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Une femme travaillant dans l'aide sociale à l'enfance est mise à pied. Elle est manifestement une très bonne soignante. C'est l'institution qui dysfonctionne. La violence que vit la petite enfance est terrible. Le rapport à l'intime l'est aussi. Le rapport au pouvoir de l'institution est ravageur. La pièce se déploie autour de trois axes de parole : l'éducatrice qui parle à l'enfant, l'éducatrice convoquée par la, les différentes instances / l'éducatrice qui se souvient de ce qui s'est dit / l'éducatrice chez son psychiatre.
Une éducatrice est mise à pied après avoir alerté sa hiérarchie sur les violences physiques perpétrées par un de ses collègues sur une petite fille qu'elle suit dans un foyer d'enfants maltraités.
Une éducatrice d'une Maison de la Protection de l'Enfance se souvient de sa mise à pied décidée par la direction après qu'elle a dénoncé les violences exercées par un de ses collègues contre une enfant. Elle se souvient des collègues qui l'ont soutenue et du déni de la direction. Elle se souvient aussi des rendez-vous réguliers qu'elle avait avec Jenna, cette enfant violentée par sa famille puis par l'institution. Elle se souvient des jeux et des paroles de l'enfant, de sa parole qui se libère sur les violences qu'elle a subies et les violences et les démons qui désormais l'habitent.
A ciel ouvert est une pièce de théâtre mise en scène par David Léon, auteur dramatique et comédien du Conservatoire National de Paris. Alors que se succèdent au niveau national les scandales liés à la gestion de l'Aide Sociale à l'Enfance, cette pièce met en scène les dysfonctionnements à répétition rencontrées par une éducatrice au sein d'une Maison de Protection de l'Enfance. Cette éducatrice est mise à pied après avoir dénoncé les violences commises par des collègues sur des enfants, puis réhabilitée, lorsque sont révélées les carences en communication de la structure.
La première scène réunit l'éducatrice, la directrice et le directeur général. L'éducatrice subit les remontrances d'un duo de dirigeants unis par « la connivence, la complicité et le consentement », mus par le pouvoir et l'autorité: il n'est nullement question de protection des enfants dans leur démarche… Dans les propos des uns et des autres, on comprend néanmoins l'urgence d'une réforme, d'une réorganisation pour que les conditions matérielles et humaines soient optimales afin d'accueillir au mieux les enfants victimes. le mal-être généralisé de la profession est mis en scène par le jeu des dialogues et les réflexions de l'éducatrice.
Dans cette maison dite « de protection de l'enfance », l'ambiance est devenue toxique pour les soignants et les encadrants, comme pour les enfants. L'éducatrice se souvient d'échanges avec « Jenna » une enfant très perturbée, qui souffre de troubles de la personnalité, conséquences des maltraitances subies. le monde intérieur de cette enfant est d'une violence indicible: elle semble s'inventer des récits imaginaires dans lesquels elle met en scène ses traumatismes. Ses parents sont des démons et un double d'elle-même est une héroïne capable de superpouvoirs pour les combattre. La gravité, la douleur et la solitude qui émanent de ses propos dévoilent une enfant totalement dévastée qui réclame de l'aide.
Un parallèle nait entre ces enfants maltraités et cette éducatrice rejetée : « jetée comme une enfant placée« , pour « faits graves, signalements, plainte à son encontre », mais les faux témoignages et fausses preuves sont révélés, elle est victime de manipulation. Les collègues et syndicats se mobilisent alors contre la hiérarchie, mais en vain. Lanceuse d'alerte sur des faits graves et avérés, l'éducatrice reçoit comme un boomerang sa mise à pied, elle n'est qu'un fusible, pour l'exemple. Elle est licenciée pour inaptitude, on lui reproche de n'avoir pas su s'intégrer au moule de « la folie médico-sociale« . le sujet est porteur de réflexions pertinentes sur notre société, sur l'inceste et les violences faites aux enfants. le dialogue entre l'éducatrice et l'enfant met en lumière le fait que le combat intérieur de l'enfant la guide vers la vie et que la Parole sauve.
Le sujet est extrêmement difficile et pourtant si essentiel. L'évoquer au cours d'une pièce de théâtre brève et intense, permet de le mettre en lumière, de faire passer un message primordial. Je ne suis pas une adepte de théâtre mais lire cette pièce fut une expérience immersive et bouleversante. Les ressorts tragiques de cette pièce révélent les émotions du public et permettent de réfléchir à la condition des enfants, qu'ils soient placés dans des structures gérées par l'ASE ou qu'ils restent chez leurs géniteurs. A ciel ouvert est une pièce à voir ou à lire. Une nouvelle fois, je suis épatée par la richesse des titres proposés lors des Masses Critiques Babelio, que je remercie au passage pour l'envoi de cette pièce.
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