"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un sacré chant que ce texte qui nous entraîne dans une prison indienne, avec une multitude de situations, de personnages. Une sorte d'enfer de Dante, avec des personnages hauts en couleurs, d'autres plus discrets. Des histoires individuelles et des histoires collectives dans cette prison. Des situations pleines de bruit et de fureur.
Je me suis un peu perdue avec cette ribambelle de personnages et de situations, mais je vais continuer mes lectures de cet auteur. Il nous parle de la société indienne avec de la violence, de la corruption, du désespoir. Il nous parle d'hommes en prison, vaincus ou du moins qui essaient de s'en sortir, avec les moyens du bord. Peut être un texte trop foisonnant et on a besoin de prendre son souffle face à certaines pages.
Il n'avait aucun moyen de savoir que la littérature n'est pas une arme pour conquérir le monde, c'est surtout une bombe qui fait exposer le moi afin que l'on passe au crible les atomes des fragments pour trouver le sens des origines. p 51
#Lechantdesvaincus #NetGalleyFrance
J’ai découvert Tarun Tejpal par son titre Loin de Chandigarh, ma première lecture d’un auteur indien, un premier coup de cœur. J’ai été naturellement attiré par ce titre, qui ne compte pas loin de sept cents pages, paru chez Buchet-Chastel, et qui n’a rien à voir avec le premier titre publié en 2006. Roman, documentaire, on ne sait plus vraiment trop parfois, c’est le roman-fleuve d’une prison parmi d’autres en Inde où sont entassés des prisonniers de tout horizon. Il a fallu sept cents pages parce que l’Inde est un pays babylonien, et qu’à travers ses prisonniers, c’est aussi l’exploration du territoire, de ses us et coutumes, de ses castes, de ses religions, langues, et cultures, un foisonnement incroyable de détails, qui ne cesse seulement parce qu’il a bien fallu conclure ce récit.
L’auteur rentre donc dans une prison de son pays, d’abord pour une vision globale, un établissement qui s’apparente aux neuf cercles de l’enfer de Dante, et même plus, car à un certain endroit, il n’hésite pas à prolonger l’enfer d’une autre strate, la prison dépasse toutes les limites du pensable et de l’imaginable. Les établissements pénitentiaires en France ont depuis franchi les limites de l’insalubrité, j’imaginais que dans un pays où le niveau de vie général de la population est plus pauvre qu’ici, le niveau de dénuement des geôles se place encore à un échelon au-dessus. Tarun Tejpal commence par expliciter le découpage de la prison, qui n’est autre qu’une reproduction fidèle de la répartition de la société indienne, ses castes et ses codes : on y retrouve exactement les mêmes normes sociales à l’intérieur de la geôle. Tout cela n’est pas suffisant pour faire un livre aussi riche et complexe : l’auteur, décrivant les quartiers de la prison, s’emploie également à narrer l’histoire des individus, un certain nombre du moins, enfermés là-bas, les aléas de leur existence qui les ont menés derrière les barreaux.
Cent romans en un seul : le flot d’informations, de vies, de destins qui se croisent et que Tarun Tejpal nous restituent est tout bonnement impressionnant. Rien que le récit de la vie d’un personnage pourrait constituer un roman à lui seul tant les péripéties ponctuent les vies de ces hommes qui ont failli à un moment de leur vie pour se retrouver enfermé. Ou presque. Car à côté de cela, l’auteur en profite pour faire un état, déplorable disons-le, du système judiciaire indien en particulièrement, et de la société indienne en général. Je le disais, c’est toute une galerie composite et colorée de personnages très différents, certains qui ont finis ici bien malgré eux, par des autorités qui davantage besoin de coupables, prêts à consommer, que d’innocents ou de coupables à chercher. Le bakchich est monnaie courante pour les plus argentés au mépris de ces hommes qui ne possèdent pas la moitié d’une roupie pour se payer une défense digne de ce nom.
