"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans sa pièce Votre âme sœur est peut-être dans cette forêt, Pauline Picot écrit le cannibalisme des sentiments. Sa plume possède une intensité et une sensibilité teintées d’un lyrisme acide. Elle ouvre des passages où nous sommes libres de nous engouffrer ou non, laisse la place aux projections saisissantes et aux interprétations personnelles.
Il s’agit d’un texte à la finesse organique et à vif, qui sonde les paysages hallucinés d’un mal-être à fleur de peau. Sous couvert d’une fête solitaire, l’autrice dessine les arrêtes des codes sociaux qui blessent et piquent, l’incompréhension face aux attentes extérieures se heurtant à la tendresse d’un moi rendu friable. La figure de la mère prédomine de manière sinueuse, est à la fois étouffante et bourrative. Celle des hommes endosse le masque d’un inconnu tout à la fois attirant et craint. Et la présence rassurante du loup rôde au loin, inaccessible comme un rêve.
Dans une écriture plutôt introspective, Les Possibles de son corps opère une traversée corporelle chez un personnage féminin qui apparaît ici comme une marionnette. En effet, ce texte est un théâtre de voix, ce qui rend complexe l'identification des personnages qui parlent. Même les actions s'y devinent rarement, elles sont représentées par des corps disloqués et ventriloqués. Cependant, l'utilisation de voix didascalique, de dialogue entre la marionnette (la femme) et le marionnettiste (l'homme) laisse voir un désir plus ou moins freiné. Ce corps féminin qui au départ tombe sous le charme de l'autre corps refuse de se laisser aider car il pense être capable d'explorer seul les capacités de son corps. Mais au fil de l'histoire il y a une sorte d'amour qui naît et le corps est exploré par le marionnettiste avec un certain cynisme, comme la fin du texte le montre: "Le marionnettiste coupe les fils et enfonce sa main dans la marionnette. Elle crie."
Cette-pièce de théâtre, Ian raconte Ian Curtis, le chanteur de Joy Division tragiquement disparu à 23 ans. Cette plongée à la lisière des années 70 & 80, dans la vie d’un groupe anglais devenu culte, met la musique à l’honneur. Comme tout ce qu’elle porte de rage, de révolte, de chagrin.
Après le punk vinrent le post-punk, puis la new wave. Lui survivre, c’était accepter la défaite de sa contestation absolue et entrer dans des années 1980 consuméristes et inégalitaires. Conséquence : la musique underground se fit autrement radicale. D’un nihilisme assumé et porté sur l’introspection, d’une froideur accentuée par les instruments électroniques devenus abordables. Cette conjonction ouvrit une nouvelle phase d’expérimentation dans le chant, l’écriture, la performance, les looks et le son. En seulement deux albums, Joy Division fut le précurseur d’un courant qui garde toute sa justesse. Sabordé à la mort de Ian Curtis, son chanteur et leader, le groupe devint New Order en 1980. Joy Division fut une comète et Ian Curtis, à la charnière de trois révolutions musicales, l’incarnation la plus fascinante de cette période. Sombre et beau, glam et punk, avant-gardiste dans son écriture, son jeu de scène et la maîtrise précoce de son timbre unique, il est de ces artistes à la vie intense, au mystère profond, dont la disparition prématurée semble, après coup, inévitable. Ainsi Ian revient sur le mystère de ces existences totales, de ces fascinants concentrés de vie. À la fois concert, répétition, reconstitution et performance, pensé pour immerger le public dans l’histoire comme dans l’émotion, Ian questionne.
J’ÉTAIS À LA GUERRE ET C’ÉTAIT TRÈS VIVANT - POURQUOI JE LIS "A L'OUEST RIEN DE NOUVEAU de Erich Maria Remarque nous parle de Première Guerre mondiale ; Pauline Picot, son autrice, nous y parle d'un autre livre, écrit en langue allemande par Erich Maria Remarque en 1928, et qui s'appelle "A l'ouest rien de nouveau" ; elle nous parle de faire ami-ami dans les tranchées, mais pas avec elles ; elle nous parle d'avoir faim et de ne pas savoir quoi faire du cri des autres ; de déterrer les mots qui réparent pour les mettre face à ceux qui bousillent ; son essai nous propose de serpenter entre les deux hémisphères du cerveau d'une autrice, comme des soldats dans la boue.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !