Qui sont les lecteurs membres du jury ?
«- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France - tous ces voyous ne savent pas qui tu es ! Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ?»
Qui sont les lecteurs membres du jury ?
Incontournable de cette rentrée littéraire, Sébastien Spitzer est le lauréat du Prix Stanislas 2017 pour son premier roman "Ces rêves qu'on piétine"
Isabelle Alonso nous dévoile sa bibliothèque idéale.
Quel bel hommage à sa mère .
L'auteur retrace la vie de sa mère qui a toujours tout donné pour son fils dont elle était persuadée. qu 'il aurait un destin hors norme .Elle va se battre seule pour élever son enfant en fuyant la Pologne alors qu'Hitler a de grandes ambitions .Difficile pour lui de déplaire à sa mère même si parfois elle lui fait un peu honte et par amour ,il va réaliser les vœux de sa mère ,parfois malgré lui .
Un grand roman à lire et relire .
Une femme, un enfant.
Une mère, son fils, un amour insensé et une promesse faite à l’aube de la vie : « Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France ».
Une promesse tenue, faut-il le dire, puisque Romain Gary sera héros de guerre, grand écrivain, consul de France.
« La promesse de l’aube » est donc cette histoire de l’amour vertigineux d’une mère pour son fils, qu’elle élève seule, souvent dans la pauvreté, d’abord en Pologne puis en France, à Nice, dans le seul et unique but d’en faire un Grand Homme. Un amour fou, colossal, infini, extravagant, théâtral, envahissant, exclusif, écrasant pour tout dire, mais profond et sincère. Avec un tel poids, une telle pression sur les épaules et sur son avenir, l’enfant puis l’adolescent aurait pu se rebeller, tout prendre à contre-pied, fuir, mais non. Lucide face au rouleau compresseur de la volonté de sa mère, l’amour tout aussi puissant qu’il lui porte l’empêche de la décevoir, de lui faire faux bond en se contentant d’une vie médiocre ou même banale. Dès l’enfance il assume son rôle et ne cessera de chercher en lui le talent, le don, qui lui permettra de venir déposer aux pieds de sa mère les trophées, les galons, les décorations qu’il aura gagnés, en compensation de ses sacrifices: « … puisque je me savais promis à des sommets vertigineux, d’où j’allais faire pleuvoir mes lauriers, en guise de réparation. Car j’ai toujours su que je n’avais pas d’autre mission; que je n’existais, en quelque sorte, que par procuration; que la force mystérieuse mais juste qui préside au destin des hommes m’avait jeté dans le plateau de la balance pour rétablir l’équilibre d’une vie de sacrifices et d’abnégation. […] Je ne pouvais voir le visage désemparé de ma mère sans sentir grandir dans ma poitrine une extraordinaire confiance dans mon destin. Aux heures les plus dures de la guerre, j’ai toujours fait face au danger avec un sentiment d’invincibilité. Rien ne pouvait m’arriver, puisque j’étais son happy end. Dans ce système de poids et mesures que l’homme cherche désespérément à imposer à l’univers, je me suis toujours vu comme sa victoire« .
Une quête qui mènera Gary à s’engager dans l’armée de l’air, à suivre l’appel de De Gaulle le 18 juin 1940, au service d’une certaine idée de la France que lui a inculquée sa mère, une patrie faite de liberté et de fraternité. L’homme est touchant, imprégné de ces idéaux et d’autant plus déstabilisé quand ils ne s’accordent pas à la réalité. A la fois optimiste et un peu désespéré, Gary n’a de cesse de se surpasser, de prendre de la hauteur pour atteindre un inaccessible seuil d’idéal et d’absolu, dont il sait pourtant qu’il n’existe que dans l’amour que sa mère lui voue.
C’est une histoire magnifique, incroyable, lumineuse, émouvante et qui vous emporte par son écriture éblouissante de justesse, pleine d’humour et d’autodérision, d’amour, de tendresse, de chaleur et d’humanisme. Sublime.
« Je serais désolé si on concluait de tout ce qui précède que je n’ai pas été un homme heureux. Ce serait là une erreur tout à fait regrettable. J’ai connu et je connais encore, dans ma vie, des bonheurs inouïs. […] Je reste là, au soleil, le cœur apaisé, en regardant les choses et les hommes d’un œil amical et je sais que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue, que le bonheur est accessible, qu’il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu’on aime avec un abandon total de soi« .
