"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ce dîner n'avait aucune raison d'être. Quand je suis avec mon mari, je n'ai pas besoin de voir nos amis. Je n'ai pas non plus envie de rendre visite à mes parents, et mes enfants ne me manquent pas. Mon mari me suffit. Lui au contraire aime être entouré. Il s'anime au contact de la chaleur des groupes. Il aime les sorties et les rencontres. Mais sa sociabilité m'est douloureuse. Chaque nouvelle personne qui entre dans notre vie est une dilution supplémentaire de son attention, une dilution de lui, un partage qui m'épouvante. »
Mais quel roman déstabilisant ! Et je crois que c'est pour ça que j'ai autant aimé ce roman.
Ce roman m'a énervé, déstabilisée, déroutée : le personnage principal est tellement particulier. Cette femme dit être follement amoureuse de son mari, mais quel mensonge !
Bravo à l'autrice de nous avoir emmené dans cette relation des plus malsaines.
Heureuse de quitter ce couple à la fin de ma lecture, tellement leur relation est étouffante à mon goût
Quelle manipulation !
Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Lizzie pour l'écoute de la version audio de Célèbre de Maud Ventura, lue par Suzanne Jouannet.
Cléo Louvent est détestable, froide, imbuvable, vaniteuse, maltraitante, narcissique, antipathique, méprisante, ingrate, dédaigneuse... Et pourtant, on passe un peu plus de 9h à l'écouter pérorer. Parce qu'elle est célèbre ? Non. Enfin, si, elle est ultra-célèbre même. Mais ce qui nous pousse à succomber à son monologue, à lire ses mots ou à écouter ses paroles, c'est son ton acerbe, intransigeant, caustique, impudique...
Cléo Louvent sait depuis "toujours" qu'elle est faite pour être célèbre. Elle nous raconte, à la première personne, son parcours vers le succès et le star système. Parfaitement bilingue, elle manie suffisamment bien le français et l'anglais pour écrire ses textes. Elle apprend donc la musique pour pouvoir devenir autrice-compositrice-interprète et ainsi tout maîtriser. Sauf que pour accéder à la célébrité suprême, il faut être entourée : on arrive pas seule sur la marche la plus haute - même si Cléo le croit dur comme fer en agissant méchamment en tout impunité. Cléo ne sait pas aimer. Elle n'aime personne à part elle ; et encore, elle s'aime tellement mal qu'elle se blesse. Elle finit par blesser ou briser tout ce qui est autour d'elle...
J'avais été bluffée par Mon mari. J'étais contente de retrouver Maud Ventura dans un roman plus long et sur un thème bien différent. J'ai mis un peu de temps avant d'entrer vraiment dans la tête de Cléo, mais au bout d'une heure, j'étais complètement embarquée !
Le style de l'autrice est toujours aussi addictif, précis, saisissant, ciselé, faussement sincère (l'autrice aurait-elle de telle velléité ? Je n'espère pas cela pour son entourage ;) !) Maud Ventura fouille en profondeur le narcissisme, les strass et le stress ('Les adieux d'un sex symbol' cit. Starmania), l'univers de la célébrité artistique et la célébration du faux.
Voici un roman plus long, plus fouillé, plus travaillé, mais un peu moins percutant que l'uppercut qu'était Mon mari. La taille du roman amoindrit parfois un peu les aspects ô combien percutants qui font le charme de Maud Ventura. La longueur diminue aussi un peu les effets de surprise, mais les redondances sont maîtrisées, et, surtout, l'épilogue est un grand coup de théâtre !
Un grand bravo pour cette lecture impeccable, malgré quelques petits soucis de production de la version audio (quelques sons de pages, répétitions et accrochages).
L'interprétation sans faille de Suzanne Jouannet est magistrale et je suis absolument ravie d'avoir écouté ce roman. Je ne sais pas si j'aurai été aussi emportée en lisant les textes sur papier. Sa voix pourrait paraître monotone dans les premières minutes, mais il n'en est rien. Avec sa voix envoûtante, suave, grave, tellement agréable Suzanne Jouannet donne chair au personnage de fiction, renforçant autant la profondeur que la futilité de Cléo. La monotonie fugace pourrait nous bercer, mais les propos souvent bien trop dérangeants pour être endormant !
