"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai été très surprise par ce titre, et le contraste entre ses dessins et la violence du propos. Dès les premières pages, c'est un véritable choc, un serment mortel entre deux pré-adolescentes qui prévoient de se jeter de la falaise. La narration tel un compte à rebours se lance et nous conduit inexorablement vers le jour où elles doivent en finir. C'est intense, oppressant, impossible à lâcher avant la dernière page.
un vélo à couteau rejoint un corps morceau dans l’herbe
un pacte au sang scellé
une falaise n’atteindra pas les 13 ans
deux mains sauteront à l'unisson
Astrid et Charlie hors forêt s’ignorent
les poings repoussent l’amitié
la vraie qui compte
et le collège de toutes les impunités
en disgrâce
les forts et les faibles les faibles presque forts les forts presque faible derrière un masque et les insultes pour écraser ou faire croire ou faire semblant
Charlie et Astrid se sont trouvés et font le serment de dire stop
radicalement
stop à la trop grande ignorance ou la trop grande couvade
la demi-mesure ne mesure pas la douleur
les cerveaux enfants ne voie qu’une fin pour issue
les adultes ne perçoivent pas
et puis les gestes dépassent l’amour et la violence contenu explose même auprès de ceux qui compte
Charlie se confond en regrets
trop tard
Astrid a disparu
La falaise est une lecture qui interpelle, tant par la forme que par le fond.
La forme : un dessin aux crayons de couleur, très simple.
Le fond : violent, cru, mais vrai.
Deux pré adolescentes de 13 ans que tout oppose lient une amitié autour d’un pacte secret, elles se jetteront ensemble de la falaise vendredi, avant midi. « Après (elles), le déluge ».
Un nouvel album très marquant de Sarbacane qui vise toujours juste. Avec une trame finalement assez simple, Manon Debaye, dépeint les multitude des facettes et ambivalences de l’adolescence.
Les sujets peuvent paraître durs, car traités sans romantisme. Au contraire, la colère, le harcèlement, la violence verbale et physique que peuvent cacher les murs du collège y sont d’un réalisme troublant. Mais c’est justement ce réalisme cru qui différencie cette lecture d’autres œuvres sur le même thème.
Du lundi au vendredi, 5 jours dans la vie d’Astrid et Charlie. Astrid est blonde, elle écrit dans un carnet, elle a une famille aimante mais est la cible des autres au collège. Charlie est brune, garçon manqué à la famille désorganisée, elle adore Bruce Lee et elle suscite la crainte des autres… Elles se retrouvent près de la falaise et concluent un pacte, vendredi elles sautent.
On est d’abord saisi par le contraste entre ce dessin aux crayon de couleurs, enfantin, et cette tension qui s’installe très vite, dés les premières cases silencieuses. Puis on découvre ces 2 jeunes filles, leur vie, chez elles, au collège… on découvre 2 adolescentes différentes et qui pourtant souffrent du même mal. Comment grandir ? On découvre aussi leur relation, passionnée, étrange…
Pour un premier album, Manon Debaye fait fort. C’est un livre puissant, libre qui analyse avec finesse et sans jugement la complexité de l’adolescence. Le récit nous garde tendu jusqu’au bout et le dessin expressif et mélancolique est parfaitement adapté.
Au final, je suis sous le charme de ce beau livre (bravo Sarbacane ! ) et de la découverte d’une autrice qu’il faudra suivre avec attention !
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