Étendu sur la plage de Big Sur en Californie où il a été nommé Consul général de France, Romain Gary se souvient.
De sa mémoire d'homme de quarante-quatre ans surgit la figure incontournable de Nina, la mère, femme admirable, fantasque, excessive, énergique, dotée d'un fort caractère et, surtout, prête à se sacrifier pour un fils en qui elle a toute confiance et pour lequel elle envisage un avenir radieux dans le pays qu'elle aime presque autant que lui : la France.
Tu seras Victor Hugo, Guynemer, ambassadeur de France, lui répète-t-elle inlassablement afin de racheter son destin d'artiste ratée.
Pour exaucer ses vœux, le garçon s'essaiera au violon, à la danse, à la peinture, au chant, à la lutte gréco-romaine, à la natation, au tennis etc.. Sans beaucoup de succès, sauf au ping-pong.
C'est dans la littérature qu'il s'épanouira. Mais avant de se consacrer à l'écriture, il aura la lourde tâche, imposée par sa génitrice, de sauver la patrie des droits de l'homme qui l'a naturalisé.
Le futur Prix Goncourt 1956 est né en 1914 à Wilno, alors situé dans l'Empire russe. Son père, marié et père de famille, a quitté sa mère peu après sa naissance.
Nina n'a qu'une obsession : s'installer en France. Faute de moyens, la mère et le fils s'installeront à Varsovie, dernière étape avant le paradis.
Même s'il ment, souvent pour ne pas blesser ou pour enjoliver le réel, même s'il triche un peu, même s'il vole et s'invente des identités littéraires, on ne peut qu'éprouver de la tendresse pour ce garçon plein de charme qui mènera sa vie avec un objectif presque unique : honorer celle qui lui donna la vie.
Même dans l'au-delà, elle continuera à lui parler, à guider ses choix et à donner à cet homme à l'âme d'enfant, fragile, sensible et miné parfois par des idées noires, la force et le courage de poursuivre le chemin qu'elle a tracé pour lui.
Comédien dans l'âme et aventurier capable de prendre des risques inconsidérés pour son pays d'adoption, frôlant la mort à de multiples reprises, Gary, idéaliste se heurtant aux réalités triviales, conscient que la perfection est inatteignable et que la solitude est le lot commun de toute l'humanité, fit de son existence un roman et de l'écriture un refuge contre les désillusions.
Certains moments sont tellement touchants que, même les lecteurs les plus endurcis auront les larmes aux yeux. Je pense à celui avec M. Piekielny, admirablement exploité par François-Henri Désérable dans un roman édité en 2017, qui demande à Romain, alors enfant, de répéter une phrase dès qu'il rencontrera « des hommes importants ». Romain tiendra parole en citant les quelques mots à l'oreille de la mère d'Elizabeth II ou encore devant de Gaulle ! Une manière pour le Juif qui périra dans un camp d'extermination de continuer à exister.
Autre épisode fort : la rencontre, à Bangui, avec Louison, seize ans et atteinte de la lèpre. À propos de l'adolescente, il écrit : « elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis »... Quelle belle déclaration d'amour inconditionnel !
Et puis, il y a la fin, magnifique.
Malgré une petite baisse d'intensité dans la seconde partie, « La promesse de l'aube » est une tragi-comédie poignante teintée d'un humour désabusé et un cri d'amour bouleversant à une mère, la seule femme qui lui fut fidèle au-delà de la mort.
EXTRAITS
Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais.
On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-la-promesse-de-laube-romain-gary-gallimard/
Après avoir lu Romain s'en va-t'en guerre, de Laurent Seksik, je savais que je ne tarderais pas à revenir vers Romain Gary.
Et puis je suis tombée sur la chronique de @les_nounours_lisent_aussi sur Instagram.
Et j'ai su que ce serait La promesse de l'aube. Si on me presse de dire pourquoi, je sens que cela ne peut s'expliquer qu'ainsi : parce que c'était elle, parce que c'était lui.
D'abord, l'amour déborde, et que je t'en mets partout, maman t'aime, Roman, à la folie. Maman ne le dit pas, c'est sans bruit, c'est plus fort que ça. Ça claque comme une gifle un jour où Romain ne se bat pas assez, pas assez fort. Ça claque comme ces rêves qu'elle fabrique, bricole et rafistole pour lui. Jusqu'à ce qu'il y croit. Peut-être au-delà. Jusqu'à ce qu'elle y croit.
