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Mira Ward (élevée dans le New Jersey) avait été une petite fille brillante (voire surdouée) et curieuse de tout. Avec un caractère bien trempé. Toutefois, son éducation a très rapidement freiné ses ambitions … Très jeune (avant l’adolescence) elle a compris et rejeté le poids du patriarcat. Jusqu’à ce que la société qui l’entoure lui impose son inflexible volonté …
Elle n’avait pas vingt ans quand elle s’avoua « vaincue ». Son seul espoir pour bénéficier d’un minimum d’indépendance étant d’épouser Norm (le fils d’amis de ses parents) ce qui – du moins le croyait-elle – la protégerait d’un potentiel danger de fille célibataire – et donc peu respectable – aux yeux de la gent masculine … Norm continuera ses études de médecine pendant que Mira travaillera comme dactylo. Quand deux bébés viendront successivement (Normie Jr et Clark) Mira aura déjà perdu toutes ses illusions, ainsi que ses derniers et vains espoirs de liberté …
La narratrice – qui a rencontré Mira en 1968 à Harvard (ainsi que toute la bande : Val, Iso, Ava, Clarissa et Kyla) va lentement nous expliquer pourquoi, à l’aube de son récit, cette dernière (alors âgée de trente-huit ans) est partie se réfugier dans les toilettes pour dames de l’Université. Et en profiter pour nous raconter l’histoire de la principale protagoniste du merveilleux roman de Marylin French.
Un roman-essai indéniablement féministe – et non moins pragmatique – sur le long chemin à parcourir avant d’accéder à une relative indépendance et une modeste reconnaissance … Une intrigue à la fois dramatique et drôle, qui fut accueillie plutôt tièdement à sa sortie, en 1977, par le « sexe fort » … L’auteure nous décrit – avec une grande lucidité – le quotidien de mère et d’épouse de Mira, une femme « type » de l’époque (ainsi que celui de ses « compagnes d’infortune » que sont Nathalie, Adèle, Bliss ou encore Elizabeth et leur flopées d’enfants …) entre le début des années cinquante et la fin des années soixante-dix.
Un style et une écriture qui ne sont pas s’en rappeler ceux de « la fenêtre panoramique » de Richard Yates, un écrivain de la même génération. J’ai adoré cette formidable lecture qui ne m’a pas parue trop longue, tant elle était réaliste et rendait hommage à la cause féminine.
A New-York, Elsa Shutz, qui a écrit des dizaines de romans à l'eau de rose sous le pseudonyme d'Hermione Beldame, se retrouve à 55 ans à la croisée des chemins. Partie de rien, elle a réussi au-delà de ses espérances. Elle est riche, célèbre, deux fois veuve et deux fois divorcée. Elle pensait ne plus rien avoir à espérer de l'amour quand elle rencontra un certain George qui fit battre son cœur, qui l'attira fortement mais qui sembla assez décevant dès le début. Il lui donnait des rendez-vous, les annulait, lui préférant des réunions de travail et des séminaires. Il discutait avec elle mais n'avait jamais un geste tendre. Il finit même par l'abandonner pour retourner dans le Sud des Etats-Unis. Cette brève rencontre, cet amour frustrant et inachevé troubla Elsa au point de l'amener à replonger dans ses souvenirs et à se repasser toute l'histoire de sa vie. De son enfance pauvre auprès d'une mère aimante mais tyrannique jusqu'à ses succès littéraires en passant par son court passage à l'Université avec sa première expérience amoureuse.
« Jours tranquilles à Manhattan » est un roman psychologique et sentimental qui ne tombe jamais dans l'eau de rose et dans la mièvrerie. Avec finesse et intelligence, Marilyn French nous y conte la vie d'une femme depuis les années 50 jusqu'à nos jours avec ses joies, ses peines, ses compagnons, ses amies, les accouchements, la maladie, les divorces, la mort de deux conjoints. La vraie vie à la fois belle et moche, facile et difficile, exaltante et morne. L'écriture est agréable à lire, simple et efficace. Le personnage d'Elsa est attachant car il est facile de s'identifier à lui. De plus, le cadre et la réalité de la vie plutôt difficile vers le milieu de l'autre siècle est fort bien rendu tout comme le contraste avec l'ambiance survoltée de New-York. Un roman très réussi qui se lit avec plaisir car il pose les questions essentielles, la vie, la mort, la jeunesse, la vieillesse, l'amour, l'amitié, etc...
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