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"Quand j'ai sauté en marche dans la photographie, elle était en bois. Aujourd'hui, la voici devenue quasiment électronique. Je reste le nez à la portière avec la même curiosité que le premier jour".
Celui qui a vu défiler le XXe siècle devant son objectif jamais ne se prenait au sérieux, et c'est lui tout entier, sa verve, sa drôlerie, sa tendresse, qu'on retrouve dans ces textes, fruit d'un échange épistolaire de cinq années avec Jean-Luc Mercié, l'éditeur original du livre (chez Belfond, en 1989).
Ici, souvenirs, anecdotes, portraits s'ordonnent comme autant de prolongements poétiques des images de Doisneau. Et si on voit défiler Cendrars, Braque, Brancusi, Léautaud, Picasso, Léger ou Cavanna, on retourne aussi au temps où le photographe, qui travaillait avec du magnésium en poudre, était reçu à la cuisine avec un verre de rouge...
Voici des mémoires en demi-teinte. Doisneau, le pudique, ne nous racontera pas ses mises en scènes, parmi lesquelles le célèbre baiser, mais plutôt ses rencontres photographiques et ce qu'il pense de la photographie et de son évolution.
Doisneau n'était pas un photographe reporter comme l'était Cartier-Bresson ni un photographe à message comme Salgado, et n'aurait pas voulu l'être. Ses mémoires font ressortir cet homme tout simple ou qui se voulait tel.
Une belle leçon d'humilité.
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