"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis sa tendre enfance, Sonia n’a qu’un rêve en tête, celui d’être entraîneuse de chevaux. Dans un milieu majoritairement masculin, rude et sévère, Sonia doit se faire une place. Hélas, rien n’est simple lorsque l’on est une femme.
Sonia nourrit par ce lien fort qui l’unit aux chevaux, se bat et s’impose dans ce cercle assez particulier de l’équitation.
« Quand on vit sur un champ de courses, on a une existence bien remplie. Pas le loisir d’aller traîner au centre commercial. On perd tout contact avec le monde extérieur. Et pendant ce temps, tout change. On n’entend jamais parler de rien, sauf s’il se passe quelque chose de gravissime, on évolue dans son propre univers, où il se passe déjà bien assez de trucs comme ça. »
L’autrice, Kathryn Scanlan, nous livre ici une histoire vraie. À travers des entretiens réalisés avec Sonia entre 2018 et 2021, l’autrice a pu recueillir une partie de la vie trépidante de cette entraîneuse de chevaux de course du Midwest américain.
De courtes anecdotes, entre colère et ascension, entre l’homme et l’animal, font de ce récit un bouleversant témoignage. Portrait d’une femme volontaire, battante qui m’a beaucoup séduite.
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/10/cavaler-seule-kathryn-scanlan.html
Procédé classique. Un écrivain rencontre une personne qui lui raconte sa vie, enregistre leurs entretiens, puis la retranscrit pour en faire une oeuvre. On s'attend donc à une sorte de biographie, ici de Sonia, dresseuse et entraineuse de chevaux née en 1962 dans l'Iowa. Sauf que Cavaler seule ne ressemble en rien à ce qui était attendu.
L'autrice a choisi une forme, certes chronologique, mais complètement fragmentée en une série de chapitres-vignettes qui capturent des moments de vie sans s'embarrasser des unités temporelles habituelles ( jours, semaines, mois, années ). le temps s'étire, s'accélère, fait des sauts pour résumer de façon radicale la moelle d'une vie. Cette façon de dérouler le parcours de Sonia surprend, déstabilise aussi tant on a l'habitude d'avoir du gras romanesque ou émotionnel. L'écriture dépouillée et le déroulé très minimaliste pourrait donner l'impression d'un texte simple voire simpliste, ce qui n'est pas le cas.
Ici tout n'est concision et épure. En quelques lignes, l'autrice a l'art de décrire un personnage, une rencontre ( inoubliable Jenny Bicyclette et ses chihuahuas ), une situation, même violente et complexe. le monde hippique, avec ses ressorts business, ses différents métiers, le rapport aux chevaux parfois cruels, son machisme, devient très lisible pour un non initié.
Surtout, lorsqu'on referme le livre, on a l'impression d'avoir écouté Sonia au coin du feu et d'avoir tout compris de son parcours, de son évolution, de ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Je n'ai pas été touchée physiquement parlant par Sonia. Ce n'est pas un personnage qui bouleverse car ce n'est pas ce que Kathryn Scalan a voulu montrer, alors qu'il y avait toutes les épreuves pour faire pleurer ou l'ériger en modèle hagiographique avec leçons moralisatrices à la clef.
Sonia est présentée dans sa vérité nue, une femme ordinaire qui a surmonté des épreuves « ordinaires ». La concision du récit écarte toute introspection type catharsis. Pour Sonia, un traumatisme n'est ainsi jamais définitif. Au final, on est plein d'admiration pour cette femme dont la vie a été dure mais emplie de passion pour les chevaux. Chaque fois qu'il est question de chevaux, une tendre lumière se diffuse, son premier cheval Rowdy dont elle ne rate jamais les anniversaires, les chevaux miraculés Chico et Dark Side qu'elle transforme en gagnants.
Et oui, pas facile quand on est une femme de se faire une place dans le monde très masculin des entraîneurs de chevaux de course. Mais, comme pour toute chose en ce bas monde, quand on veut l'obtenir, que c'est une vraie passion et qu’on se bat, femme ou pas femme, on avance et Sonia qui raconte son histoire le dit haut et fort.
Le texte est court, percutant, à la hauteur de la volonté de cette femme déterminée.
Pour ce roman assez court, l’autrice Kathryn Scanlan s’est entretenue avec Sonia, une ancienne entraîneuse de chevaux, originaire du Midwest des Etats-Unis.
Évoquant des moments de sa vie personnelle mais surtout professionnelle par des chapitres concis et condensés, elle évoque de nombreuses anecdotes concernant les haras, les concours, les entraîneurs…
C’est à la fois un roman mais aussi un récit de vie, tout en simplicité et en justesse qu’on dévore très rapidement et qui m’a permis de découvrir tout un monde que je ne connaissais pas, celui des chevaux et en particulier, des courses hippiques américaines.
Bien entendu, être une femme dans ce milieu clos gorgé de testostérone n’est pas toujours rose tous les jours, comme on peut bien se l’imaginer ! Heureusement, la narratrice n’a jamais manqué de volonté de vivre de cette passion, tout en faisant preuve d’un amour inconditionnelle des animaux et ce, afin de surmonter de nombreux défis.
Pourtant, aucun atermoiement de la part de cette femme n’est ressenti, au contraire ! C’est avec beaucoup de force et de courage qu’elle a mené sa vie. On voudrait encore plus la connaître, ainsi que l’envers du décor et partager un brin de chemin supplémentaire en sa compagnie.
C’est bien le seul grief retenu vis-à-vis de cette lecture passionnante, au pouvoir totalement dépaysant et captivant.
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