"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque Rick Bass achève ce recueil de chroniques en 2007, il vit depuis 20 ans dans la vallée du Yaak dans le Montana.
Et c’est à cette vallée, à ses habitants mais surtout aux animaux et arbres qui l’habitent qu’il consacre ce recueil.
Il raconte son quotidien, l’isolement et l’éloignement de tout, troublés uniquement par le livreur UPS, ses voisins rares mais sur qui on doit pouvoir compter, sa décision de s’installer avec sa compagne et d’avoir deux filles dans cet endroit beau mais peu accueillant.
Il dit aussi pourquoi et comment il a choisi de se battre pour sauver cette vallée et les forêts des coupes à blanc des forestiers.
Parce que laisser faire la nature, sur quelques parcelles, c’est assurer l’équilibre et la possibilité de rester vivre dans la vallée en harmonie avec elle.
Beaucoup de sujets très intéressants dans ce livre. Rick Bass ne fait pas d’angélisme, il sait que « sa » vallée est vouée à accueillir plus de touristes, de routes, d’activités économiques mais il prône la mesure, avec talent et poésie, pour respecter ce qui doit l’être.
Traduction Camille Fort -Cantoni
‶Cette vallée fourmille de mystère, de beauté, de secrets- et pourtant elle ne livre aucune réponse. Quelquefois je crois que cet endroit – si haut dans les montagnes, au milieu de bois si touffus- est une sorte de marche menant au ciel, le dernier endroit par où l’on passe avant d’y arriver pour de bon. ″
‶A vivre ici, dans les bois – à deux ou trois kilomètres du Canada, tout au plus – j’ai senti le sentiment d’être replié sur ma position, d’avoir le dos au mur, et, à l’instar des caribous, il y a de moins en moins d’endroits où je vais pouvoir m’intégrer. C’est peut-être cela qui fait agir tant de défenseurs de la vie sauvage : non seulement l’amour, mais aussi la peur. ‶
L’ouvrage était en hibernation depuis onze ans ; j’attendais le jour J pour l’entreprendre. C’était hier, journée la plus chaude annoncée. Alors, enfermée, ventilateur en route, me voilà partie dans la vallée du Yaak à l’entrée de l’hiver. Rafraichissement garanti !
En outre, je tourne autour de Rick Bass depuis un certain temps ; excellente pioche donc !
Cet ouvrage est la narration de l’arrivée de l’auteur, et de sa compagne dans un ranch isolé du Montana, sans chauffage, ni électricité, ni téléphone. C’est donc à la force des bras qu’il se constitue son unique source de chaleur ; en plus de la rédaction d’un roman, Rick Bass a pour principale occupation de se constituer continuellement des stocks de bois qu’il va choisir, tronçonner, débiter, transporter et ranger. Les températures descendent très bas dans cette vallée.
Ce texan d’origine s’adapte finalement très bien à son nouveau milieu ; il vit en communion avec la nature, parvient à lier connaissance avec ses voisins confrontés aussi aux mêmes éléments.
Avec sa compagne, il apprend au fil des jours à se dépouiller du superflu pour se concentrer sur l’essentiel. ‶J’ai appris des choses au cours de cet hiver, de cette saison des rêves, et j’en ai publié d’autres, de vieilles choses dont je n’aurai plus besoin désormais. ‶
Ce récit construit comme un journal de bord est éminemment littéraire, et tellement accessible à la fois. Rick Bass décrit superbement ce qu’il voit, ce qu’il ressent.
Cet opus m’a littéralement enchantée par l’immersion dans un coin des US que je visiterais bien volontiers, par son dépaysement, par la réflexion de l’auteur autour de la biodiversité, du rapport de l’homme à son milieu, et également par une certaine forme de pragmatisme.
Une très belle découverte !
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2022/07/winter.html
Les rumeurs disent qu’il reste des grizzlys dans les montagnes des San Juan, dans le Colorado. Rick Bass nous fait revivre ses explorations sur la trace de ces animaux déclarés disparus, dans le but de les protéger. C’est une plongée en pleine nature sauvage où tous les indices comptent : poils, traces de griffes, et évidemment déjections. Chaque nouvel élément redonne de l’espoir, et même s’il se cache, on ressent la présence de cet animal quasi-mythique dans les bois et sur les versants de la montagne. On vit cette aventure entre les découvertes, les explications et les bivouacs comme si nous y étions. Un livre idéal pour les passionnés de nature et de grands espaces.
