"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l’Irak. C’est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d’alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en portant des marchandises. Ces contrebandiers sont appelés des « kolbars », et chaque année, plusieurs dizaines d’entre eux trouvent la mort, victimes des gardes-frontière iraniens, des mines antipersonnel, d’avalanches ou des rigoureux hivers de cette région."
Je partage les premières lignes du résumé Éditeur car ils sont la meilleure porte d'entrée dans le contexte politique, géographique, économique et social de ce roman graphique.
Au fil des pages, se déploie la nouvelle mission du groupe de Kolbars que nous suivons, le départ du village, l'arrivée sur "base", la récupération de la marchandise, la tempête de neige et la traversée pour mener à son terme la livraison...
Un noir et blanc aéré, hachuré, persistant pour dépeindre un quotidien dénué d'illusions où la couleur n'existe plus que sur les tapis de Rojan, ses tapis qui devraient bientôt être son salut.
Dans cet album, ce n'est pas le noir ou l'obscurité qui engouffre tout mais bel et bien le blanc, le blanc piegeux de la neige, le blanc mortel du froid qu'il draine.
On tourne les pages avec angoisse et appréhension, cet album nous garde en haleine mais il avale l'espoir, la lumière, l'auteur y dénonce le désespoir de ces montagnards dans un déchirant hommage aux Kolbars et leur enfer.
"Les oiseaux de papier" est à la fois témoignage et fiction, porté par une poésie d'une rare violence.
un tueur en série, sous prétexte de se conformer à la religion, assassine 16 prostituées. A la 17ème il se fait prendre. une journaliste et un réalisateur l'interviewe et le filme avant son procès, ainsi que le juge qui va le condamner. Très beau roman graphique qui se passe en Iran au début du siècle
Mana Neyestani naît en 1973 à Téhéran en Iran où il étudie l’architecture. Dès 1989, ses illustrations et caricatures paraissent dans des journaux iraniens mais certains de ses dessins dérangent (en particulier un cafard) et il est enfermé pendant trois mois. Il s’exile avec son épouse en Malaisie jusqu’en 2010 avant de s’installer à Paris.
+ photos expo sur https://pativore.wordpress.com/2015/08/26/tout-va-bien-expo-de-mana-neyestani/
Difficiles à supporter ces premières pages avec les interrogatoires, les scènes de prison où l’on retrouve tous les mêmes travers, tous les mêmes comportements, quel que soit le pays et les conditions de détention…
Mana Neyestani a vécu ce qu’il raconte, ce qu’il dessine tout en gardant un ton teinté d’humour malgré le caractère dramatique du récit. Dessinateur dans les pages jeunesse du supplément week-end du journal Iran, il est inspiré par un cafard auquel il fait vivre de petites aventures. Dans une bulle, il place le mot « Namana » que les Iraniens disent souvent lorsqu’ils cherchent leurs mots. Hélas, ce mot est aussi un terme azéri et voilà que cela est mal interprété par la minorité de cette partie nord du pays en mal de revendications.
Au fil des pages et de la dramatisation recherchée par le régime, le lecteur comprend vite que tout cela n’est que prétexte pour faire payer à l’auteur les manifestations qui agitent cette région. Le dessinateur et son rédacteur en chef se retrouvent incarcérés, soi-disant pour les protéger…
Passée la moitié du livre, nous quittons les geôles iraniennes pour la fuite de Mana accompagné par Mansoureh, son épouse, car l’auteur ne peut pas supporter la menace bien réelle de retourner en prison. Commence alors un parcours incroyable d’un couple qui n’arrive pas à trouver refuge dans les pays occidentaux et se trouve toujours à la merci de passeurs sans scrupule.
D’abord, c’est Dubaï avec le refus du Canada de les accueillir, puis la Turquie, la Chine, la Malaisie et enfin la France où il a pu publier ce récit poignant et révélateur de tellement de souffrances inutiles.
Le dessin est précis, toujours en noir et blanc, parfois proche de la caricature mais très expressif. Le texte soutient bien l’action et permet de comprendre ce qui se passe. L’ensemble met souvent le lecteur mal à l’aise car cette histoire est très récente et se reproduit pour d’autres qu’ils soient journalistes, poètes, écrivains….
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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