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Vous connaissez les Editions In8 ? Non ? Moi, j’adore leurs parutions. Elles n’apparaissent pas dans les listes des grands prix d’automne et pourtant elles publient de grands noms de la littérature : Marcus Malte, Marin Ledun, Elena Piacentini, Nicolas Mathieu et… Yvon Coquil, celui dont je vais parler aujourd’hui à travers le "Dernier rempart".
Yvon Coquil est Brestois. Né à Brest, il n’a jamais quitté la Bretagne et vit à Brest encore aujourd’hui : un vrai Breton. Dans une autre vie, il fut charpentier fer à…l’arsenal de Brest. Il était grand lecteur, il s’est mis à écrire, des polars. Il sait comme personne y raconter la vie – souvent noire – des ouvriers de l’arsenal, leur travail difficile et leurs soirées bien arrosées. Sa dernière novella se passe dans le monde des supporters de foot, des amateurs invétérés du…stade brestois.
Deux personnages : Maout, soudeur dans une cale de radoub le jour, est supporter récent du club de foot de la ville le soir. Il va même assister aux séances d’entraînement de l’équipe. Il est fan absolu du gardien Kerveros. Il faut dire qu’il est libre – ce qui ne veut pas dire heureux – depuis qu’il est divorcé et voit peu sa fille Margot. Polvo, son copain, un vrai salopard disons-le, un ultra "IDS" (Interdit de Stade) est "massacreur" des adversaires, en fait, tout ce qui n’est pas brestois…On devine assez vite que l’histoire finira mal.
Noir, c’est noir, on sent vite qu’il n’y a pas d’espoir. Pour autant, comme d’habitude – j’ai lu toutes ses publications ou presque – j’ai beaucoup aimé la plume de l’auteur. C’est bien écrit, enlevé, acéré et sans fioritures. La construction est parfaite, le suspense présent, et les quatre-vingt-huit pages avalées d’une traite, sans même trinquer à L’embuscade, le QG des supporters. C’est un texte extrêmement fort qui me conforte, s’il en était besoin, que le court donne rythme, sobriété et profondeur.
"Dernier rempart", d’Yvon Coquil : un portrait certes sombre mais objectif, me semble-t-il, de ce monde souvent bête et méchant de certains supporters de foot. Dramatique et pourtant addictif !
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Yvon Coquil, je le connais bien, j’ai déjà lu un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain de ses ouvrages. J’apprécie tout simplement son écriture et les personnages qu’il met en scène que ce soit dans des romans, des novellas ou des nouvelles. C’est encore le cas dans son nouveau recueil de nouvelles joliment intitulé "Vagues".
Dans ce dernier opus, nous retrouvons, comme dans ses précédents ouvrages, sa vie, ses potes, sa Bretagne, son arsenal où il fut charpentier-fer, sa ville de Brest. Plus Breton que lui, tu meurs, plus fidèle aux origines aussi. Et c’est cela que j’aime chez lui, cet amour des autres, dit tout en retenue, cette manière de mettre ses anciens collègues de travail à l’honneur, cette façon de leur dire, mine de rien, qu’il les aime et ne les oublie pas. On le sent fier de leur travail commun, du temps passé avec eux à transpirer dans les cales sèches des bateaux, maniant le chalumeau en faisant fi du mal de dos. Ses personnages sont des gens humbles et travailleurs, issus souvent de familles simples, habitant des quartiers populaires.
Oui, les nouvelles sont plutôt noires, racontant les luttes ouvrières et la vie souvent peu reluisantes de ses acteurs. Pourtant, il y a toujours un fond d’humanité qui permet d’espérer. Bien sûr, je ne vais pas vous les raconter. Elles se dégustent, l’une après l’autre, dans l’ordre ou le désordre. Mais dès la première, "Alfred", le ton est donné. Alfred a fait des études, l’école de police, alors que Dardoup, son copain depuis l’école maternelle s’est perdu " …dans le système de l’école publique laïque et obligatoire pour échouer, disait-on, en apprentissage dans un chantier naval." Il n’empêche, Dardoup, en entrant dans ce commissariat où il retrouve par hasard Alfred, à l’aide de quelques bribes de conversation entendues, va réussir un sacré coup qui, comme souvent chez Yvon Coquil, se révèle en une dernière phrase couperet.
L’auteur a su conserver cette plume que j’aime tant et qu’il trempe à la fois dans le sirop et l’alcool fort. Elle est noire et rose, à la fois baume et toile émeri, sèche, vive, directe, mais emballée dans une sorte de papier de soie qui en fait tout le charme.
"Vagues", un très beau recueil mis en valeur par une superbe couverture signée Gildas Java, dessinateur – forcément – breton.
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"Liste noire"… Dans cette novella, comme souvent, Yvon Coquil nous parle de Brest – où il est né et vit toujours – et des CNR (Chantiers Navals de Réparation) où il a travaillé en qualité de charpentier fer. Autrement dit, il sait de quoi il parle, en parle bien et l’écrit magnifiquement.
Liste noire, une suite de noms d’hommes qui vont devoir rendre leur tablier. Restructuration, c’est le mot des patrons, chômage pour les ouvriers, leur hantise. Lucas Dardoup fait partie de ceux qui attendent. Lui, il vit seul depuis qu’il s’est séparé de sa femme, ou qu’elle est partie, sans enfants mais avec un père dont il faut payer l’EHPAD. Il va donc essayer de persuader Marco de prendre sa retraite – il est en âge de le faire – en gros de sauver son poste.
Noire est l’histoire, aussi sombre que la liste, et l’écriture de l’auteur la sert à merveille. A coups de phrases sèches et percutantes, d’un vocabulaire totalement adapté, d’un rythme soutenu, Yvon Coquil nous entraîne à la suite de ses personnages, des prolétaires aux abois, sans laisser au lecteur le temps de respirer.
J’ai craint un moment que l’auteur n’ait changé de parfum. Celui de la rose commençait à embaumer le texte. C’était bien mal le connaître qui d’un mot, d’un seul, retourne la situation et signe une fin magistrale.
MAGISTRAL !
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Noir, très noir encore une fois chez In8, dans la désormais fameuse et toujours excellente collection Polaroïd. Court roman qui met en scène des ouvriers en galère. Les trafics en tout genre les cernent, chacun connaît l'un ou l'autre des trafiquants, fréquentation de jeunesse, collègues de boulot. Lucas est clean, bien qu'il soit pote avec des mecs pas reluisants. Son objectif à lui, c'est de garder son boulot pour pouvoir continuer à payer la maison de retraite de son père qui le reconnaît à peine, et encore les bons jours.
Yvon Coquil déroule son histoire et plus on avance, plus on va dans du noir, le climat brestois n'aidant pas à éclaircir la couleur dominante. La violence est présente mais pas décrite, on la ressent, souvent Lucas arrive après coup et décrit la scène sobrement, sans hémoglobine coulante. L'auteur va au plus court sans effet de style ou de manche. Economie de moyen pour une efficacité avérée.
Encore du noir, encore du bon.
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