Une société très divisée dans un pays aux étendues qui n’en finissent pas, aux lois aussi mouvantes qu’insaisissables, un ordre très patriarcal ou les femmes n’ont ni voix ni droit, à moins d’appartenir à la classe supérieure, si ce n’est celle de crier lorsqu’elles se font battre, de subir le devoir conjugal après des épousailles à 15 ou 16 ans, où l’éducation leur est inaccessible. Un pays déchiré par ses religions, où les extrémismes ne font qu’envenimer la cohabitation chaotique des différentes communautés. Un récit magistral qui présente une société à part un microcosme, reproduction du pire de la société, sa caricature en négatif, ou chacun occupe un rôle bien précis. Magistral, parce qu’on atteint ici les limites du supportable, on touche celles de l’humanité où les hommes sont parqués dans des cellules insalubres, la lumière, l’odeur et le bruit qui alourdissent encore un peu plus leurs conditions de détention. De façon surprenante, cet endroit, enfer ou purgatoire, pallie les déficiences de la société, au sein de laquelle nombre d’entre eux n’y ont pas su trouver leur place, finissent par trouver leur équilibre dans cette société carcérale, où tout est également codifié à l’instar de l’extérieur trop vaste, intangible, effrayant et dangereux pour eux. Magistral, encore, parce qu’au moment ou l’auteur semble avoir fini de traiter un personnage, il y revient dessus, car son discours semble sans fin, que l’ensemble ressemble à un patchwork géant dont il détisse minutieusement morceau par morceau.
C’est un monde en marge profondément pessimiste, puisque privé d’avenir, et de présent, d’une justice fiable, des exclus de la société, ceux qui ont été vaincus par une existence où pour la plupart, partaient avec peu de chances dès le départ. En alternance, Tarun Tejpal nous conte une histoire d’amour, de la dimension de celle qu’on lit dans Loin de Chandigarh, pas l’une qui se vivra bien, mais une histoire absolutiste, de celle qui pousse aux gestes fous, l’histoire de Sambhav, issu d’une famille de guerriers, et Aranya, issue d’une famille de bergers. (...)
Sous un large faisceau de projecteur éclairant l’Inde contemporaine, le narrateur entraine le lecteur à ses côtés dans son quotidien en dépliant ses pensées et réflexions, ses projets, sa vie intime, familiale et professionnelle, son environnement social et géographique, ceci agrégé de la grande Histoire du pays, politique et religieuse avec ses croyances, superstitions et coutumes.
On sait par une longue introduction que le jeune homme, athée issu de famille musulmane, vit une relation sentimentale passionnée avec Fizz, sa compagne sikhe rencontrée au lycée. Ils sont en couple depuis 15 ans et avec l’argent hérité de sa grand-mère aux funérailles grandioses, ils viennent d’acheter une résidence secondaire sur un promontoire des contreforts de l’Himalaya, à Chandigarh, entre la vallée de Jéolikote et la vallée de Bhumiadhar, quand soudain, l’émotion amoureuse, dont le narrateur était quotidiennement pétri, s’évanouit.
L’homme se montre taiseux, sans un mot d’explication, égoïste en soi et manipulateur, il sait qu’il est en train de conduire le couple à une séparation en poussant sa compagne à décider par elle-même de rompre.
Les sentiments de l’un et de l’autre dans la force amoureuse magnétique et la soudaine indifférence de l’homme face à une femme plongée dans l’incompréhension, le désarroi et l’effort de continuer à plaire, sont très bien traduits.
Elle combla la brusque absence de son compagnon et le silence dans la maison par le bruit de la télévision. Elle devint une droguée des chaines d’actualités « qui ont le pouvoir étrange de nous procurer un sentiment d’adéquation avec le monde moderne. Un tremblement de terre à Porto Rico donne un sens à notre vie, (…) De pitoyables politiciens s’insultent devant une caméra, nous nous sentons concernés. La voix empreinte d’une urgence feinte des journalistes m’irritait au plus haut point. »
L’histoire qui commence par une fin, revient sur la vie qu’ont menée les deux amoureux.
De Kasauli, ils vont s’installer à Delhi et emménagent dans un barsati (roof-top). Il est jeune journaliste mais ambitionne de devenir un écrivain connu et reconnu, ce, en vain… Dépité, il jette des mois d’écriture à l’eau.
