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Presque canonisé de son vivant, René Char semble armé pour affronter le temps. Albert Camus le décrit de la sorte : "il est sans doute passé par le surréalisme, mais il s'y est prêté plutôt que donné, le temps de s'apercevoir que son pas était mieux assuré quand il marchait seul."
Héros de la Résistance sous le nom de Capitaine Alexandre, Char va nous offrir de "Feuillets d'Hypnos" à "Eloge d'une soupçonnée" quelques-uns des plus beaux poèmes du vingtième siècle. Des poèmes où maniant l'ellipse de main de maître, il saura faire exploser mille aphorismes grâce à la fulgurance de son verbe.
Ce qui frappe d'emblée chez lui, c'est la densité incroyable de son langage, ce feu central auquel s'alimentent comme des laves en fusion les fleurs incandescentes d'une "parole en archipel" qui paraît elle-même animée d'une inlassable énergie. Le choix de la cristallisation et la primauté conférée aux images ne peuvent à l'évidence mieux caractériser un tel art. Ainsi que le note Jean Starobinski, Char à travers elles "donne le sentiment de l'ouverture. Un espace accru apparaît devant nous, s'illumine en nous. Cet espace s'offre à nos yeux ouverts. Il n'a pas les facilités du songe : c'est le volume foisonnant et rude de notre séjour terrestre, c'est l'instant de notre souffle présent, révélés dans leur étendue plénière."
A son tour, Maurice Blanchot lui emboîte le pas : ces images, dit-il, où s'unissent le caractère inentamable des choses solides et le ruissellement du devenir, l'épaisseur de la présence et la scintillation de l'absence". Comme il pousse jusqu'au paroxysme une démarche poétique dont lui seul "possède les clefs", Char naturellement s'expose à la critique. D'aucuns n'ont pas manqué de l'accuser d'hermétisme et lui ont quelquefois reproché d'engager la poésie française dans une impasse.
Il est vrai que la sienne, pour être comprise, réclame des efforts de la part des lecteurs. Le niveau d'exigence de l'oeuvre chardienne ne crée pas la même proximité que celle de Prévert (cela dit, je préfère nettement la première à la seconde) ; celle-ci porte en elle le mystère de son prestige et n'est pas sans afficher à certains moments une hautaine splendeur.
Signe de vitalité de ses écrits, quelques-uns d'entre eux ont été abondamment cités :
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront."
"A chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d'avenir."
"Tu es pressé d'écrire / Comme si tu étais en retard sur la vie..."
"J'ai passé des nuits pleines / A te regarder dormir / Penché sur ton éclat dans la vitre."
Rançon de son génie métaphorique qui embrasse la totalité de sa vision, Char est plus un magicien qu'un musicien des mots.
"De la musique avant toute chose" eût pu avec raison lui objecter Verlaine. Car dans les trouées d'abîme où il affûte si bien son poignard, la mélodie n'a guère voix au chapitre. Derrière le scalpel tranchant de l'expression, on a beaucoup de peine en effet à trouver chez lui ce qui chez d'autres poètes passe justement pour une signature : le chant, l'onde euphonique, la romance chuchotée, un tremblement musical du vers. Génial à divers titres, René Char reste à jamais un astre solitaire, prince de l'image et messager de l'indicible.
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