"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'ouvrage est beau. Après, les thèmes sont un peu lourds (guerre, collaboration, services secrets), il faut donc en avoir conscience avant de faire ce choix de lecture.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Je n'avais jamais entendu parler de Mario Marret avant d'ouvrir cet album, et c'est assez fou de voir comme un seul homme a pu vivre autant de "vies" différentes et toutes incroyables. Nina Almberg a réalisé un gros travail pour retracer les différents parcours de cet homme, et pour le mettre en scène : le choix de cloisonner chacune des périodes de sa vie est intéressant et nous change un peu de la simple biographie chronologique. La mise en images de Laure Guillebon est très réussie également, avec un dessin qui réussit à être réaliste sans être figé, et un travail d'aquarelle remarquable aussi bien sur les lavis de gris que sur les quelques pages en couleurs. Malgré toutes ces qualités, j'ai eu un peu de mal à vraiment accrocher à la lecture, sans doute car l'ensemble manque de rythme : c'est beau, c'est intéressant, mais c'est finalement un peu monotone, ce qui est dommage pour parler d'un homme au parcours aussi atypique.
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Bon, j'ai l'impression que je ne suis pas vraiment le seul à ignorer qui est Mario Marret, malgré ses expériences de vie riches et variées décrites dans cette BD...
Nina Almberg la scénariste de l'album, avoue sa découverte par hasard, alors même qu'elle a fait des études d'Histoire et était passionnée de ciné documentaire et social (thème de son mémoire de Master).
Et je pense, au regard du peu d'émotions que j'ai ressenti..., que Laure Guillebon - qui illustre merveilleusement l'album - n'était pas plus instruite que nous sur la personne.
Les dessins sont pourtant très beaux, majoritairement en noir et blanc, me faisant penser au travail d'Emmanuel Lepage ("Voyage aux îles de la Désolation", "La Lune est blanche" sur des thématiques voisines).
Mais il manque quelque chose de fort...
DE LA VIE...
C'est plutôt dommage pour illustrer un biopic !
L'album n'est pas inintéressant, mais il ne m'a pas passionné..., et pour le coup, je n'ai pas creusé sur Mario Marret malgré les refs fournies en fin d'album sur ses courts-métrages primés dans des festivals renommés (Venise 1952, Cannes 1954) et ses accointances avec Jean-Luc Godard ou Chris Marker que je connais plus.
Merci au site Lecteurs.com et aux Éditions Steinkis qui m'ont adressé l'album dans le cadre de le pré-sélection du Prix BD Orange/Lecteurs.com 2024. Merci à Nina pour son travail documentaire poussé et à Laure pour son travail graphique abouti.
Marret était un être singulier par ses engagements (guerre Espagne, devenu radio et engagé dans la seconde guerre mondiale avec l’OSS, les films sur les guerres d’indépendance notamment en Guinée Portugaise, les mouvements ouvriers, …) et sa curiosité lui permettant de maitriser des outils selon les circonstances : radio (guerre), caméra (embarqué comme radio dans l’expédition de Paul Emile Victor en antarctique il devient cinéaste après le décès à bord du caméraman, …), des pensées / outils (notamment la psychanalyse au point de devenir psychanalyste), le bricolage (au point de réaliser un bateau tout seul pour en faire une antenne chirurgicale et d’évacuation des blessés graves en Guinée … et le donner à des jeunes rencontrés sur la plage puisque les guinéens n’ont plus besoin de ce bateau), …
Marret s’engageait et faisait. Cette capacité à faire en autodidacte s’est matérialisée par des réussites cinématographiques dés son premier film sur les manchots et sa reconnaissance de « cinéaste social » ayant notamment co réalisé « A bientôt, j’espère » en 1967 avec Chris Marker …
Marret était un chat aux multiples vies, engagé dans son temp avec un parcours rare qui pourrait presque faire mentir Sartre sur la fin de sa célèbre phrase : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui. »
Il était bien un homme de son temps, un « homme puissant » … dont les traces pourtant réelles (notamment ses films) n’ont pas fait suffisamment rayonner son nom : je pense ne pas être le seul à avoir découvert l’homme et ses vies grâce à cette BD de Nina Almberg et Laure Guillebon.
Alors grand merci pour cet ouvrage qui remet en lumière un être marquant, à la vie pleine et à la « vie bonne » comme disent les philosophes.
Les choix graphiques contribuent à emporter le lecteur dans cette odyssée humaine.
Titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024. Remerciements aux éditions Steinkis et à Lecteurs.com pour la communication de cet ouvrage.
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