Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
Un regard tendre sur une enfance en territoire rural
Quand l'adulte d’aujourd'hui pose son regard et rencontre l'enfant d’hier, que se passe-t-il ? Un échange, des souvenirs, un dialogue intime. Et bien plus encore.
C’est avec une certaine nostalgie que Sébastien Samson revient sur les lieux de son enfance dans le Poitou. Il nous livre un quotidien fait de petits riens, de rêves et de vie familiale joyeuse. Une enfance passée dans une maisonnette de garde-barrière, métier aujourd'hui disparu... L’ évolution du chemin de fer apparaît en filigrane dans cette bd qui porte en elle une trame sociale.
La colorisation est originale : les souvenirs sont en couleurs et le présent dans des gris/bleu monochomes. Ce procédé qui vient inverser ce qui se fait habituellement est un pari réussi car il donne toute sa force à l’évocation des souvenirs. Les allers-retours entre le passé et le présent se déroulent de manière fluide tout au long du récit.
Graphiquement, Sébastien Samson demontre tout au long de cet album un réel talent, il alterne des styles différents suivant l’intention du propos. Mention spéciale pour le portrait de Jacques Brel.
Un bel hommage, touchant et sensible. Pour avancer vers l’avenir, il faut savoir regarder son passé.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux editions La Boîte à bulles pour l’envoi
Une histoire simple qui se laisse dévorer
Cette BD est une autobiographie, un voyage mémoriel et un récit introspectif. Fils ainé d’une famille de jeunes ruraux Sébastien Samson se construit un univers clos dans lequel la naïveté et l’ignorance du monde favorise ses rêves. Pourtant, il sent que sa vie ne se passera pas dans le monde de ses parents. Il devient professeur d’arts plastiques et dessinateur de bande dessinée. Alors qu’il est à New York pour faire la promo de son dernier livre, il prend le train et croit apercevoir son double enfant sur une voie jouxtant la sienne. De retour en France, il rend visite à ses parents et le Sébastien adulte entame alors un dialogue avec le petit garçon plein d’ambition qu’il était à 9 ans en 1978. Fils d’une mère garde barrière, la maison dévient le centre d’attraction gravitationnel de ses souvenirs. Il en profite pour faire une visite mémorielle qui le mène de terrains en jachère en maisonnettes en ruines. Il ne peut que constater le dépeuplement du monde rural, la fermeture des usines, l’installation de zones commerciales en périphérie et le centre-ville moribond suite aux fermetures des petits commerces. Sébastien adulte va transformer son regard sur cet environnement familier jusqu’à finalement considérer son enfance vécue sur ces terres comme privilégiée, voire favorisée, à l’opposé de tout ce que l’on peut penser du milieu rural. Il fait également témoigner ses parents sur ce passé qu’ils évoquent avec nostalgie et leur rend hommage, ainsi qu’à ses amis et à l’enseignement public au travers d’un instituteur qui l’a véritablement marqué.
Les aller-retour entre le passé et le présent sont incessants et contrairement aux normes, qui veulent souvent que les séquences du passé soient traitées en sépia ou en teintes surannées, c’est ici le présent qui est monochrome en lavis gris-bleu tandis que l’enfance est très colorée . Il arrive que présent et passé s’entremêlent au sein de mêmes cases, en respectant scrupuleusement cette règle.
Avec cet album, Sébastien Samson déroule ses souvenirs d’enfance dans et autour de la maison de garde barrière de sa mère, implantée à côté du passage à niveau de la ligne peu fréquentée de Saumur-Poitiers.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions La Boite à Bulles pour cet envoi. »
Quand l’adulte qu’on est devenu revient sur les traces de son enfance et échange avec l’enfant qu’il a été… cette rencontre avec le passé, les souvenirs d’enfant qu’on vient confronter à la réalité du temps qui a passé, c’est à quoi va s’adonner Sébastien Samson, l’auteur d’ « Entre deux gares ». Né en 1973, élevé à la campagne au bord de la voie ferrée (sa mère était garde-barrière), il nous fait le récit des changements qui se sont produits depuis. La colorisation permet de distinguer le temps présent, plutôt monochrome, et le passé, en couleur. L’auteur est accompagné par le petit garçon qu’il a été et reparcourt les lieux de son enfance, grâce aux souvenirs de ses parents et à des « visites » sur place, façon « urbex ». Le traitement graphique est varié, on a des planches en pleine page, des clins d’oeil à d’autres BD. C’est empreint de nostalgie, vraiment touchant, surtout si comme moi, vous êtes sensible au temps qui passe. On y voit le déclin des campagnes au profit de la ville, avec pourtant le progrès et les changements qui vont avec (les parents qui vont pouvoir « faire construire », l’arrivée du canapé dans la maison). Dans cette enfance ordinaire, il y a aussi le rôle de l’instituteur qui fait prendre conscience à ses élèves qu’ils doivent se battre pour s’élever au-delà de leur condition, qu’ils ne sont pas tenus à rester des « modestes ». En postface, l’auteur s’interroge sur sa légitimité à raconter une enfance qui n’a rien de particulier, mettant en regard Riad Sattouf ou Marjane Satrapi. Au contraire, je trouve qu’il est précieux que soient mises en récit des histoires « ordinaires », qui témoignent d’une certaine façon de vivre en France dans les années 70-80. Cela m’a touchée de la même façon que les romans de Nicolas Mathieu et sa manière d’appréhender le temps sur le mode du futur antérieur « ça aura été », la nostalgie est déjà là au moment où l’événement est vécu.
(lu dans le cadre du prix Orange de la bande dessinée, merci aux éditions La boîte à bulles pour cet envoi !)
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !