"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sébastien Lepetit nous propose un roman rafraichissant , totalement de saison ( puisque la compétition démarre ce weekend ) , dans lequel , la neige abondante permet aux skieurs de fonds de la Transjurassienne de sillonner les magnifiques paysages enneigés du Jura français, une des plus belles épreuves de la Worldloppet.
Malheureusement la fête est un peu ternie avec la mort d'un des meilleurs coureurs , Julien Doucier , qui avait tous ses chances pour remporter cette course .
Le commissaire Morteau, un régional de l'étape , assisté du lieutenant Monceau , sont déjà sur place , appelés par Michel Pupillin , ancien ami d'enfance du commissaire qui manage aujourd'hui la compétition et qui a subi de multiples appels anonymes annonçant qu'il y aurait bientôt du sang sur la neige .
L'enquête des deux policiers démarre alors rapidement au sein des acteurs de la course et leurs soupçons se portent très vite sur les autres compétiteurs qui pourraient avoir eu des raisons de tuer l'un des leurs . Parmi eux trois noms se détachent : le canadien Mickaël Thoirette dont la compagne de Doucier était fiancée avec Mickaêl avant de rompre , l'arrogant italien Marco Maontaigu , accusé de dopage par Doucier et le jurassien Anthony Beaufort double vainqueur de la Transjurassienne , dont la maison est proche du meurtre et dont les résultats sont en perte de vitesse ces derniers mois .
Mais quel est le bon ?
Le récit est certes plus léger que ma dernière lecture mais pas inintéressant .
On suit le pas des policiers dans leurs investigations et dans leur séjour montagnard , où la gastronomie locale fait des merveilles et excite tant les papilles que les libidos . L'auteur connait les ficelles du polar et s'en donne à coeur joie pour envoyer le lecteur vers des fausses pistes pour mieux le surprendre à travers de multiples rebondissements et le maintenir en haleine jusqu'au dénouement final .
Sébastien Lepetit nous met en scène ici, un commissaire « à l’ancienne », un peu bourru, un peu ringard, un peu balourd mais « bon vivant », ne lésinant ni sur les spécialités Franc-Comtoise, ni sur les bons vins du Jura. Aussi, tellement attendrissant et touchant avec son ours en peluche, incongru dans le contexte et totalement en décalage avec le personnage (en plus de sa bluette avec la propriétaire de l’auberge où ils séjournent pour l’enquête) !! C’est assez original, mais on n’échappe quand même pas à certains stéréotypes : flic à problèmes, séparation douloureuse, alcool...
En fait, je me suis rendu compte qu’il s’agit là de la quatrième enquête du commissaire Morteau, mais pour moi, c’est une découverte. [Noter que cela ne gêne en rien la lecture et la bonne compréhension de l’histoire, même si c’est toujours mieux de lire dans l’ordre afin de suivre le cheminement des personnages récurrents].
Alors, d’aucuns diront que l’histoire « se traine » et qu’elle manque de rythme. D’un côté oui pour les fanas du genre « Fast and Furious ». Sinon, je ne suis pas d’accord [C’est mon avis propre et n’engage que moi !]. C’est un véritable roman policier posé à la Simenon. C'est-à-dire que l’histoire « prend son temps », elle se développe à son rythme, tranquille mais offre néanmoins un suspense et une tension toujours présente, lancinante même.
Il y a un vrai travail de mise en scène d’une « atmosphère », avec des descriptions minutieuses qui peuvent être considérées comme des digressions pour certains lecteurs mais qui contribuent à poser un contexte, une ambiance. C’est presque un « scénario » qu’on visualise sans mal.
Dans cet épisode, notre ami le commissaire est appelé par une ancienne connaissance d’enfance, Michel Pupillin, qui lui demande d’enquêter sur une histoire de menaces anonymes par téléphone. Ces appels mentionne le fait qu’«il y aura du sang sur la neige » à l’occasion de la Trans Jurassienne, course de fond réunissant des participants du monde entier.
A partir de ça, nous suivons les tribulations de Morteau et son collègue, l’inspecteur Fabien Monceau pour retrouver un assassin. Car en effet, il y a bien eu mise à exécution des menaces téléphoniques puisque le favori de la course est abattu alors qu’il s’entrainait.
