent. Il ne fait pas mal, je dirais plutôt le contraire. La plume d’Elsa Flageul est délicate, rendant l’histoire belle et pleine d’espoir. Je me suis reconnue dans certains passages avec les mêmes interrogations et doutes. « Est-ce vrai ? Vais-je moi aussi être touchée par la grâce et aimer instantanément, plus que moi-même, semblerait-il, cet enfant ? Est-ce que le fait qu’il soit né plus tôt ne va pas gâcher ça, ne va pas m’empêcher de ressentir ça ? Ne vais-je pas avoir peur de son corps, de sa fragilité ? Et si cela n’arrive pas ? Et si chez moi, ça ne fonctionne pas ? » Avec du recul, j’aurais aimé le lire avant de devenir mère. Il peut être une épaule sur laquelle se reposer, une réalité dont on nous protège trop durant la grossesse. Car oui, la naissance ne suit pas des règles bien précises et un couple n’y est jamais préparé. Bouleversant de vérité.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/12/19/38713644.html
Je suis malheureusement restée un peu à la surface de ce livre alors que le thème de la prématurité aurait dû me toucher. J'ai trouvé que parfois le récit sonnait plus littéraire que vrai, il n'est jamais question du poids du bébé par exemple alors que c'est quelque chose de très important dans ces cas et l'auteur se focalise surtout sur les sentiments de la maman et moins des détails concrets qui auraient rendu le récit plus vraisemblable et plus touchant.
7/10
https://vie-quotidienne-de-flaure.blogspot.com/2019/08/A-nous-regarder-ils-s-habitueront-Elsa-FLAGEUL.html
Alice et Vincent vont être les heureux parents de leur premier enfant Deux mois encore pour se préparer. Mais César arrive "trop tôt".
Je peux seulement dire qu'Alice ne m'a pas émue. J'ai aimé lire ce moment de vie mais j'ai été toujours en retrait. C'est un livre intéressant, sensible mais pas émouvant ni larmoyant.
Les soignants sont d'un grand soutien pour ces parents désœuvrés. Elsa FLAGEUL, dans son roman, en fait l'éloge et il est bien mérité.
Tous les ans, la famille rencontre le pédiatre qui suit César. Retour à l'hôpital qui a entendu les premiers cris du prématuré.
La dernière phrase est une belle note d'espoir pour cette famille que l'on suit pendant 2 ans.
«J'ai appelé un taxi. Entre mes jambes ça coule, ça n'arrête pas de couler. J'ai mis un pantalon large pour que ça ne se voie pas et j'ai emporté une serviette de toilette pour mettre sous mes fesses, dans le taxi. Pour que le chauffeur ne s'aperçoive pas que j'ai perdu les eaux et que je peux accoucher à tout moment, ou presque.» Pour son cinquième roman Elsa Flageul a choisi de mettre en scène un couple dont l’enfant arrive prématurément, à sept mois. Un événement qui va bouleverser toute leur vie.
Certains romans vous touchent parce qu’ils font résonner en vous de fortes émotions, parce que vous retrouvez dans votre lecture des situations qui ont touché le plus intime de votre être. C’est le cas avec ce roman sensible et délicat qui m’a rappelé l’épisode le plus douloureux de ma vie, la perte d’un enfant deux jours après sa naissance. J’avoue avoir mis longtemps à me décider à le lire et si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il m’a aidé. Et s’il est impossible de se préparer à un tel drame, il est essentiel de savoir que d’autres ont vécu des situations similaires et qu’ils s’en sont sortis.
Alice et Vincent se préparent à cet «heureux événement», imaginent leur rôle de parent, cherchent un prénom, pensent à l’aménagement de leur appartement. Se réjouissent. Jusqu’au jour où le drame survient, où Alice part aux urgences, deux mois avant le terme prévu de sa grossesse.
Avec beaucoup de pudeur, Elsa Flageul raconte la violence de la course contre la montre qui s’engage. Parce que les parents se retrouvent démunis, parce que le système hospitalier leur «prend» leur enfant, parce que dès lors il faut vivre l’angoisse au ventre. Parce qu’à partir de ce moment, leur vie a basculé. Pour toujours. Finie la vie d’avant, celle où ils étaient seuls, celle où ils n’avaient pas peur. Car «la peur, c’est comme le froid, ça vous glisse sous la peau, ça vous rentre sous les ongles, ça vous glace le sang, ça vous gèle les os, c’est tout le corps alors qui se met à trembler, à claquer des dents, et même quand l’atmosphère se réchauffe, le corps garde en lui le souvenir du tremblement, de l’effroi, comme une empreinte.»
