"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Michel Rostain écrivain et metteur en scène de théâtre lyrique et musical a perdu son fils âgé de 21 ans d’une méningite foudroyante en 2003. Avec ce livre, dont le narrateur est le fils disparu, l’auteur fait un récit subtil et intense de ce deuil terrible pour lequel un ami lui a dit “ On peut vivre avec çà”. Et à travers la voix ironique et tendre de son fils il signe là un vrai hymne à la vie.
J’ai eu un peu plus de mal à le lire parce que trop d’empathie pour ce père me bouleversait malgré la distance, l’humour et la dignité de ce témoignage sans pathos ni plainte...Avec le recul, et j’en ai quelquefois besoin pour remettre en place idées et émotions au sortir d’un livre, je me dis qu'il fait partie de ces livres forts qu’on n’est pas prêt d’oublier...
http://alombredunoyer.com/2015/10/14/jules-etc-michel-rostain/
Michel Rostain a obtenu le Goncourt du premier roman en 2011 avec le Fils. Jules, etc. est son 3ème roman.
Autant le dire d’emblée, le sujet de cet opus ne plaira pas à tout le monde ! En effet, le thème central du livre tourne autour de la corrida. S’il donne dans une partie au travers des yeux de Camille, nordiste, la parole aux anti-corridas présentés comme des pacifistes (« la torTure n’est pas notre culTure » leur fait il chanter face à la violence brutale des pro-corridas), Michel Rostain nous livre un véritable plaidoyer en faveur de la corrida.
L’auteur s’y connait et a l’air fan, on retrouve tout le vocabulaire inhérent à ce spectacle ? Art ? Tradition ? Boucherie ? Torture ? (J’ai mon avis bien tranchée sur la question mais je vous laisse juge ;) ) tout au long du roman. Des noms des différents actes en passant par les caractéristiques des toros, les passes, vous aurez une vraie initiation au déroulement d’une corrida.
Pour ceux qui connaissent, c’est un réel plaisir. Il se dégage une vraie tendresse dans les paroles de Jules, de Eugène, de Claude, de Hugo, toutes ces différentes générations initiées par les anciens et amoureux de cette tradition. Avec deux points communs récurrents : la musique (pasodoble par ex.) et la présence de Generoso, petit bijou porte-bonheur transmis de génération en génération. Originaire de Dax, comme Jules, etc. j’ai baigné très jeune dans l’ambiance des ferias et vu beaucoup de corridas. J’ai ressenti beaucoup d'émotions et eu des frissons en lisant certains passages.
« Les noms des notes me sont donc venus comme les mots de l’arène, les do, les ré, les bémols, les dièses, les clefs et les mesures à la façon des veronicas et des muletazos ».
Pour ceux qui ne connaissent pas, cela est rapidement déroutant. En effet, même si l’auteur y adjoint des explications qu’il espère le plus claire possible, aucun des termes (ou presque) espagnols n’est traduit en Français. Je peux aisément imaginer que le lecteur novice se retrouve noyé, perdu aux milieux de mots incompréhensibles et ait du mal à rentrer dans le roman.
Il en est de même avec les locutions latines des cérémonies religieuses : pas de traduction. Au lecteur de comprendre et d’accepter. Nous sommes dans un livre à l’éducation très vieux jeu, traditionnelle, à l’ancienne (l’auteur le précise d’ailleurs par l’intermédiaire d’un de ces personnages)
« Vient ensuite un long dialogue en latin entre maman et le curé. Ils lisent dans leurs missels : - Fides, qui tibi proestat ? – Vitam oeternam. – Si igitur vis… Et caetera. Je ne comprends rien à cette voix ni à ce qu’elle marmonne.»
Car oui la religion, la corrida, … tout est et doit rester secret vis-à-vis du reste de la famille. Ne surtout pas dire aux parents que le bon-père Eugène m’amène voir des corridas, ne surtout pas révéler que maman m’a emmené à l’église, etc… Le culte du secret est omniprésent, chacun cherchant à transmettre ses propres valeurs à l'enfant.
Mais ce roman est avant tout un roman sur la transmission des valeurs de génération en génération. Michel Rostain use et abuse des traditions sudistes pour créer une atmosphère, une ambiance joyeuse et musicale servant à former et forger le caractère des plus jeunes. Amour, musique, chaleurs, découverte de son corps (masturbation et autres premières fois), traditions et corridas sont les thèmes récurrents tout au l ong des pages.
« Jules a organisé ce goûter et cette promenade pour cela, pour donner ; les enfants se construisent avec un don. »
« Sur la piste, me dit bon-papa, c’est une affaire de bonne distance entre le toro et le torero. […] Dans la vie, tu sais, c’est pareil ; il y a des frontières, il faut les deviner. Si on parvient à rester à la bonne distance, pas loin et même le plus près possible, alors on est juste. »
Ça se lit vite, ça se lit bien et c’est relativement agréable. Le style est simple, très dynamique car basé quasi uniquement sur des dialogues entre les deux interlocuteurs. On dévore les pages sans s’en apercevoir et on arrive à la fin du livre très rapidement.
« les microbes tauromachiques sont au travail. »
En ce qui me concerne, j’ai passé un bon moment en compagnie de Jules et sa descendance. Mais je ne peux le conseiller à tous vu le sujet abordé. C’est un roman de niche, il sera adulé ou détesté.
4/5
J’ai lu les deux précédents romans de l’auteur que j’avais particulièrement aimé surtout le fils. C’est donc en toute confiance que j’ai lu celui-ci, même si à priori il allait moins me plaire car je suis farouchement anti-corrida. Je confirme il m’a nettement moins plus. C’est dommage car habituellement j’aime les romans qui parlent de transmission et de la famille.
Un roman qui parle de valeurs importantes comme la transmission familiale, l’amour de l’art, de la musique en particulier. Mais, il me manquait un petit je ne sais quoi pour que j’aime vraiment. Je n’ai pas retrouvé ce qui me plaisait dans les précédents romans de l’auteur. Je l’ai lu entièrement mais pas avec l’impatience de celle qui veut connaître absolument la suite.
Heureusement, l’écriture de l’auteur donne du style et de la profondeur à une histoire à laquelle j’ai eu bien du mal à m’attacher.
VERDICT
Un avis mitigé sur ce roman qui ravira les fanas de tauromachie et d’histoires familiales. Je suis restée sur le quai mais je lirais volontiers le prochain de l’auteur.
https://revezlivres.wordpress.com/2015/10/07/jules-etc-rostain-michel/
Michel Rostain utilise les yeux de son fils décédé pour revenir sur cet évènement et prendre du recul sur ses réactions après le drame. Il semble se servir de cet écrit pour pouvoir tourner la page sur cette triste période de sa vie familiale, tenter d'effacer son sentiment de culpabilité et ainsi continuer à vivre avec.
C'est un roman empli de larmes, qui nous prend aux tripes. Quelques petites touches d'humour sont parsemées dans le récit, mais ne permettent pas de monter le niveau de notre moral à la sortie de cette expérience. En père endeuillé, l'auteur ne retient que les bons souvenirs de son fils et nous tire un portrait peut-être un peu trop idéalisé pour notre oeil extérieur.
L'écriture originale offre une lecture plaisante. Seulement cet ouvrage paraît être finalement plus indispensable à son auteur qu'à ses lecteurs.
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