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La bande dessinée s’ouvre sur du sordide. Un jeune homme arrêté pour un vol de voiture et un état de fuite. Il négocie et dénonce une femme qui a subi un avortement, interdit par la France de l’époque. Il l’a violée, ce qu’il ne dit pas, bien entendu. Là encore, la BD pourrait se limiter au fait divers, à la violence percutant l’intimité d’une famille et d’une jeune fille condamnée et humiliée par la société des hommes. Et là, l’Histoire s’écrit autrement par la force de nombreuses femmes, de personnalités courageuses animées par un profond désir de justice et de respect. Il y a les 343 personnalités signant un texte dans lequel elles appellent à la légalisation de l’avortement. Il y a Gisèle Halimi qui attend le procès qui permettra de discuter, sur la place publique, de cette situation dangereuse subie par les femmes avortées. La BD passe de l’intime au collectif. Le point de départ montre l’importance du procès mais surtout du silence entourant l’interdiction de l’avortement. Le procès suivi avec rigueur et beaucoup de vitalité (tant par l’énergie de Gisèle Halimi que par les dessins et la palette de couleurs) permet de plonger dans le combat mené par des milliers de femmes inconnues ou renommées. L’âpreté graphique de l’époque est très bien rendue, la violence des rapports entre les hommes et femmes (que ce soit dans les gestes ou dans les mots) n’est pas amoindrie. C’est une véritable lutte qui se joue devant nous, une lutte conduite avec courage, talent et intelligence par Gisèle Halimi.
Les dessins de Carole Maurel reprennent habilement les codes des années 70 sans jamais étouffer le propos sous la reconstitution. Les émotions se lisent sur les visages qu’il s’agisse de la fatigue ou de la détermination. On pourrait résumer cette BD par une formule lacunaire de « bd engagée » mais cela ne serait pas rendre justice à la pédagogie employée pour saisir une époque et la problématique sociale posée. Les autrices montrent les rouages du procès et des armes rhétoriques utilisées par Gisèle Halimi pour démonter toute la loi sur l’interdiction de l’avortement. Marie Bardaux-Vaïente et Carole Maurel rendent hommage à la force de l’avocate, de Marie-Claire Chevalier (à qui la BD est dédiée), de sa mère et de la foule qui a les soutenues. La BD tient bien ces deux niveaux de lecture et sensibilisent aux profonds changements voulus et obtenus par ce procès, événement historique qui permet de mieux comprendre la promulgation de la loi Veil.
Cette BD retrace le procès de Bobigny en 1972 qui a ensuite permis la loi Veil sur le droit à l’avortement en 1974 et enfin en 2024 l’inscription dans la Constitution Française.
Les dessins de @carole.maurel expriment tous les sentiments des différents personnages, très expressifs et terriblement humains.
C’est une BD à mettre dans beaucoup/toutes les mains.
Juste pour information nous savons ce que Gisèle Halimi est devenue mais Marie Claire Chevalier qui disait que « cette loi, c’était un peu grâce à moi qu’elle était votée, c’était un peu la mienne » et bien elle a fait une tentative de suicide suite au procès.
Elle a décidé de changer de prénom en Catherine. Et dans les années 90 elle devient aide soignante.
Elle décède en 2022, elle était une madame tout le monde dont y ne fait pas oublier le nom
"Bobigny 1972" est de ces ouvrages qui vous hantent, dans une parfaite maîtrise de la mise en scène, un scénario mêlant témoignages et ressources documentaires et un dessin saisissant, l'émotion est vive et l'histoire fait place à la grande, à moins que ce ne soit l'inverse.
Cette lecture m'a émue aux larmes des premières pages jusqu'à la 4 ème de couverture.
Il n'y a pas de place au pathos dans ce qui nous est relaté, seulement de la pugnacité, du courage et une force incommensurable.
Des Héroïnes, des femmes à la soif de vie et de justice.
Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel retracent magistralement le procès à l'origine de la Loi Veil actée en janvier 1975, le procès de Marie-Claire Chevalier, 17 ans et Michèle Chevalier, sa mère.
Elles nous ont ouvert la voie, fait entendre leurs voix, elles sont l'exemple, nous sommes leurs filles. Hier comme aujourd'hui, leurs combats résonnent, rien n'est gagné, nous continuons de nous justifier mais, dans nos cœurs, la révolte gronde parce que "non, c'est non", et que "mon corps, mes choix". Leurs combats sont nos racines.
Merci, à vous, du fond du coeur, grâce à qui ma vie est exactement celle que j'ai choisie, Merci.
