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Walker est un jeune soldat canadien originaire de Cap Breton, province de Nouvelle Ecosse. Il a participé aux combats de la Seconde Guerre mondiale en Normandie, aux Pays-Bas et en Belgique. Après un passage à New-York, il suit le conseil d’Abraham Lincoln : « Go West » et se dirige vers la Californie, où il rencontre un certain Overholt, qui le fait embaucher dans un journal The Press. Ses collègues se nomment Sherwood et Rennert. Dans cette cité des Anges, Los Angeles , Walker prend conscience de la démesure du rêve américain : la vie nocturne de cette ville , construite pour l’automobile , bordée par de multiples échangeurs et autoroutes qui encerclent la cité .C’est à une vie enfiévrée qu’il assiste ;il y a peu de place pour la lenteur , tout est trépidant, tandis qu’il est frappé aussi par la bigarrure ethnique de la métropole californienne : « Six rues de foire qui se répandent sur le trottoir ; les yeux rouges comme des feux arrière, militaires, dockers, foreurs, Chinois, Japonais, Noirs, Philippins, Mexicains, Indiens, et même Hindous et Sikhs (…) C’était ça , la ville, comme Marseille, peut-être , ou Casablanca .Ainsi vivait la ville. »
Mais cette hyperactivité dans les travaux urbains, dans la construction d’édifices nouveaux, que cache-t-elle ? Walker le découvre avec ses coéquipiers du journal : l’Amérique a peur, des délinquants, des communistes, des déviants de toute sorte : « Ils enclavent la ville avec ces échangeurs, ils disent pour faciliter les communications, ils bouclent les trottoirs par souci de sécurité. On est cerné, fliqués par le béton. Et pour quoi ? Pour le culte de la bagnole. »
Autre constat que fait Walker , dont les souvenirs et les traumatismes de guerre le hantent , tant ils ont reflété la barbarie de ce vingtième siècle :l’Amérique cherche des boucs émissaires , des Bad boys , comme l’on dit là-bas pour qualifier les voyous …Ce seront « Indiens , Noirs ,Mexicains ,communistes, musulmans, on a le choix .Il faut à l’Amérique des monstres pour pouvoir les parquer, les mettre à l’écart, voire les abattre ;C’est du patriotisme qu’ils disent , du nativisme . »
Parallèlement à cette évocation de la vie de Walker dans l’Amérique d’après-guerre, l’auteur évoque les trépidations de la vie nocturne de Los Angeles, ses prostituées, ses bars sordides ou équivoques, ses affairistes, ses cinéastes, aussi. Les Figures de Robert Aldrich de Zinnemann sont évoquées, avec une sorte de justification au sens de l’un des films de ce dernier En quatrième vitesse « Mais pour lui, le film parlait du désir et de rien d’autre. »
Ce portrait de l’Amérique est sombre, sans nuance, presque sans circonstances atténuantes. Le lecteur appréciera la noirceur des personnages, le côté sombre de leurs tendances. Dans cet univers, le mal triomphe, sans discussion.
Walker, le marcheur.
Walker porte bien son nom, ancien soldat canadien ayant combattu en Europe pendant la 2ème guerre mondiale. Il s'installe à New-York et quitte la ville lorsque celle-ci ne lui convient plus. Ses errances l'amènent tout d'abord à Los Angeles, puis en Californie enquêter sur les sans-abri et les laissés pour compte.
Le syndrome de stress post-traumatique dont est atteint Walker, et que l'on ressent très clairement, insuffle de la noirceur au texte, noirceur attisée par toute la violence des années d'après-guerre aux États-Unis.
Le cinéma et l'essor des productions hollywoodiennes marquent aussi le texte de leur empreinte. Walker aime le cinéma pour l'évasion mais également pour l'aspect technique de la création.
Il y a une touche d'Ellroy dans les passages se déroulant à Los Angeles.
La forme du texte diffère de ce que j'ai l'habitude de lire, de la poésie en prose entrecoupée de dialogues et de courts textes écrits par Walker. Les souvenirs de la guerre s'intercalent, en italique, comme les réminiscences d'un cauchemar dont on ne sait plus très bien s'il était réel.
Cette forme hybride m'a plu et m'a déconcertée à la fois. Elle demande une concentration que je n'ai pas toujours.
Il est à noter que les photos en noir et blanc qui rythment le texte, marquant le passage d'une ville à une autre, d'une année à une autre, sont belles et puissantes à la fois.
Chronique Explorateurs 2020
« Walker » est un roman américain écrit par un Britannique et dont le personnage principal est un Canadien. Ce n’est pas la seule originalité du roman. « Walker » est également un poème de 250 pages entrecoupé d’extraits de journal intime et de photos en noir et blanc. Décidément un roman pas comme les autres. Pourtant, une fois refermé, on a le sentiment d’avoir lu un beau et peut-être un grand livre sur l’Amérique. Celle de l’après-guerre dans laquelle les écarts se creusent. Les discriminations s’identifient de plus en plus et de mieux en mieux pour un journaliste moralement ambitieux. C’est le cas de Walker, soldat démobilisé qui vient de terminer une guerre traumatisante pendant que la vie continuait à New-York et San Francisco, deux villes qu’il va scruter et tenter d’en comprendre la mutation. Mais ce parcours n’aura rien du guide touristique. Walker fuit les souvenirs d’une guerre qui lui a confisqué sa propre vie.