Se refusant à toute appétence professionnelle, c’est à reculons qu’il prend un travail de secrétaire de rédaction dans un journal de Delhi où il se compare à un des meilleurs « serreur de boulons » mais ne veut pas grimper d’échelons et se fait remarquer le moins possible.
Par contre, il observe le système de l’ascenseur professionnel et le compare à un mât glissant. « Le mât Glissant de l’Éternelle Insécurité » au centre de l’entreprise.
« Ce nouveau journal m’évoquait le poteau de malkhamb, —cet ancien sport indien consistant à réaliser des figures de gymnastique sur un poteau de bois—, un mât extrêmement glissant sur lequel tout le monde montait et descendait. Tout en haut, semblable au nid-de-pie d’un navire, se trouvait un confortable belvédère où trônait un seul homme. (…) Régulièrement, il se penchait pour verser un peu plus de graisse sur le mât. Ce qui avait pour effet immédiat de semer la panique chez ceux qui l’approchaient. (…) Tout au long du mât, les grimpeurs s’écrabouillaient la figure. Et l’ascension fébrile reprenait. »
Le secrétaire de rédaction qu’il est, est si bas dans la hiérarchie, qu’il n’a même pas accès à la base du mât. De toute façon, il refuse de faire partie de cette compétition, tourne le dos à toutes propositions de postes intéressants et finit par quitter son emploi. Il reprend l’écriture.
Ce deuxième roman qu’il intitule « Le Cosmos dans une amande » a la prétention de faire débarquer l’Hindoustan médiéval au beau milieu de l’Inde moderne, sous forme de conte moral mais son écrit à nouveau, échouera lamentablement et sera, je le cite, « de la merde dans une amande ».
Les frustrations d’un écrivain qui jusque-là, n’arrive pas à se réaliser sentent le vécu mais néanmoins nous font partager dans le roman de grands pans de l’Histoire et des légendes indiennes.
Tout en nous entrainant dans une forme de journal au quotidien hyper détaillé, il filme aussi la vie professionnelle de Fizz, jeune indienne sikh libérée et moderne, correctrice et assistante de recherche éditoriale.
La vie du couple est prédominante avec description de leurs ébats amoureux, leurs activités, leurs looks, leurs amis, leurs lectures, leurs sorties et enfin les aléas d’un couple qui peut se disputer, se réconcilier et qui finalement va capoter dans une mise en puissance originale.
A mi- livre, un nouveau paragraphe ouvre sur le Mahabharata expliqué sur une quinzaine de pages avant de repartir sur des souvenirs d’enfance au sein d’une famille bourgeoise traditionnelle et les révoltes d’adolescent des années 90 avec un chapitre consacré à sa grand-mère jusqu’à sa crémation, une procession funéraire grandiose traitant du sujet du karma et de la réincarnation.
Avec la somme d’argent conséquente héritée, il va décider avec Fizz d’acheter une résidence secondaire et ce sera à Chandigarh où le paysage est tellement magnifique que la Brother va reprendre du service sous l’inspiration tant espérée au calme des flancs de montagnes boisées et des tapis d’étoiles.
Mais voilà… Voilà qu’à 300 pages de la fin, une toute autre histoire commence…
Ils vont trouver caché dans un mur un coffre rempli de 64 petits carnets à l’écriture ronde et serrée protégés contre les insectes par des feuilles de mangousier séchées.
Après avoir imbriqué plusieurs livres dans le même livre, l’auteur fait percuter un journal dans le journal !
La maison est hantée par Catherine, son ancienne propriétaire, une feue Américaine dont le père tenait un magasin de curiosités orientales à Washington, là où à 13 ans elle admirait des images du Kama-Sutra, plutôt que les soieries…
L’auteur nous embarque sur tout le cheminement de ce nouveau personnage de Washington à Chandigarh dans les années 20/30 tout en nous faisant profiter de la vie d’aventurier du père de Catherine dans les Indes des années 1890.
En France, elle sera une jeune fille de bonne famille dévergondée et rencontrera un prince hindou qui l’épousera.
On va plonger dans les fastes d’un nawab et ses fils les chhote nawabs, le luxe des propriétés et leurs vies familiales.
