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Je ne suis pas fan de nouvelles mais le titre et le résumé me tentait, l'envie aussi de découvrir la littérature vietnamienne.
J'ai donc lu ce livre mais je me suis forcée à le finir. Je n'ai pas réellement apprécié le style de l'auteur.
Les différentes nouvelles retracent les difficultés d'adaptation des immigrés, leurs rapports parfois difficiles et ambiguës avec les locaux. Leurs besoins de se retrouver entre eux aussi, avec leurs souvenirs, souvent difficiles (fond de guerre, de famines, expatriation souvent forcées) mais aussi avec leurs frustrations.
Ces tranches de vies sont très courtes (la première fait 8 pages), le style est particulier (première personne, beaucoup de descriptions) d'où la difficulté pour moi de rentrer dans ces histoires et pourtant il y aurait beaucoup de choses à apprendre en creusant et en lisant ces nouvelles attentivement..d'où finalement une certaine frustration.
Certains amateurs de ce genre de littérature apprécieront sûrement, pour moi ce ne fut pas le cas..
Par Cuong - Holmdel -NJ - USA
Une évasion, mais pas celle de T.S. Elliot
`La littérature n'est ni bien écrite, ni mal écrite: elle est écrite'
(Charles Dantzig: Dictionnaire égoïste de la littérature Française)
Tout d'abord je dois avouer, avec un délicieux amusement, ma terrifiante surprise en lisant qu'un roman, écrit en Français par un citoyen Français, d'origine Vietnamienne (certes), est considéré comme faisant partie de la littérature Vietnamienne ([...]). Est-ce à cause du titre (`Khmer Boléro') qui lui donne une certaine proximité géographique au Vietnam? J'ai dû sans aucun doute manquer quelque chose d'important dans mes lectures passées de Salman Rushdie, François Cheng et autres Kuzuo Ishiguro en n'étant pas informé que c'est de la littérature Indienne, Chinoise et autres Japonaise.
Je croyais que la littérature appartient à la langue dans laquelle elle est écrite et à la culture dont elle est issue.
Ah Marketing, quand tu nous tiens...
Dans un article `Tradition and the Individual Talent', T.S. Elliot définit la poésie comme étant une évasion en dehors de l'émotion (`an escape from emotion'), une évasion en dehors de la personnalité (`an escape from personnality').
Eh bien, rien n'est plus éloigné de cette conception littéraire et poétique que le premier livre écrit en Français de Do Kh. Car c'est un roman `à base de vécu' et un livre de personnalité.
Il est intéressant de noter que l'auteur avait appris que `ses ancêtres étaient Gaulois', usait ses fonds de culottes et de pantalons à l'école de Jules Ferry à Saigon et à Paris ainsi qu'à Sciences Po de Paris, après un intermède dans l'Armée de la République du Sud Viet Nam en 1974-1975.
Do Kh. a commencé sa carrière littéraire en écrivant en Vietnamien, entre autres de la poésie et des récits. Ce parcours littéraire, en lui-même déjà hors du commun, devrait titiller notre curiosité.
Si Do Kh. pensait avoir commis un adultère en écrivant ce premier roman en Français, ce serait pour moi plutôt le retour de l'enfant Prodigue à la langue d'origine culturelle (ce qui est plus puissant et significatif que l'ethnicité).
Toute aeuvre de fiction, pour être convaincante, vivante et attirante, ne peut que s'appuyer sur des fondations d'expériences réellement vécues ou réellement testées (comme Flaubert qui, pour décrire les effets du poison sur Mme Bovary, en eût absorbé une petite quantité pour en éprouver les effets; Claude Simon avec `la Route des Flandres' ou Proust dans la Recherche). Et Do Kh. a joliment exploité dans `Khmer Boléro' son vécu diversement riche.
La sublimation des expériences réellement vécues dans `Khmer Boléro' relève d'un pur délice intellectuel et ce, raconté d'une manière à la fois réaliste, honnête avec un humour nonchalamment innocent.
On peut dire qu'il y a une atmosphère et un style spécifiques Do Kh., une vision de la vie où rien n'est sérieux mais où tout est important et mérite d'être vécu au-delà de `la représentation que peut s'en faire l'esprit': vagabondage culturel solide et diversifié, lucidité chargée de mélancolie, sincère honnêteté joyeuse couplée avec une résignation boudeuse, éclectisme, cynisme, humour chargé de blagues de potaches. Tout cela semble relever d'un attachement nostalgique et d'une loyauté surannée et dépassée à une jeunesse maintenant lointaine, néanmoins riche d'expériences, de rencontres et d'apprentissages.
Et cela ne favorise pas tellement un amour stable et sans histoire. Les aléas de la vie n'y ont guère contribué non plus. Ou est-ce parce qu' 'il n'y a pas d'amour, il n'y a que des moments d'amour'? `Comment était-ce ? Comment savoir? `
Quant au sexe, il est plus que présent dans le livre. Do Kh. en a une approche décontractée, naturelle et directe, sans contrainte ni tabou. En plagiant Sartre, pour Do Kh., le sexe EST. Sur ce registre, Do Kh. appartient bien à cette génération des jeunes des années 1970 dont Houellebecq (pas très Littérature Vietnamienne) en est un des représentants avec «Les particules élémentaires»: « Il n'arrivait plus à se souvenir de sa dernière érection, il attendait l'orage». Comme Nam la mousson...
Un écrivain se sert des mots alors que le poète sert les mots. Sans l'écrivain, les mots demeurent invisibles. Do Kh. s'en est joyeusement and joliment servi dans `Khmer Boléro'.
Que puis-je dire de plus sur ce livre si ce n'est que de vous conseiller, avec toutes les subjectivités que je puis avoir pour l'auteur, de le lire. Mais surtout lisez le pour confirmer mes subjectivités, s'il vous plait.
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