L’extrême pauvreté présente dans les villes américaines et la précarité sociale côtoient un monde parallèle où l’argent est roi. La pègre, la corruption, Hollywood, les films, les meurtres. Est-on certain de ne pas être dans un roman de James Ellroy ? Oui, le style est plus retenu, le regard plus empathique. Le cynisme n’est pas de même niveau. Mais la violence sociale ou gratuite et les comédiens minables sont là. Comme si ces éléments étaient les symboles de cette décennie. Et le racisme, variable d’ajustement pour maintenir des communautés en deçà de tout respect. On rase les maisons et on construit des « highways » stratosphériques. On essaie d’éradiquer la partie de la société que l’on ne souhaite plus, les noirs, les homosexuels, les perdants, ceux qui ne sont rien. Walker a la nausée, titube, mais avance, comme son nom l’indique. Walker avance. Comme Hemingway, Faulkner et Steinbeck ont avancé avec lui. Comme Ellroy, Scorsese ou Spike Lee avancent encore aujourd’hui. Le cinéma tient d’ailleurs une place importante dans ce parcours avec des rencontres étonnantes. Celle avec Fred Zinneman montre formidablement comment des non-américains auront le regard le plus juste sur l’Amérique, pays où malgré-tout (et le paradoxe et de taille) tout devient possible, y compris de devenir journaliste ou photographe sans formation et sans diplôme, mais avec un œil et un esprit affûtés.
Mais derrière Walker il y a Robin Robertson, poète et amoureux de la littérature et de l’Amérique. Ainsi « Walker » est un poème. La forme ne fait aucun doute et surprend pendant quelques pages. Le rythme également. Si de manière générale la poésie magnifie un thème et ses personnages, ici elle magnifie l’horreur d’un système idéologique pervers. On est bien évidemment proche de Dante. L’enfer de Walker est chanté avec une telle acuité que le mal qui ronge l’Amérique depuis sa création est subtilement éclairé comme les cercles du Florentin. Robin Robertson soigne autant la forme que le fond. L’agencement du poème, du journal et des photographies est parfait d’équilibre (comment ne pas y voir aussi un hommage à la démarche de photographes comme Dorothy Lange, Vivian Maïer et bien-sûr Walker Evans). Soyons donc rassurés, rien ne s’oppose dans la forme à ce que nous soyons happés et séduits en suivant le chemin parcouru par Walker. Décidément l’Amérique ne nous a pas encore tout montré.
- Explorateurs de la Rentrée Littéraire 2020 -
Walker est un jeune Canadien récemment démobilisé après la guerre et son service militaire lors du débarquement en Normandie. Souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique et incapable de faire face a un retour dans sa maison famille dans la campagne de la Nouvelle Ecosse, il part à la recherche de liberté, de changement, de réparation mais aussi d’anonymat.
Succession de séquences de poèmes, ceux de Walker, lors de ses déplacement dans les villes américaines d’après-guerre, de New York, à Los Angeles en passant par San Francisco.
Dans cette Amérique des années 50, Walker devient journaliste et se concentre sur le sort des sans-abri.
Robin Robertson a une écriture très concise et la profondeur de son texte, créé avec si peu de mots est à couper le souffle. Captivant à travers vers et prose, déstructuré comme une odyssée à suivre, l’auteur invite le lecteur a un lâcher prise total.
« Walker » est une lecture assez simple, qui coule naturellement malgré la forme. Je n’ai même pas remarqué la forme du verset, je me suis laissé emporter dans la vie et les rencontres de Walker. Car, ce roman n’a pas réellement d’intrigue, « Walker » c’est juste un homme qui se promène et observe ce monde qui l’entoure, une Amérique qui se remplit sur elle-même.
Oubliez le récit conventionnel, ce roman est un livre d’images, de lieux, d’émotions, de sensations. C’est comme un roman graphique mis en mots (d’où les quelques photographies à l’intérieur du livre).
Fascinant, unique en son genre, émouvant, Walker est une figure héroïque qui en défiant les chances de survivre à la guerre, tente face à l’adversité qui semble l’accabler de trouver le soulagement de ses angoisses et de ses tourments. Une très belle découverte !
Si vous aimez le noir, l’Amérique, les années 50’, ce roman est fait pour vous !
- Rendez-vous de la page 100 - Explorateurs de la Rentrée Littéraire 2020 -
"Walker" est un road novel sous forme de poésie narrative, avec un style plutôt sombre. Walker est le protagoniste, ancien combattant pendant la Seconde Guerre mondiale lors de l'invasion de Normandie. Walker ne veut pas rentrer chez lui en Nouvelle Ecosse mais préfère vivre à New York au début puis décide de partir à Los Angeles, où l'écriture et la lecture est le principal de ses passion. Walker a des souvenirs hallucinatoire.
Une écriture captivante à travers vers et prose. Un roman déstructuré comme une odyssée, une invitation à un lâcher prise lors de la lecture...
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