Nous suivrons donc le duo dans leur enquête et leurs déductions trop hâtives parfois pour Monceau qui a l’impétuosité de la jeunesse et qui trouve Morteau trop lent, trop « has been » et pas suffisamment efficace selon lui. Le conflit générationnel est évoqué, effleuré mais pas vraiment creusé (-là n’était pas l’essentiel du sujet).
Monceau privilégie l’évidence, les apparences et la vitesse (qui se confond là avec précipitation) par contraste avec le calme, la méthode, la sagesse de Morteau (le vieux singe…). L’auteur insiste avec humour sur les divergences de technique d’investigation et sur la notion « d’apprentissage » pour l’inspecteur.
D’ailleurs l’enquête semble à priori très simple, le(s) mobile(s) le coupable tout désignés… Trop simple ! et cela s’avèrera en fait beaucoup plus « tordu » que ça n’en avait l’air au premier abord.
L’auteur saupoudre les indices et le suspense tout au long du récit. Nous avons de magnifiques descriptions de la montagne, de la neige et des courses de fond. N’étant pas une adepte de la course de fond (mais plutôt du ski alpin) j’ai eu un peu peur de m’ennuyer mais fi de cette impression !
Nous suivons la course de « l’intérieur » avec le ressenti de l’un des coureurs, à l’occasion des chapitres écrits en italique. On ressent bien l’engagement physique, les efforts fournis et la finesse de la stratégie nécessaire pour être le vainqueur. On y découvre la beauté des paysages mais aussi la douleur, la difficulté de la montagne, la rigueur du ski de fond, la fatigue… la dureté et l’exigence de la compétition.
Les dialogues sont sympas et bien structurés. J’ai aimé cette plongée en milieu naturel et cette immersion totale dans le milieu du sport et des fondeurs, cette course si belle est bien décrite.
La lecture est agréable, facile d’accès sans construction biscornue. Les mots coulent naturellement, les sentiments s’entremêlent, les doutes et interrogations émaillent le récit et au détour d’un chapitre, nous arrive la solution, l’explication et le coupable.
Pour ma part, j’avoue que bercée par le récit, l’écriture, je n’y ai vu que du feu (mais je n’ai pas vraiment cherché non plus, non). L’enquête passe presque au second plan à la limite. Elle est prétexte à chanter les louanges du Jura, de la Franche-Comté, du Doubs. On est pantois devant la virtuosité des descriptions qui nous fait ressentir réellement la montagne comme s’y on y était.
Un grand merci donc aux Editions Flamand noir et à la plateforme NetGalley France pour cette lecture. Et je vais me mettre en quête des 4 précédents pour parfaire ma connaissance du personnage si attachant du Commissaire Morteau.
C'est la première enquête du commissaire Morteau, que j'ai découvert il y a trois ans pour sa deuxième enquête intitulée, L'origine du crime, basée sur les œuvres d'un peintre né en Franche-Comté, Gustave Courbet. Je lis à l'envers, mais ce n'est pas grave, je m'y retrouve bien quand même et je pourrai même reprendre le cours normal puisqu'un troisième titre est sorti récemment, Il y aura du sang sur la neige.
Morteau est amateur de lenteur, il accumule les indices, les informations, trie le tout et se fait une idée lorsque tout s'emboîte parfaitement, au contraire de son jeune collègue impétueux qui veut absolument échafauder des hypothèses et faire coller les faits avec icelles. Parfois, ça fonctionne, mais parfois tout accuse un innocent au mauvais endroit au mauvais moment. Donc Morteau tempère les ardeurs de Monceau en souriant parfois dans sa moustache, en s'emportant souvent avant de rejoindre son deuxième chez lui, le Petit Mont d'Or où la patronne lui sert une cuisine locale roborative et des vins locaux. Son expérience lui a appris "[qu']Il ne fallait jamais rechercher des preuves à tout prix, mais les laisser venir d'elles-mêmes, sans les forcer, sinon le risque était grand de les provoquer, voire de les fabriquer involontairement." (p.196)
Mis à part quelques rappels des faits un peu trop fréquents, ma principale gêne vient du fait que les noms des deux héros se ressemblent et qu'il m'a fallu un peu de temps et ne pas passer trop vite les lignes pour bien savoir qui parlait ou agissait -mais au bout de quelques pages, l'habitude est prise. Cette première enquête est franchement très bonne et très agréable à lire. L'opposition entre les deux flics met du sel dans l'intrigue, ajoute un peu d'humour et de légèreté, ainsi que les œillades énamourées de Monceau à toutes les femmes qu'il trouve jolies.
