La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
Michel aime sa femme Yannick d’un amour fou, mais celle-ci se meurt d’un cancer. Lydia aimait sa petite fille et son mari, mais les a perdus dans un accident de voiture : sa fille est morte, son mari garde des séquelles neurologiques irréversibles.
Michel et Lydia se rencontrent, se percutent même, sur un trottoir, et d’un seul coup d’œil Michel comprend que c’est Lydia qu’il va, qu’il doit aimer, pour continuer, ne pas oublier l’amour de Yannick, l’amour avec Yannick. Yannick qui a formulé ainsi ses dernières volontés : « Je suis obligée de te quitter. Je te serai une autre femme. Va vers elle, trouve-là, donne-lui ce que je te laisse, il faut que cela demeure. La plus cruelle façon de m’oublier, ce serait de ne plus aimer ».
Michel et Lydia, deux profondes blessures d’amour, deux détresses qui, le temps d’une nuit, se raccrochent l’une à l’autre et tentent de (se) maintenir la tête hors de l’eau glaciale de la solitude et du désespoir. Mais suffit-il « d’être malheureux séparément pour être heureux ensemble » ?
C’est une histoire d’amour, de vie, de mort, de couple, de survie, de fidélité à l’autre et de trahison à soi-même, peut-être, ou l’inverse. Parce que ici: qui aime qui? Michel aime-t-il déjà Lydia, ou toujours Yannick, ou bien est-ce l’idée de l’amour qu’il aime? Et Lydia, croit-elle à ce coup de foudre?
Une histoire douce, amère, lumineuse et désespérée, tragique et loufoque (grâce aux personnages secondaires farfelus). De la pureté, de la sensibilité, de la douleur, une touche d’humour exubérant qui m’a fait penser à Gros-Câlin. Des dialogues poignants, des pensées fulgurantes.
De belles formules et phrases, un peu trop peut-être. En tout cas un petit quelque chose, inexplicable, en trop ou en trop peu, qui fait que je n’ai pas tout à fait accroché à cette histoire d’amour improbable.
Quel bel hommage à sa mère .
L'auteur retrace la vie de sa mère qui a toujours tout donné pour son fils dont elle était persuadée. qu 'il aurait un destin hors norme .Elle va se battre seule pour élever son enfant en fuyant la Pologne alors qu'Hitler a de grandes ambitions .Difficile pour lui de déplaire à sa mère même si parfois elle lui fait un peu honte et par amour ,il va réaliser les vœux de sa mère ,parfois malgré lui .
Un grand roman à lire et relire .
Depuis « Les Racines du ciel » (prix Goncourt en 1956), nous savions que Romain Gary était un ami des animaux : des plus imposants comme les éléphants aux plus fragiles comme les hannetons.
Dans « Chien blanc », nous quittons l'Afrique et l'Allemagne pour nous retrouver aux États-Unis en 1968.
Quand celui qu'il va nommer Batka (« petit père » en russe) entre dans sa vie, Romain réside à Beverly Hills avec son épouse et actrice Jean Seberg ainsi qu'une ménagerie amenée de Paris composée d'un autre chien et de chats.
Le nouveau venu, un berger allemand, se montre affectueux et doux avec ses hôtes. Pourtant, un jour, en voyant un homme noir venu entretenir la piscine, l'aimable animal se transforme en monstre.
Perturbé par cette agressivité qui ne s'adresse qu'aux Africains-Américains, l'écrivain consulte un spécialiste du dressage d'animaux pour le cinéma. Il apprend alors que Batka est un «chien blanc » éduqué par la police pour attaquer les Noirs et qu'il est trop âgé pour que son comportement change...
À quelques centaines de kilomètres, la violence aussi fait rage. À Detroit, alors que les émeutes de Watts de 1965 et ses trente-quatre morts sont encore dans les esprits, des « bagarres raciales » font rage. Le 4 avril, Martin Luther King est assassiné à Memphis par un ségrégationniste blanc.
C'est autour des événements de cette année marquante que s'organise le récit entrecoupé de scènes de visites de Romain à son chien qu'un employé noir de la « pension » s'acharne à « dédresser » comme s'il voulait prendre une revanche sur les Blancs.
Celui qui se suicidera en 1980 paraît de plus en plus sceptique sur ses semblables.
Et c'est avec un humour un brin désespéré, celui d'un homme qui a perdu ses illusions, une ironie réjouissante et un réalisme parfois cruel et provocateur qu'il leur règle leur compte.
Aux États-Unis, il y a les Blancs qui refusent de se mélanger aux Noirs, prônent une forme de ghettoïsation et applaudissent, pour certains, les violences exercées sur les descendants d'esclaves par la police.
Il y a aussi les Blancs, intellectuels et artistes dont fait partie Jean Seberg, qui se donnent bonne conscience en soutenant le combat des Noirs avec leur « phraséologie de dame patronesse », leurs discours victimaires et leur éternelle repentance.
Il y a aussi la radicalisation des Noirs prêts à toutes les ignominies pour le pouvoir. Un exemple : l'assassinat de Malcolm X en 1965 par des représentants de « Nation of Islam », une organisation qui, d'après l'auteur, aurait été financé par « un milliardaire pétrolier d'extrême droite » !
Tout est en place pour que la situation devienne explosive.
Désenchanté par la nature humaine, Gary semble trouver le réconfort auprès des animaux, innocents par essence.
La fin du livre, déchirante, en est l'éclatant témoignage.
EXTRAITS
L'Amérique n'a jamais établi de record sans réussir à le battre à plus ou moins brève échéance.
Seul l'Océan dispose des moyens vocaux qu'il faut pour parler au nom de l'homme.
On ne peut tout de même pas toujours tout rejeter sur la société. Il y a des moments où vous êtes un salaud pour votre propre compte.
La provocation est ma forme de légitime défense préférée.
Ce sont, ne l'oublions pas, les hommes forts qui ont bâti le monde, à croire que le salut ne peut venir que de la féminité...
Le seul endroit au monde où l'on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c'est le regard d'un chien.
Ce pays, étant à l'avant-garde de tout ce qui est démesuré, est aussi à l'avant-garde de la névrose.
Mes ancêtres tartares paternels étaient des progromeura, et mes ancêtres juifs maternels étaient des progromés.
Vous voulez tuer l'Injustice, mais vous ne tuez que des hommes.
C'est tout de même triste lorsque les Juifs se mettent à rêver d'une Gestapo juive et les Noirs d'un Ku-Klux-Kan noir...
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-chien-blanc-romain-gary-gallimard/
C’est un Romain Gary vieillissant qui prête sa plume au narrateur. Point de plaintes chevrotantes cependant. Le personnage nous fait grâce des multiples humiliations quotidiennes du senior. Mais le désastre frappe cependant à sa porte : comment satisfaire celle qui illumine ses jours malgré le gouffre temporel qui les sépare !
Le sujet est délicat, mais l’esprit et l’humour de Romain Gary font merveille. Pas de trivialité, de vulgarité, même si les choses sont énoncées clairement (en particulier lors de désopilantes consultations médicales).
Le style est léger, avec une pointe d’autodérision bienvenue pour un sujet désespérant. Les personnages secondaires ont du panache, que ce soit la jeune brésilienne objet de tous ses désirs ou l’énigmatique Ruiz.
Un sujet tabou traité avec élégance.
247 pages Gallimard 20 septembre 1978
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