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« Le Vert Paradis et autres récits », un kaléidoscope fabuleux , Victoria Ocampo en lumière.
Fondatrice de la revue « Sur » depuis 1931. En 1946, cette dernière existait toujours. Un groupe d’intellectuels, « modernes, Américains, Latins et même Hispano-Américains. Tel était l’esprit du groupe de « Sur ». Nous étions là, dans notre Argentine, attirés vers l’Europe et retenus par notre terre natale ; ayant pour résidence spirituelle le monde et pour patrie, un pays immense… »
L’adage d’une revue cosmopolite et prodigieuse. L’aura de Victoria Ocampo, avant-gardiste, féministe, puissamment intellectuelle et intuitive.
Ce livre édité par les Éditions Vendémaire est éclairant et apprenant. « Le Vert Paradis : trois conférences de Victoria Ocampo : Le Vert Paradis, 338171 : Lawrence d’Arabie, Richesses de la France, Dette à la France, Les Nouvelles Épîtres . Une préface explicite de Silvia Baron Supervielle qui connaît sur le bout des doigts toute l’envergure d’Ocampo. Tant elle est habitée et par les deux langues et par la portée vertigineuse d’une illustre écrivaine, un corps à corps avec Victoria Ocampo.
« Victoria Ocampo n’est pas attirée par les mythes ni les romans ; elle se sent plus à l’aise en compagnie des écrivains pour lesquels la fiction n’existe pas ».
Née dans une famille aisée, les livres pour raison, elle pressent l’urgence éditoriale. Laissez une trace de son passage sur la terre-monde. Octroyer cette part de rêve et d’imaginaire pour tous. Donnez les outils pour se forger sa propre personnalité.
Elle, traductrice des plus grands, vouée à Virginia Woolf. Elle qui connaît Jorge Luis Borges, Tagore et Camus entre autre. Comment sublimer ses rencontres intellectuelles et spéculatives ? Ses lectures depuis sa plus tendre enfance n’auront de cesse d’élever l’attention, et l’éveil aux mots.
« Vert Paradis , la vie seule a le pouvoir d’enseigner à lire Shakespeare ou Dante. Vouloir expliquer Shakespeare à quelqu’un c’est, en quelque sorte, tenter de lui expliquer la vie ».
Elle, amoureuse des livres anglais : « la patrie spirituelle hors de laquelle la vie n’a plus de sens ni raison d’être ».
Elle décortique les diktats littéraires. L’enfance serait le point d’appui, le premier pas vers la littérature. Ses convictions dans notre contemporanéité sonnent comme un avertissement dans notre ère où les réseaux sociaux, les jeux vidéos sont un embrigadement, un danger qui étouffe le libre-arbitre et le courage de lecture. Elle dévoile les romans-sources.
« Le contraste entre la méchanceté des Thénardier et la grandeur de monseigneur Bienvenu, la pitié que m’inspiraient les chagrins de Cosette et les malheurs de Jean Valjean suffisaient à m’occuper entièrement ». « Comme les Îles-Vertes de cette légende, le vert paradis des lectures enfantines disparaît irrémédiablement. Mais un prince, sur son cheval ailé, s’est sauvé de la catastrophe et il continue à nous visiter quelquefois ».
Les textes s’emboîtent telles des poupées gigognes. 338171 T.E (Lawrence d’Arabie) dont elle admire l’esprit, l’envergure et la magnanimité. « C’était un homme des grandes plaines. Et c’est dans cette région, peuplée d’absences, que notre rencontre eut lieu. Le combat en tant que chef, sa réserve, l’ascétisme de ses mœurs, ses scrupules de conscience en tant que personne. Son génie et ses limitations ». L’œuvre de Lawrence d’Arabie devient siamoise, connivence et osmose avec celle de Victoria Ocampo. L’un et l’autre forgent aussi l’existence faite homme. « Tandis que les Sept Piliers de la sagesse peuvent devenir un de ces livres dont on ne voudrait jamais se séparer ».
Elle qui a appris le français dans sa petite enfance, « je passais vite de l’alphabet à l’Auberge de l’ange gardien et de l’espagnol au français ».
Ce livre qui condense magnifiquement la biographie de Victoria Ocampo, son cheminement de vie et le vivre-ensemble qui lui est précieux, tant c’est sa ligne de conduite. Le cosmopolite pour bataille quotidienne, la Babel littéraire. L’Argentine en diapason, l’ubiquité porte-voix, la culture européenne, le macrocosme : « ouvrir toutes grandes les fenêtres ».
Écrivaine de renom, l’ambassadrice perfectionniste qui n’a jamais eu de cesse de broder la littérature avec du fil opératif. Que dire de la préface de Silvia Baron Supervielle, jumelle de cœur et d’esprit avec le symbole Ocampo. Dans une collection qui porte bien son nom : « Compagnons de voyage ». Ce livre est une chance éditoriale hors norme.
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