« La célébrité est une drogue dure, un monstre féroce. Et je suis allée la chercher avec ma rage, avec mes ongles, avec mes dents. »
Cléo, star mondiale de la chanson, raconte. Elle a choisi de s’isoler quelques semaines, sur une île déserte et revient sur sa vie. Elle a toujours voulu être célèbre. Dès l’enfance, elle s’y prépare et rien d’autre ne compte.
C’est une fille intelligente, qui a fait des études supérieures et terminé Major de promotion à Sciences-Po. Elle mène sa vie et sa carrière (les deux ne font qu’un) de manière essentiellement stratégique.
Elle ne veut pas seulement être reconnue dans sa ville ou dans son pays, mais dans le monde entier. Elle doit être la MEILLEURE et elle mettra tous les moyens possibles pour y arriver. D’abord, être autrice, compositrice et interprète. Tout doit être sous son contrôle, rien ne doit lui échapper.
Puis, le choix assumé de la bipolarité. Adorable envers le public, odieuse envers les proches. « Je me mets dans la peau de mon personnage public, réfléchie et amusante, reconnaissante et humble. Glaçante en privé, je joue au petit soleil en public. J’ai gagné le droit d’être désagréable avec mes équipes, mais certainement pas avec mes fans, ni avec les médias. »
Quand elle se juge « nulle », ce qui arrive souvent, elle s’ auto-mutile : « J’ai un rêve mais je ne rien pour le concrétiser. Le piano et la guitare, pour rien. Ma voix d’or, pour rien. Mes études pour rien. New York, pour rien. Toutes ces années, sont des années perdues. Un trou de 10 ans. A la fin du décompte, je fouille dans mon placard, trouve une ceinture de cuir. Je me mets à genoux et je me frappe les cuisses. Dix coups de cravache. Dix coups de fouet pour les dix années que j’ai passées à ne rien faire. »
Même si on n’est pas naïf sur la sincérité des célébrités, sur le consumérisme et la fabrication calculée des artistes, l’écriture de Maud Ventura est addictive. Car Cléo est « cash », brutale mais surtout très lucide. Le ton acide du récit, les phrases courtes et précises donnent du rythme au récit prenant.
« C’est la première chose à apprendre : pleurer sur commande. On connaît la chanson. Il faut se montrer émouvante et fébrile, avoir le triomphe modeste, expliquer qu’on fait de la musique pour ses fans, saluer les équipes de l’ombre en citant une longue liste de noms qui n’évoquent rien à personne. »
J’ai particulièrement aimé le réflexion de la solitude de l’artiste. Le constat est glaçant entre la sur sollicitation puis le désœuvrement total. Se sentir dépossédé de sa propre vie.
« Les célébrités n’ont pas d’autres choix que de tracer des frontières autour d’elles. (…) depuis le début, cette citadelle me protège autant qu’elle m’isole. Plus je suis entourée, et plus je suis seule. »
Le récit addictif d’un monstre
Une conclusion bluffante et une analyse lucide et féroce de la célébrité. Une vraie réussite !
https://commelaplume.blogspot.com/
Version audio
Avec Célèbre, son second roman, Maud Ventura nous entraine dans le sillage de Cléo, une jeune femme obnubilée par la célébrité. C'est la seule chose qui l'intéresse et elle met toute son énergie et son intelligence pour arriver au sommet du show-biz comme chanteuse.
C'est Cléo qui nous parle, qui se parle. Il me faut bien reconnaitre que les élucubrations d'une jeune femme autocentrée, se considérant comme la personne la plus belle, la plus talentueuse et la plus intelligente du monde ne m'intéresse pas vraiment. Son narcissisme est odieux, elle est prête à tout pour réussir.
Maud Ventura nous dresse une amusante critique du monde du show biz mais 200 pages de moins aurait tout autant servi son propos. Je n'en pouvais plus. Si je suis allée jusqu'au bout, c'est que je me doutais que, comme avec Mon Mari, Maud Ventura nous réservait une surprise au final.
Le ton péremptoire de Suzanne Jouannet, s'il m'a fortement agacé n'en est pas moins remarquablement bien adapté au personnage de Cléo.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/12/04/celebre-de-maud-ventura/
Merci à Lizzie et à NetGalley
#Célèbre #NetGalleyFrance
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !