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Grenoble années 30, un mystérieux cambrioleur qui ne visite que les galetas traverse la ville de part en part, monte les étages de nombreux immeuble et fait main basse sur divers objets parfois précieux, d'autres fois moins. La police ne parvient pas à arrêter celui que la presse appellera bientôt L'Arsène Lupin des galetas.
Arsène, c'est Raoul Saccorotti, réfugié italien du début de la décennie, anarchiste, antifasciste, rusé, élégant et généreux, car il redistribue ce qu'il vole aux pauvres et notamment à ses compatriotes émigrés en France : "Au pied de la Bastille de Grenoble commence la montée Chalemont qui grimpe abruptement vers l'ancien couvent de Sainte-Marie-d'en-Haut. Ce raidillon était alors flanqué de bicoques délabrées, dont les fenêtres garnies de linge à sécher donnaient un petit air de Naples à ce coin perdu de Grenoble. Derrière les façades lépreuses, des familles pauvres venues pour la plupart de la ville de Corato, au Sud de l'Italie, s’entassaient dans des taudis aux murs patinés de crasse. Dans la cour, les ménagères frottaient leur lessive dans une bassine sur une planche à linge. De gros rats couraient dans les rigoles du tout-à-l'égout qui serpentait en pleine air à travers courettes et allées nauséabondes. En haut de la montée, le couvent, dont les religieuses avaient été expulsées en 1905, abritait des familles italiennes logées par la ville, avec pour seul point d'eau la fontaine de la cour." (p.62)
Une vie pas banale que celle de Raoul Saccorotti. De sa naissance à sa mort, il vécut mille vies, plus qu'il n'en faut pour faire une série de films à succès. Et là, chacun dirait que les scénaristes ont des idées folles. Phil Casoar a fait un travail de dingue pour rassembler les documents (lettres, photos; articles de presse...), rencontrer des témoins, et condenser tout cela dans un livre -épais certes- passionnant. Et c'est la vie d'un homme "qui épouse les chaos du siècle" : "des bas-fonds de Gênes aux cimes des Alpes, des ruelles de Ménilmontant aux ramblas de Barcelone, des cachots de prison aux camps d'internement, sans oublier la colonie de confinement des îles Tremiti" (4ème de couverture) et sans oublier non plus les rues et les greniers de Grenoble, début de l'enquête de l'auteur. C'est passionnant, on lit aussi les bouleversements du siècle et les peurs, les haines resurgir lorsque la tension monte dans la société.
Il a de la classe Raoul. On est admiratif, on regrette presque de ne pas l'avoir connu. Phil Casoar fait vivre son héros comme personne. Une biographie originale pour un homme qui ne l'était pas moins.
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