"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après Les cobayes, je file le thème des essais pharmaceutiques, cette fois-ci aux Etats-Unis, c'est une coïncidence absolue, un effet secondaire des lectures, mais celui-ci n'est pas indésirable, bien au contraire. Si vous ne connaissez pas S. G. Browne, sachez que c'est le deuxième livre de lui que je lis, après l'excellent coup de cœur La Destiné, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort et qu'encore une fois, il me ravit. Ce roman débute assez lentement avec un trentenaire un peu désabusé, un peu velléitaire voire un peu fainéant, pas vraiment investi dans sa vie, qui la subit plus qu'il ne la vit ; Lloyd vit avec Sophie depuis cinq ans qui lui demande d'arrêter son job de cobaye pour trouver un boulot plus sérieux et moins risqué, mais sans jamais vraiment s'opposer à elle il persiste à tester des médicaments et à faire la manche pour les à-côtés. Puis, lorsque les garçons s'aperçoivent qu'ils changent, le roman change également et d'un roman assez réaliste et classique, on passe à de la science fiction, un roman de super héros. Oui, mais comme c'est SG Browne qui écrit, évidemment, vous n'aurez pas droit à Superman ou Batman voire Spiderman, mais plutôt à des super héros aux talents assez étonnants que je vous laisse découvrir. C'est à la fois drôle, cynique, ironique et satirique. A travers ce délire romanesque, l'auteur dénonce notre société de consommation et particulièrement celle des laboratoires pharmaceutiques, des médecins qui prescrivent à tour de bras et notre rôle à nous patients qui acceptons tout et n'importe quoi pour aller mieux. Si la France est championne du monde de la consommation d’anxiolytique, les Etats-Unis doivent suivre de près et sans doute beaucoup d'autres pays riches, malheureux et envieux que nous sommes malgré toutes nos possessions.
Je ne suis pas très connaisseur de la littérature étasunienne, ni même amateur d'icelle, mais lorsqu'elle se présente sous cet angle, je prends et en redemande. SG Browne est direct, il ne ménage pas ses propos, la critique est rude et tellement bien amenée que je ne peux qu'applaudir. Son thème favori étant celui qu'il a longuement déployé dans l'autre roman chroniqué sur le blog, à savoir, le sort, la destinée, le but de toute existence, la raison d'être, enfin toute la réflexion sur l'utilité de notre passage sur terre, le sens de la vie quoi, il en remet une couche cette fois-ci et Lloyd n'échappera pas à ces questionnements existentiels. SG Browne pousse parfois le bouchon, mais c'est bien, ça incite à la réflexion et il le fait tellement bien qu'on lui pardonne. En outre, lorsqu'au détour d'une phrase d'apparence sibylline, il place une banderille utile et réaliste telle que la suivante, que voulez-vous lui reprocher -la situation : une agression a lieu dans la rue, en pleine foule- : "Un des clients compose le numéro de la police tandis qu'un autre remplit son devoir de citoyen en filmant la scène avec son téléphone portable." (p.173) ? Tout est comme cela dans ce roman, pas un mot n'est ratable au risque de passer à côté d'un bon mot ou d'une pirouette à la fois drôle et profonde. Excellent, excellent, excellent.
Roman traduit, comme le précédent, par Morgane Saysana, et cette couverture d'un rose bonbon qu'on dirait un médicament, au dessin sobre et explicite, avec le bandeau maintenant célèbre des éditions Agullo, qui, contrairement aux autres, sert la couverture, en est une partie importante, pas juste une accroche marketing. Un très beau travail.
Petit opus offert par mon chéri pour mon anniversaire . Je ne connaissais pas l'auteur et je ne savais même pas qu'il y avait un autre tome avant.
Effectivement quelques flashbacks nous les font découvrir mais cela ne nuit pas pour comprendre l'histoire.
Complètement déjantée,humour noir, grinçant, tout ce que j'aime.
Un livre dévoré en 2 soirs (ça tombe bien y'a des recettes de respirants à faire ....)
Bref je vais bientôt cavaler chercher le premier tome "Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour"
Que dit-on lorsqu'on a la sensation d'être tombé sur une pépite, un roman excellent de bout en bout ? Un coup de cœur ? Le roman de SG Browne est au moins cela et sans doute plus encore. "Une comédie noire et irrévérencieuse sur le sort" est-il écrit en quatrième de couverture. Exact. On y rit beaucoup, y sourit très souvent, par le décalage des situations, par l'humour et les réparties de Sergio et par le talent de l'auteur pour raconter de manière humoristique des choses qui ne le sont pas forcément. "Je vois mon propre sort déployé devant moi telle une grande épopée à la Cecil B. DeMille. Mais sans Charlton Heston, qui au passage, ne ressemble pas du tout à Moïse. Moïse était petit, pâle, dégarni, et il avait de mauvaises dents. Par contre, il était toujours bien sapé. Et il avait une recette de soupe de poulet et boulettes de pain azyme à se damner." (p.192)
C'est aussi une critique de la société actuelle basée sur la surconsommation et le culte de l'image, celle que l'on renvoie autour de soi, celle que l'on doit transmettre à grands coups de dollars ou euros : "Aux États-Unis, on dénombre deux fois plus de centres commerciaux que d'écoles, et désormais c'est passé dans les mœurs : au lieu d'aller à la messe, on se rue en masse vers ces temples érigés à la gloire de la consommation. Dans une société qui encourage les citoyens mesurer leur valeur à l'aune de leur compte en banque et de leurs possessions matérielles, les humains américains consacrent une plus grande partie de leur budget à se procurer des chaussures, des montres, des bijoux qu'à se payer des études universitaires." (p.10). SG Browne parle de son pays, les États-Unis, sans détour, il va droit au but et dit clairement sa pensée que l'on peut aisément transposer à l'Europe à moins qu'un sursaut de Bon Sens -c'est aussi un Immortel- ne vienne chambouler tout cela.
Ce roman au titre à rallonge (Fated, en version originale, comme quoi, la France n'a pas le sens de la concision) est une pure merveille, que je rapprocherais volontiers des écrits de Tom Robbins (Comme la grenouille sur son nénuphar). L'écriture est vive, moderne, dynamique, on ne s'ennuie pas un seul instant de ces 400 pages (bravo à la traductrice, Morgane Saysana). Le ton est résolument à la comédie, et sans être trash, il y a quelques scène chaudes entre Sara et Sergio, mais aussi entre Sergio et Destinée, des scène de sexe sans contact : "Je suis allongé sur le dos en boxer blanc près d'un bouquet d'hydrangées bleues, et Destinée me chevauche, vêtue en tout et pour tout d'un string en coton rouge vif. La seule chose qui pourrait rendre la scène encore plus patriotique, ce serait Jimi Hendrix jouant l'hymne national." (p.18) Là, évidemment, je ne cite que le début, eu égard aux chastes yeux (?) qui me liraient. Il faut dire que Destinée est une femme plus que désirable, toujours de rouge vif vêtue et que Sergio ayant pu choisir son apparence humaine ressemble plutôt à un mec viril et musclé qu'au Moïse décrit plus haut.
Le livre de SG Browne est original, rien n'est trop attendu, même si il aurait pu jouer avec des évidences entre mortels et immortels. Il renouvelle le genre en y posant une touche très personnelle et réussit le tour de force de scotcher ses lecteurs du début à la fin avec un thème déjà abordé ailleurs. Les éditions Agullo publient donc un roman formidable -n'ayons pas peur des mots- que je recommande très vivement pour son contenu mais aussi parce que la couverture -et le bandeau- sont très réussis et que la qualité du papier et de la mise en page sont au rendez-vous. Mon Jerry, que tout cela est beau !
MORT DE RIRE!!!
Bien fichu original drôle et la suite le jour où les zombies ont dévoré le père noël est du même tenant!!
Andy: tu es mon zombie préféré et tes amis sont mes amis!
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