Tu seras français, Roman. Diplomate. Musicien. Danseur. Auteur. Tu seras Victor Higo.
C'est beau, tant d'amour.
C'est beau et cruel. le poids des rêves qui ne sont pas les siens, et qui pèsent, qui pèsent si lourds, de la Lituanie à la Pologne, de la Pologne à la France. Avance, Roman. Avance, tu seras écrivain. C'est tout ce qui leur reste quand ils débarquent à Nice : les rêves de la mère plein les poches.
Roman sera naturalisé français.
Roman sera diplomate.
Roman ne sera pas Victor Hugo, maman. Mais ce n'est pas grave, ce n'est rien, maman. Il sera Romain Gary !
Il sera elle. Sa mère.
Asservi par des rêves qui semblaient trop grands pour lui, et qu'il pliera à sa volonté. Pour elle.
C'est beau et cruel.
Comme les mots de Romain Gary pour raconter. L'amour fou. le premier. L'unique. le maternel.
Comme s'il n'avait pas le choix, Romain.
C'est l'une des plus belles et des plus tranchantes déclarations d'amour. Je crois qu'il n'y avait que Romain Gary pour dire cet amour-là, ravagé et ravageur, prisonnier puisque fou à lier. Il n'y avait que lui pour le dire sans mièvrerie, sans ridicule. Et sans peur.
Du grand, du très grand Romain Gary
L'écriture est alerte l'aube tient toutes ses promesses...
Sur une plage de Big Sur (Californie), l'auteur se remémore ses années de l'enfance à l'âge adulte.
Sans père (il n'en parle jamais !), il vit ses premières années avec sa mère, réfugiée juive russe, en Pologne. Survivre serait plus approprié, car la mère va de petit boulot en escroquerie, quand elle se fait passer auprès de la bourgeoisie locale pour la représentante d'un grand couturier français.
La France, un pays dont elle rêve, et où son fils deviendra, elle le veut, officier, diplomate, artiste... Ils arrivent à Nice, où la valse des petits boulots reprend et où Romain Gary se découvre et apprend à vivre aux côtés d'une mère ultra-possessive (l'expression n'est pas trop forte !)
Ce livre, un des, peut-être LE, chef d'œuvres de Romain Gary, est un roman autobiographique. L'auteur y prend son temps : la plume est vive, animée, mais elle décrit avec lenteur le temps qui passe.
Elle fait vivre le déchirement de l'enfant, placé sous la coupe d'une mère... (les mots me manquent pour la décrire), qui à la fois craint et rêve de s'en éloigner, mais n'a qu'une seule envie, satisfaire ses ambitions (celles de sa mère, pas les siennes !).
L'auteur manie avec élégance l'auto-dérision, une qualité rare, notamment quand il s'acharne à minimiser son rôle lors de la seconde guerre mondiale. D'autres en auraient tiré des pages de CV...
À lire et relire !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/01/08/la-promesse-de-laube-romain-gary-gallimard-a-lire-et-relire/
Ce n’est pas très original de dire que le style de Romain Gary est superbe mais c’est un fait. C’est une autobiographie partielle de sa vie, marquée très fortement par les ambitions de sa mère à son égard. C’est une personne très présente voire envahissante, étouffante dans la vie de l’artiste. On sent dans toute son évolution que c’est le destin qu’il veut saisir : celui d’être un grand écrivain, de réussir à se hisser dans le monde des grands esprits.
Ce livre m'a beaucoup plu. Les personnages sont bien décrits. Le portrait et les attitudes de la mère m'ont amusée. Elle est vraiment fantaisiste et excessive dans son amour pour la France et dans les ambitions qu'elle place dans l'avenir de son fils. Celui ci est de bonne volonté mais n'arrive pas à les réaliser .
Ce décalage apporte du comique dans cette période dramatique, avant et pendant la guerre.
C'est un peu un miroir de ce que nous investissons, rêvons pour notre progéniture.
Le livre nous permet de mieux comprendre les réactions de rejet, de honte que l'on peut avoir à l'égard de sa famille, lorsqu'on est adolescent.
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