C'est un polar qui prend son temps, qui ne joue pas avec les nouvelles technologies ni avec une tension terrible, des poursuites ou des rixes. C'est assez paisible, drôlement bien ficelé et maîtrisé. Un roman qui a reçu le prix VSD du polar en 2013, coup de coeur des lecteurs. Et le deuxième tome a lui aussi reçu un prix, celui du Lion's club de Rambouillet. Non pas que j'attache énormément d'importance aux prix, mais un auteur qui en reçoit pour chacun de ses livres, c'est pas mal quand même.
Je remercie chaleureusement Flamant Noir Editions pour l'envoi, via net galley, du roman Il y aura du sang sur la glace de Sébastien Lepetit.
La Transjurassienne est un rendez-vous célèbre pour les skieurs du ski de fond français et étrangers.
Tous les ans, plus de 3 500 skieurs se retrouvent sur les pistes du Haut-Jura pour braver le froid glacial, le vent et la fatigue, autour du même objectif : donner le meilleur de soi et franchir la ligne d'arrivée !
Le commissaire Morteau connaît bien cette compétition dont il suit chaque édition. Mais cette fois, l'événement lui réserve des surprises...
Depuis quelque temps, l'organisation de la course reçoit des menaces de mort très sérieuses. Morteau, accompagné de son jeune collègue, Fabien Monceau, est appelé à se rendre sur place pour évaluer les risques. Très rapidement, il comprend que cette année, la neige pourrait bien prendre la couleur du sang...
Il y aura du sang sur la neige est la troisième enquête mettant en scène le commissaire Morteau, ce que j'ignorais. Le fait de ne pas avoir lu les précédents tomes n'est franchement pas dérangeant pour la compréhension de ce roman.
Le commissaire Morteau est un policier à l'ancienne, il aime manger, se faire plaisir à travers la bonne chair, il prend son temps tout en ayant à cœur de résoudre son enquête. J'ai aimé le contraste entre lui et son jeune acolyte, Fabien Monceau. Ils arrivent à être complémentaires, malgré leurs différences.
Notre commissaire est surprend d'être appelé par un vieux camarade d'enfance qui est menacé à propos de la course. Il accepte de venir à la rescousse, même si ce n'est pas dans sa juridiction. Cet homme bourru m'a paru attachant. Pas forcément surprenant, car j'ai déjà lu des policiers mettant en scène ce genre d'homme. Mais il est appréciable de découvrir un homme un peu "daté", qui ne pense pas qu'à sortir son flingue et tirer sur tout ce qui bouge, comme sont souvent représentés les policiers de nos jours. J'ai trouvé ce personnage crédible, il apporte une dimension humaine au roman.
Il y aura du sang sur la neige est un policier qui m'a plu pour les personnages, pour l'histoire (que j'ai trouvé bien ficelée) et pour l'ambiance. Le fait que ça se déroule en montagne m'a captivé. Je ne connais pas la Transjurassienne et les passages en italiques sur la course apportent un vrai plus.
Vous l'aurez compris, l'ensemble m'a plu. Toutefois je ne mets que quatre étoiles car j'avais deviné qui était coupable très très rapidement.
Ce n'est pas bien grave car ce policier ne se résume pas à ça, tout ce qu'il y a autour est important. Je n'avais pas deviné (et heureusement) les grandes lignes roman mais c'est dommage de comprendre dès le début qui pourrait avoir fait ça.
Je suis ravie de cette balade en montagne, je relirais avec plaisir cet auteur et donc ma note est de quatre étoiles :)
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