Huit nouvelles composent ce recueil de Rick Bass qui porte d’ailleurs le titre de l’une d’elles, des nouvelles qui sont de véritables condensés de romans, chacune d’elles s’inspirant de la nature sauvage dont l’auteur est le chantre. Toutes sont de véritables tranches de vie où les personnages sont confrontés à ces grands espaces américains.
La première, Élan nous invite à une initiation à la chasse à l’élan, d’un nouvel arrivant par son voisin Matthew, au-delà de la Yaak River et ceci afin de faire provision de viande pour l’hiver. Les deux hommes devront affronter pendant plusieurs jours les étendues glacées et enneigées dans un froid glacial pour d’abord traquer la bête, puis la tuer et enfin la ramener. La puissance physique déployée par ces chasseurs dans ces conditions extrêmes m’a épatée.
Ce dont elle se souvient nous conte l’histoire de Lilly et son père se rendant de Missoula à Yellowstone, en plein été : un véritable road-trip empli de mélancolie, durant lequel défilent de sublimes paysages et beaucoup de souvenirs…
L’arbre bleu est le récit d’une famille vivant dans la forêt et dont le père Wilson décide avec ses filles un soir de Noël d’aller couper un sapin. Leur voiture tombant en panne, ils devront rentrer à pied avec la menace d’un cougar à leur poursuite. Ici ce sont la beauté et la force de la nature ainsi que ses dangers qui sont évoquées de même que la fragilité de ce père.
Dans Les chasseurs de Baux, un jeune homme, travaille à racheter à bas prix des terrains pétrolifères, dans les collines d’Alabama. Rick Bass raconte à merveille la fièvre des chercheurs d’or noir tout en livrant une fine étude psychologique du personnage.
La rivière en hiver nouvelle qui, bien que très courte est cependant glaçante ! Le jeune Brandon plonge sous la glace pour attacher une chaîne à un pick-up tombé dans la rivière pour qu’ainsi les villageois puissent le remonter ! Ce sera une véritable bataille contre les éléments.
Coach, surnom donné à cet homme de quarante-trois ans, marqué par l’abandon de son père à 6 ans et dont la mère est maintenant malade ne connaissait que la bagarre et la désertion. Il est devenu entraîneur d’équipes féminines de basket grâce à un vieil entraîneur qui l’avait sauvé de l’abîme quand il était au lycée. C’est devenu une thérapie. Outre le combat de cet homme pour contrôler ses pulsions, je suis restée sans voix devant l’imagination terrifiante et désolante dont ont pu faire preuve des hommes, dans ce dernier village où arrive Coach, pour réhabiliter d’anciennes carrières effondrées...
Avec Guide du Pérou et du Chili à l’usage d’un alcoolique, on retrouve Wilson et ses deux filles Stéphanie, bientôt 18 ans et Lucy 15 ans. Celui-ci diminué par une chute et devenu alcoolique a décidé ce voyage à trois vers l’Amérique du sud, avant que ses filles bientôt adultes ne le quittent, pour qu’elles gardent en mémoire le souvenir d’un père aimant. Il fera des efforts pour ne pas boire… Amour paternel, amour filial, rencontres imprévues et une fin sublime.
Histoire de poisson clôture ce recueil. Il y est question d’un énorme poisson-chat pêché dans le Colorado et remis à un garagiste par un client pour régler ses dettes. Ce poisson va bientôt susciter bien des envies et prendre une autre dimension.
Toutes ces nouvelles sont tissées autour de la nature avec sa beauté et la marque qu’elle dépose au creux de nos mémoires, mais aussi ses dangers quand l’homme s’y confronte.
Rick Bass décrit à chaque fois, des êtres fragiles, souvent cabossés par l’existence, qui tentent des expériences pour redonner un peu de sens à leur vie, pour « se réparer » ou tenter de donner une image meilleure de leur vie. Il y a un climat de danger permanent dans chacune de ces nouvelles. Souvenirs et mémoire sont aussi très présents et le fantastique pointe souvent son nez.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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