Le prince homosexuel demandera à son épouse blanche Catherine de regarder ses ébats avec les domestiques. Seule une tendresse réciproque les unira.
Puis le prince tombant malade, ils déménagent à Chandigarh où Catherine va tomber amoureuse de l’amant favori du prince qui est le maaderchod soit leur domestique attitré. Ce dernier lui fait découvrir les plaisirs de la chair au summum de l’extase et on déboule sur un autre récit à l’ombre pâle de la Bovary.
Les deux hommes mourront laissant Catherine seule avec ses fantômes.
Puis, hop, un autre livre… Le narrateur revient sur scène. Sa femme l’a quitté.
Seul à Chandighar, il vit avec ces carnets et les fantômes qui en ressortent. Soumis, sous l’emprise de feu Catherine, le narrateur vit des hallucinations lubriques obsédantes pendant trois ans.
Puis, hop ! Un autre récit : Il va essayer de retrouver sa femme Fizz…
Puis, notre « fornicateur de fantômes » revient sur les pas du domaine royal du nawab, père de l’élégant et érudit prince Syed, qui s’étendait sur 825 km2 à Jagdevpur.
Ses fastueux palais délabrés ne sont plus que ruines. Chevaux, terrains de cricket, harem, six Rolls Royce, piscines, domestiques ont complétement disparu.
« On sous-estime toujours la vitesse de l’oubli »
Il rencontrera un vieillard, le fils de l’amant qui lui racontera tout… Amour, passion, shilom, opium, décadence, folie et poison.
Et hop ! On part aux USA et on revient en Inde.
Bref, je vous laisse découvrir la fin de ce livre de 700 pages, un immense patchwork indien toutefois assez décousu et très long, bâti entre deux phrases de début et de fin :
« L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est le sexe. »
« Le sexe n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est l’amour. »
J’ai aimé les descriptions de l’environnement dépeintes de façon très graphique que ce soit les villes avec leurs foules de mendiants, leurs bistrots d’intellos branchés, leurs vieux bus bondés de monde dans une circulation effarante, la déco des appartements, la vie de bureau, l’atmosphère du quotidien contemporain est très bien rendue, ou que ce soit les descriptions de paysages de montagne avec la luxurieuse végétation, les majestueux kapotiers, mangousiers, arbres savon, banians, pipals, manguiers bagués, frangipaniers, quiscaliers, banian-mammouths, gommiers rouges, champs de marijuana, de blé et de moutarde, les oiseaux, la faune animale et ces vieilles maisons de villégiature en bois de style colonial.
J’ai aimé le regard porté sur l’Inde antique, l’Inde coloniale, l’Inde avant et après Gandhi, l’Inde qui décide de se renouveler et adopte les manières des Blancs, l’Inde et ses rituels, l’Inde moderne industrielle qui attire le tourisme, l’Inde qui rencontre les attentats dû aux conflits du Penjab, l’Inde qui se démocratise avec la libération féministe, l’Inde qui devient une puissance nucléaire avec sa jeunesse branchée, l’Inde de toutes les classes et celle de ce couple de jeunes intellectuels, protégés par une fortune bourgeoise mais toutefois des gens ordinaires sans prétention, de leurs familles éduquées mais qui, toujours actuellement, se laissent aller à des superstitions bien ancrées.
C’est très vivant, actuel, réaliste.
J’ai aimé la transposition des odeurs que ce soit des fleurs, des bois, de l’encens, de la nourriture, des épices voire de la crasse parfois ou du gas-oil beaucoup.
J’ai aimé être invitée auprès du couple et de leurs activités, leurs pensées, leurs goûts, leurs réflexions, leurs difficultés à se situer professionnellement.
La bataille d’un homme livrée à lui-même face à sa machine à écrire sent le vécu...
« Il fallait trouver ses propres mots. Sa propre histoire. Pas celle du pandit, ni de Pratap, ni d’Abhay. Ni celle du jeune sikh et de son cheval bien-aimé. Son histoire propre. Et la vivre. Et, après l’avoir vécue, l’écrire. (…) Le premier aigle de la journée s’élança dans la vastitude de la vallée, flottant sur rien d’autre que sa confiance en soi. »
Par contre, il y a plusieurs livres dans le livre et cette construction quelque peu anarchique peut freiner la fluidité car les sujets sautent du coq à l’âne. Truffé de longueurs assez indigestes, le livre aurait gagné à être plus condensé.