La romancière montre aussi fort bien que si ce drame touche le père et le mère, chacun ne réagit pas de la même manière. L’histoire, le vécu est individuel. À tel point que l’on ne comprend plus son mari et sa femme, à tel point qu’il arrive souvent que le couple ne résiste pas à une telle déflagration. «On a beau faire, imaginer, préparer les mouchoirs, envisager les chutes, quand il [le malheur] vous tombe dessus, il est toujours plus lourd que ce que vous avez jamais pu porter.»
De belles pages racontent aussi combien l’entourage peut-être un facteur aggravant, souvent par maladresse. Parce que la famille, les amis ne savent pas non plus que faire, comment réagir. De ce point de vue aussi, ce roman éclaire les choses:
« Certains sont conscients de la situation, s’inquiètent, demandent à être rappelés, n’importe quand, même la nuit, formidables on vous dit. D’autres sont complètement à côté de la plaque, ils n’ont tout bonnement pas compris ou pas mesuré, un bébé est un bébé, on ne va pas chipoter non plus. Alors ils demandent à voir l’enfant, la merveille, la beauté, débitent sans s’en rendre compte ces mots banals que l’on dit lorsque l’enfant paraît et qui, sans le vouloir, sont si cruels aujourd’hui, si à côté : c’est que du bonheur, profitez bien, baisers à vous trois (eh oui maintenant vous êtes trois!!), plein de bisous à la jolie famille, il est magnifique c’est certain. Et des cœurs, et des fleurs. Certains réclament des photos que je ne leur envoie pas, ce n’est pas le bébé dragon, sondé et perfusé, qu’ils attendent. »
Les jours et les semaines qui suivent ne feront pas retomber la pression, bien au contraire. Maintenant, quand leur histoire est connue, qu’elle circule, ils doivent affronter la condescendance, la fausse solidarité, voire la curiosité morbide. Se débattre avec ces histoires censées rassurer et qui ne font que montrer le gouffre qui sépare ceux qui sont extérieurs à ce drame et ceux qui y sont plongés et que Alice décrit parfaitement: «Ce n’est pas maintenant. Ce n’est pas moi. La Vie n’est qu’une histoire de cas particuliers. Rien ne fait sens. Rien n’est juste. Rien ne se ressemble? Une vie, ça ne se mesure pas. Une vie, ça ne se compare pas.»
https://collectiondelivres.wordpress.com/2019/06/14/a-nous-regarder-ils-shabitueront/
Que ressent-on, en tant que mère, que parents, face à la naissance d'un prématuré de 7 mois alors que l'on ne s'est pas encore préparé à être mère, parents?
C'est une des questions que pose Elsa Flageul à travers l'histoire d'Alice, de Vincent et du petit César, né 2 mois trop tôt.
Toute naissance est un bouleversement physique et psychologique, la place de chacun doit être repensée et les relations se reconstruisent différemment. Sauf que l'arrivée d'un prématuré, c'est violent; voir son bébé nourri à la sonde gastrique, entouré de machines, ne pas pouvoir créer le lien physique mère-fils, penser à la mort dès la naissance rendent l'identification au rôle de mère quasi impossible.
C'est tout un maelstrom de sentiments qu'Elsa Flageul nous invite à ressentir à travers les émotions d'Alice, des émotions parfois négatives, de rejet, difficiles à comprendre dans une société qui magnifie la naissance et en renvoie une image rose et aseptisée.
Ce livre aborde, à travers la fiction, des sujets parfois tabous : oui, les bébés ne sont pas beaux à la naissance; oui, on ne naît pas mère, on le devient pour paraphraser Simone de Beauvoir; oui, les parents peuvent ressentir de la peur et être déstabilisés devant cette nouvelle vie qu'ils ont donnée; oui, un couple peut vaciller, voire se déliter à l'arrivée d'un enfant.
