Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Selon un proverbe libyen, « une famille avec un oncle Milad » est une famille qui compte parmi ses membres un homme qui ne contrôle pas suffisamment les femmes dont il a la responsabilité, et qui, de la sorte, nuit à leur honneur.
Milad, personnage principal et narrateur du présent roman, appartient bien malgré lui à cette catégorie d’hommes « faibles ».
Bien que son père l’ait éduqué pour qu’il devienne un homme (un vrai); malgré le fait que, plus tard, il ait subi lors de son service militaire tous les tourments qu’un chef vicieux puisse infliger à ses subordonnés, et malgré les conseils de son meilleur ami, Milad n’est jamais parvenu à se comporter aussi virilement que l’exige la société patriarcale dans laquelle il vit.
Sans être homosexuel, Milad porte en lui une part de féminité qui l’encombre. Peut-être parce qu’il est le seul garçon au milieu de quatre sœurs qui l’ont toujours pris comme confident, peut-être parce qu’il leur a tressé les cheveux et préparé leur baume dépilatoire quand il était adolescent. Peut-être aussi parce Milad a toujours pris du plaisir à s’occuper des tâches ménagères, de la cuisine à la lessive. Ou parce qu’il a épousé une femme émancipée, insoumise aux traditions. Et peut-être, enfin, parce que – le comble – ils n’arrivent pas à avoir un enfant.
Milad, bon comme le pain que son père boulanger lui a appris à pétrir, souffre de cette image d’homme qui ne porte pas la culotte dans son couple et dans sa famille.
Le pain est d’ailleurs le fil conducteur de ce récit, présent tout au long de la vie de Milad, de son enfance à sa rencontre avec « Madame », femme fatale à qui il apprend l’art de la boulangerie.
Sans réelle chronologie et tout en digressions, Milad nous raconte sa vie, tendue entre moments idylliques et tourments existentiels, entre envie d’être soi-même et pression sociale. Une tension permanente, qui implose en fin de roman, une fin inattendue mais pas si surprenante, tout compte fait. Et, à rebours, on s’interroge sur ce mystérieux interlocuteur auquel Milad s’est adressé tout au long du récit…
Ce roman nous entraîne dans la vie d’un homme « pas comme il faut » pendant les années Kadhafi. Filant la métaphore du pain, de la culture de la levure à la sortie du four, chaud et croustillant, en passant par le pétrissage de la pâte, un premier roman remarquable, sensuel, drôle, touchant, cruel, tragique.
Mohammed Alnaas, journaliste indépendant libyen, nous fait découvrir dans son premier roman son pays au temps de Khadafi.
C’est le récit de son personnage principal, Milad, qui déroule l’histoire. Ce jeune homme, au tempérament doux, a été formé à l’art de la boulangerie par son père, maître boulanger qui vouait une passion à son métier. Passion que Milad reprend à son compte.
Quand il n’est pas à la boulangerie, il grandit au milieu de ses soeurs, partage leurs secrets de beauté (il créera pour elles la cire au sucre la plus douce pour leurs épilations) et les tâches ménagères.
Milad a une part féminine qu’il ne renie pas. Ce qui ne l’empêche nullement de trouver les femmes attrayantes. Marié à Zeinab, il prend plaisir à cuisiner, tenir la maison en plus de son travail pendant que son épouse travaille dans un journal.
Mais sa personnalité ne correspond pas à la virilité brutale qui est la norme en Lybie. Même son cousin Absi ne cesse de le lui répéter : il doit être le chef chez lui et mettre son épouse au pas.
» Une famille avec un oncle Milad : Proverbe libyen utilisé pour blâmer un homme qui n’exerce pas son pouvoir sur les femmes dont il a la charge et, ce faisant, porte préjudice à leur honneur ».
Le jeune homme résiste aux remarques de son entourage familial. Pourtant, peu à peu, il est déstabilisé par le comportement de Zeinab, avide de liberté. Les doutes distillés par son cousin et une collègue de sa femme auront raison de lui et le feront basculer dans l’irréparable.
Ecouter Milad raconter son histoire, c’est aussi découvrir la Libye, le fonctionnement de la société, la corruption, l’emprise du patriarcat avec ses règles brutales et son hypocrisie.
Un roman dont j’ai trouvé la lecture passionnante.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Une fiction historique glaçante et inoubliable, aux confins de l’Antarctique
Découvrez les derniers trésors littéraires de l'année !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"