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Ecrit en collaboration avec Judith Carraz, Mon frère s'appelait John Lennon est un témoignage, un récit autobiographique qui relate la vie d'Ingrid Pedersen Lennon, la demi-soeur de John. Opportuniste par son titre et sa jaquette, ce livre n'est en aucun cas une nouvelle biographie de l'inoubliable compositeur d'"Imagine" mais un pendant involontaire de Nowhere boy, le film de Sarah Wood-Taylor qui narrait l'enfance difficile du Beatles. Ce que la cinéaste mettait en avant concernant la mère de John - Julia - trouve ici un écho dans les souvenirs d'Ingrid qui s'avèrent tout aussi douloureux que ceux de son illustre frère. Tandis que John était confié à sa tante Mimi, Ingrid était quant à elle adoptée par son père naturel et l'épouse de celui-ci qui avait troqué la souffrance d'avoir été trompée par sa meilleure amie contre une maternité providentielle, Margaret étant stérile. Construite autour de ce secret avoué bien trop tard, la vie d'Ingrid Pedersen Lennon ne suivra jamais un chemin tranquille et sera jonché d'embûches. Addiction aux médicaments, vie amoureuse en berne, relations amour-haine avec son géniteur et surtout cette épée de Damoclès qui plane sur sa vie, la demi-soeur de John Lennon ne trouvera sa voie que bien trop tard. A l'aube de sa rencontre avec son frère, un déséquilibré viendra mettre à mal ses envies de certitudes et son besoin de partager une enfance douloureuse avec un être qui puisse la comprendre. De ce récit intimiste où l'art joue un rôle prépondérant puisqu'il ne viendra jamais propulser le destin de son héroïne comme il a pu le faire avec le célèbre Beatles, on ne retient que la pudeur d'un être démoli dont le respect pour la seule personne qui voulait réellement d'elle a été plus destructeur que salvateur. Une fois digéré le fait que l'on n'apprendra rien de particulier - ou si peu - sur John Lennon et son entourage, reste une histoire touchante, sans prétention, restituée comme il se doit par la plume de Judith Carraz. Au-delà des raisons invoquées par Ingrid Pedersen Lennon pour justifier l'écriture de cet ouvrage, on sent clairement une envie de revanche, un désir inassouvi de reconnaissance et de donner un sens à une vie sur laquelle cette femme n'a jamais eu la moindre emprise. Exutoire parfait pour coucher sur papier ses névroses, ses regrets et sa colère, l'exercice est au final plus que satisfaisant et son appartenance à la collection Témoignage des éditions Michel Lafon se justife complètement, ce récit apportant de manière indirecte un éclairage sur l'environnement familial de John Lennon tout en témoignant d'une époque où l'Angleterre, sclérosé, entrait difficilement dans l'ère moderne. Ces changements de moeurs qui allait offrir à la femme une place plus digne dans la société et à sa jeunesse une bande-son idéal pour bousculer les convenances - le rock'n'roll - sert de cadre à cette autobiographie parfaitement résumée par son accroche : Deux abandons, deux destins parallèles...
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