J'ai, en particulier noté, les jugements négatifs de l'entourage et du personnel médical lorsqu'Alice décide de ne pas allaiter son fils; combien de femmes se sont-elles senti obligées d'allaiter à cause de la pression familiale, sociétale, voire religieuse?
Un sentiment de culpabilité irrationnel est très prégnant dans le roman : pourquoi n'ai-je pas su/pu garder en moi mon bébé plus longtemps? Ce sentiment de culpabilité jalonne la vie des mères face aux difficultés diverses et variées de leurs enfants, à leur mal-être.
Ce roman offre également une immersion dans le milieu hospitalier et plus particulièrement dans les services néo-nataux. Il est à la fois rassurant, accueillant mais peut sembler hostile, violent, infantilisant; les parents n'osent pas poser les questions qui les taraudent de peur de passer pour des idiots auprès de médecins auréolé d'un savoir qui leur est étranger et dont ils ne comprennent même pas le vocabulaire.
Malgré l'émotion véhiculée par ce roman et les thèmes essentiels qu'il aborde, je n'ai pas été touchée au coeur; j'ai eu plus l'impression de lire un témoignage qu'un roman.
C’est l’histoire d’un couple dépassé par ce qui lui arrive.
Alice et Vincent ne sont pas totalement prêts à devenir parents. A sept mois de grossesse, ils n’ont pas encore choisi le prénom ni constitué le trousseau. Comme pour se laisser le temps de grandir encore un peu avant d’accueillir leur enfant.
Mais Alice accouche d’un petit garçon prématuré. Qu’ils décident d’appeler César, un nom d’empereur, de battant, pour lui donner toutes les forces dont il aura besoin pour surmonter les épreuves.
C’est l’histoire d’un couple qui veut rester soudé face à l’adversité et dont chacun prend à tour de rôle le rôle de pilier,
C’est l’histoire d’une femme, d’une mère en souffrance, qui n’était pas prête à vivre ces difficultés mais qui essaie de faire face.
C’est l’histoire d’un amour universel, qui relie les êtres. Une histoire d’espoir au milieu de la souffrance.
C’est un roman écrit avec le cœur, sensible, juste qui se lit d’une traite avec les larmes au bord des yeux, qu’on soit parent ou pas.
Je remercie chaleureusement Les Editions Julliard pour l'envoi, via net galley, du roman "À nous regarder, ils s'habitueront" de Elsa Flageul.
Alice est enceinte de sept mois.. Tout va bien mais soudain elle perd les eaux.
L'enfant arrive, mais rien n'est prêt que ce soit dans l'appartement ou ... dans la tête des futurs parents !
L'enfant va arriver en avance et chambouler profondément la vie d'Alice et Vincent.
"À nous regarder, ils s'habitueront" nous présente de nouveaux parents, mais surtout Alice, la maman. Sa surprise en comprenant qu'elle perd les eaux, son angoisse en comprenant que le bébé arrive vraiment. Elle prévient enfin Vincent, qui lui aussi ne s'attendait pas du tout à ça, si tôt.
Il y a ensuite la naissance et l'angoisse à l'arrivée de ce petit prématuré, né à sept mois de grossesse.
L'inquiétude surtout : ils arrivent à l'hôpital voir leur bébé mais celui-ci est t'il encore bien vivant ??
Ce roman est emprunt de sensibilité et très touchant. Il y a beaucoup de non-dits dans ce couple qui n'était pas prêt pour être parent à cet instant là. Le ton d'Alice est criant de vérité et parle à la maman que je suis, même si mon fils n'est plus du tout un bébé et que plus de vingt ans se sont passés depuis sa naissance. Mais les sentiments de cette jeune femme me parle évidemment, ils résonnent et font écho à ce que des amies ont vécues en mettant au monde un enfant prématuré.
Ce court roman est bien écrit, j'ai apprécié la plume d'Elsa Flageul et il me plairait de la relire.
Pas de coup de cœur mais un joli moment de lecture en ce dimanche après midi.
Je mets quatre étoiles :)
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J'aime bien la citation finale...une vie, ça ne se compare pas. Et pourtant on en fait des livres. Cela m'a fait penser à une phrase de mon père qui m'avait choquée; il s'agissait d'un bébé mort à la naissance et il a dit bof, on n'a pas eu le temps de s'y attacher...