Bobigny 1972 est un roman graphique engagé qui retrace le procès qui a rendu possible la légalisation de l’avortement.
Nous sommes en janvier 1972, une voiture de police course un automobiliste et finit par l’arrêter.
Le conducteur est interpellé et conduit au commissariat. Sont retenus contre lui vol de voiture, délit de fuite et mise en danger de la vie d’autrui. Le jeune appréhendé, Daniel, contre toute attente, propose un bien vilain deal. Il négocie en balançant le nom d’une jeune femme et la machine répressive est enclenchée...
Quelques pages plus loin, ce sont en effet deux femmes que l’on retrouve au commissariat. Elles sont entendues pour des faits qui se seraient déroulés en 1971.
La BD de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel relate l’histoire de Marie-Claire Chevalier, jeune fille de 16 ans, enceinte à la suite d’un viol, dénoncée pour avortement clandestin par son propre agresseur, Daniel P..
L’avortement étant alors encore considéré comme un délit en France, la jeune fille et sa mère qui a tout mis en œuvre pour lui venir en aide et donc accusée de complicité vont devoir répondre de leurs actes devant la justice.
Mais depuis les années 1960, nous sommes dans un contexte de mutation des mentalités en France.
Un million de femmes se faisant avorter chaque année et, en raison notamment des risques médicaux provoqués par la clandestinité dans laquelle l’avortement est pratiqué, 343 Françaises ont pris l’initiative et ont eu le courage de signer une pétition rédigée par Simone de Beauvoir, dans laquelle elles déclarent publiquement avoir eu recours à l'avortement. Il s’agit du manifeste des 343, paru le 5 avril 1971 dans le Nouvel Observateur, appelant à la légalisation de l’avortement en France.
Peu après, en juillet, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir fondent l’association Choisir la cause des femmes, un mouvement féministe de lutte pour la dépénalisation de l’avortement.
Aussi, cette affaire dramatique qui aurait pu rester un fait divers banal, va devenir l’un des grands procès historiques quand Gisèle Halimi va accepter à la demande de la mère de Marie-Claire de s’occuper de l’affaire, une affaire emblématique de l’injustice et de la répression.
Ce sera le grand procès politique de l’avortement, avec de grands témoins, des prix Nobel, des philosophes, des politiques, procès dans lequel l’avocate passera au-dessus des juges pour interpeller la société tout entière. Seront appelés effectivement à la barre, entre autres, l’actrice Delphine Seyrig, la philosophe Simone de Beauvoir, le prix Nobel Jacques Monod, le Professeur Paul Milliez, l’écrivaine et journaliste Madame Claude Servan- Schreiber ou encore le député Michel Rocard.
La scénariste Marie Bardiaux-Vaïente traite l’histoire avec force et réalisme, avec une écriture forte de révolte qui rend compte sans les gommer aussi bien les propos violents tenus par le procureur lors des audiences que les paroles des témoins de la défense absolument saisissantes de vérité par la mise en évidence du fait que c’est toujours la classe des femmes pauvres vulnérables économiquement et socialement qui est frappée. Elle revient astucieusement sur la vie de Marie-Claire ou les avancées du mouvement féministe, par des flash-back que la dessinatrice et coloriste Carole Maurel a su bien souligner en utilisant un fond de page ocré. Les scènes intimistes tout comme les manifestations et mobilisations de rue sont également particulièrement bien rendues.
De même que j’avais été conquise par la BD Une farouche liberté, Gisèle Halimi, la cause des femmes, de Annick Cojean, Sophie couturier, Sandrine Revel et Myriam Lavialle, qui retraçait la vie de combats, de passion et d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes de Gisèle Halimi, cette emblématique combattante féministe et anticolonialiste, j’ai été séduite et sidérée par le courage et la volonté de ces personnes à porter le combat pour le droit des femmes à disposer de leur corps.
L’album Bobigny 1972 est un remarquable rappel de l’Histoire, celui d’un procès historique, un procès dans lequel Gisèle Halimi, cette défenseuse passionnée de la cause des femmes, a fait non pas le procès des accusées, mais celui de la loi répressive. Il allait servir de prémices à la loi Veil de 1975 autorisant l'interruption volontaire de grossesse…
N’oublions pas et restons toujours vigilants !
Cette lutte est malheureusement toujours d’actualité dans certains pays où des combats similaires sont menés.
À lire absolument.
Un grand merci à ma petite-fille Emma qui m’a proposée cette lecture inoubliable !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/04/bobigny-1972-marie-bardiaux-vaiente-et-carole-maurel.html
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