Sans jamais être vulgaire, le texte est soutenu de bout en bout par un fil d’une charge érotique quasi obsessionnelle qui en étant trop insistante et vraiment trop répétitive donne des longueurs importantes qui m’ont lassée et que j’ai fini par survoler. Et cela doit faire un bon quart du livre (voire un tiers)…
Hormis ce bémol qui n’appartient qu’à mon goût de lecture car cet érotisme soutenu peut plaire à d’autres, j’ai bien aimé me faire embarquer dans ce grand kaléidoscope indien sur plusieurs générations.
A PROPOS DE Tarun J TEJPAL :
T. J Tejpal est un journaliste de renom qui a créé son propre magazine Tehelka et a été un des premiers en Inde à publier des articles d’investigation dont les enquêtes ont fait trembler plus d’une institution jusqu’à faire démissionner le ministre de l’intérieur du gouvernement indien.
Suite à l’actualité retentissante des viols des femmes dans les bus, il prend le parti de la cause féminine.
Pourtant, peu de temps après, en 2013, il va être confronté à une sombre histoire d’agression sexuelle dans l’ascenseur d’un hôtel Hyatt à Goa qu’il avouera à mi- mots dans un échange de mail avec la plaignante en reconnaissant « un manque de jugement ».
Dans la foulée, de troubles affaires financières le rattraperont et finiront par le discréditer aux yeux de la population qui s’est sentie trahie par un homme admiré et considéré. Sa carrière de journaliste (et celle de ses proches collaborateurs) sera ruinée.
Il se rétractera et dénoncera une machination à son encontre. Il plaidera non coupable.
Arrêté en novembre 2013 il encourra une peine de 10 ans de prison minimum qu’il évitera en payant une forte caution. Il sera remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2014.
Ce dernier vendredi, le 21 mai 2021, suite au visionnage des caméras de surveillance de l’hôtel, la Cour de Goa vient de l’acquitter.
Huit ans après, l’affaire fait toujours grand bruit en Inde car estimée contraire à l’intérêt des femmes et au favoritisme porté à la classe sociale de l’écrivain.
Loin de Chandigarh est mon roman favori en raison des voyages qu’il fait vivre au lecteur et de la sensualité qui s’en dégage. Il transporte dans des univers riches en détails et émotions : d’une région du monde à une autre, d’une époque à une autre… J’ai adoré l’emboitement des histoires les unes dans les autres, qui emporte dans le tourbillon des histoires, aussi captivantes les unes que les autres.
La première qualité de ce roman est la richesse des descriptions de nature, d’objets, d’époques. Nous sommes complètement transportés dans les différents univers. Une grande qualité de description des sensations est à noter également ; j’ai été marquée par la sensualité qui transparaît, notamment dans les scènes de chair qui sont particulièrement réussies. La passion du couple emporte et fait vibrer, dès le début de son histoire.
Loin de Chandigarh n’est pas qu’un livre d’aventures, il est aussi un objet de réflexion : sur le couple, l’amour, la sexualité. J’ai aimé suivre ce couple en complète remise en question, son histoire qui s’étale sur plusieurs années ; mais aussi la résonance avec le récit de Catherine, construit comme un roman d’apprentissage entre les Etats-Unis et l’Inde, un mélange de cultures intéressant par ailleurs.
J’ai vécu cette lecture comme un apprentissage personnel à l’âge de 17 ans et elle m’a donné l’envie de découvrir l’Inde. Depuis, j’ai gardé un intérêt pour cette région du monde que je ne connais (pour l’instant) qu’à travers les livres et les images. Je suis fascinée par ses couleurs, sa diversité, sa spiritualité. A la suite de cette lecture, j’ai lu Le Dieu des Petits Riens d’Arundhati Roy dont l’intrigue se déroule aussi en Inde. Un très beau roman, qui donne un éclairage supplémentaire sur la situation sociale du pays, fondé sur un système de castes qu’on méconnait.
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