"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai fait plein de chutes, mais je remontais aussitôt. » Sonia est née dans le Midwest. Dès l'enfance, elle a décidé de devenir entraîneuse de chevaux. Débute alors un long chemin pour trouver sa place au coeur de l'hippodrome, en compagnie des hommes qui ne l'épargnent pas : jockeys excessifs, lads violents, propriétaires exigeants, bagarres et tricheries sur le champ de courses... Malgré tout, il reste ce lien magique avec les chevaux, qu'elle choie, qu'elle guide parfois jusqu'à la victoire. Sonia raconte tout, sans fard, dans une émotion pure.
Cavaler seule, écrit à partir d'une histoire vraie, est un roman qui se lit au triple galop et nous emporte de souvenir lumineux en récits dramatiques. Dans ses pages se révèlent un monde fascinant et le parcours d'une femme en lutte face aux obstacles - une impressionnante leçon de vie, portée par un style étincelant.
Procédé classique. Un écrivain rencontre une personne qui lui raconte sa vie, enregistre leurs entretiens, puis la retranscrit pour en faire une oeuvre. On s'attend donc à une sorte de biographie, ici de Sonia, dresseuse et entraineuse de chevaux née en 1962 dans l'Iowa. Sauf que Cavaler seule ne ressemble en rien à ce qui était attendu.
L'autrice a choisi une forme, certes chronologique, mais complètement fragmentée en une série de chapitres-vignettes qui capturent des moments de vie sans s'embarrasser des unités temporelles habituelles ( jours, semaines, mois, années ). le temps s'étire, s'accélère, fait des sauts pour résumer de façon radicale la moelle d'une vie. Cette façon de dérouler le parcours de Sonia surprend, déstabilise aussi tant on a l'habitude d'avoir du gras romanesque ou émotionnel. L'écriture dépouillée et le déroulé très minimaliste pourrait donner l'impression d'un texte simple voire simpliste, ce qui n'est pas le cas.
Ici tout n'est concision et épure. En quelques lignes, l'autrice a l'art de décrire un personnage, une rencontre ( inoubliable Jenny Bicyclette et ses chihuahuas ), une situation, même violente et complexe. le monde hippique, avec ses ressorts business, ses différents métiers, le rapport aux chevaux parfois cruels, son machisme, devient très lisible pour un non initié.
Surtout, lorsqu'on referme le livre, on a l'impression d'avoir écouté Sonia au coin du feu et d'avoir tout compris de son parcours, de son évolution, de ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Je n'ai pas été touchée physiquement parlant par Sonia. Ce n'est pas un personnage qui bouleverse car ce n'est pas ce que Kathryn Scalan a voulu montrer, alors qu'il y avait toutes les épreuves pour faire pleurer ou l'ériger en modèle hagiographique avec leçons moralisatrices à la clef.
Sonia est présentée dans sa vérité nue, une femme ordinaire qui a surmonté des épreuves « ordinaires ». La concision du récit écarte toute introspection type catharsis. Pour Sonia, un traumatisme n'est ainsi jamais définitif. Au final, on est plein d'admiration pour cette femme dont la vie a été dure mais emplie de passion pour les chevaux. Chaque fois qu'il est question de chevaux, une tendre lumière se diffuse, son premier cheval Rowdy dont elle ne rate jamais les anniversaires, les chevaux miraculés Chico et Dark Side qu'elle transforme en gagnants.
Et oui, pas facile quand on est une femme de se faire une place dans le monde très masculin des entraîneurs de chevaux de course. Mais, comme pour toute chose en ce bas monde, quand on veut l'obtenir, que c'est une vraie passion et qu’on se bat, femme ou pas femme, on avance et Sonia qui raconte son histoire le dit haut et fort.
Le texte est court, percutant, à la hauteur de la volonté de cette femme déterminée.
Pour ce roman assez court, l’autrice Kathryn Scanlan s’est entretenue avec Sonia, une ancienne entraîneuse de chevaux, originaire du Midwest des Etats-Unis.
Évoquant des moments de sa vie personnelle mais surtout professionnelle par des chapitres concis et condensés, elle évoque de nombreuses anecdotes concernant les haras, les concours, les entraîneurs…
C’est à la fois un roman mais aussi un récit de vie, tout en simplicité et en justesse qu’on dévore très rapidement et qui m’a permis de découvrir tout un monde que je ne connaissais pas, celui des chevaux et en particulier, des courses hippiques américaines.
Bien entendu, être une femme dans ce milieu clos gorgé de testostérone n’est pas toujours rose tous les jours, comme on peut bien se l’imaginer ! Heureusement, la narratrice n’a jamais manqué de volonté de vivre de cette passion, tout en faisant preuve d’un amour inconditionnelle des animaux et ce, afin de surmonter de nombreux défis.
Pourtant, aucun atermoiement de la part de cette femme n’est ressenti, au contraire ! C’est avec beaucoup de force et de courage qu’elle a mené sa vie. On voudrait encore plus la connaître, ainsi que l’envers du décor et partager un brin de chemin supplémentaire en sa compagnie.
C’est bien le seul grief retenu vis-à-vis de cette lecture passionnante, au pouvoir totalement dépaysant et captivant.
Alors autant l’écrire directement, je n’aime pas l’équitation ! Je comprends parfaitement que l’on puisse aimer mais personnellement ce n’est vraiment pas mon truc !
Mais quand les éditions La Croisée propose un livre dont c’est le thème principal, je l’achète quand même car j’adore cette maison !
Et j’ai beaucoup aimé !
Sonia a toujours su qu’elle voulait travailler dans l’univers de l’équitation. L’auteure nous raconte à travers de courts chapitres et des phrases directes et précises, la vie de Sonia, son amour pour les chevaux, ses nuits dans les boxs, dans les mobil-home, sa vie au sein de cet univers masculin, solidaire et violent.
On découvre les coulisses du monde hippique, le quotidien des lads et des propriétaires d’écuries, on assiste aux courses aux côtés des entraîneurs et des jockeys…..
J’ai beaucoup aimé ce roman, inspiré d’une histoire vraie, l’auteure nous fait vivre aussi biens les bons que les moments difficiles et les réussites de Sonia cette femme si forte et passionnée !
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir l’envers du décor !
Alors amoureux d’équitation ou pas, je ne peux que le conseiller !
Un sacré texte, peu de pages, des phrases simples, percutantes pour nous raconter la vie de Sonia.
L'auteure, qui s'est inspirée de la vie d'une femme, qu'elle a interviewé pour des articles et après l'avoir interrogé, elle a souhaité raconter son histoire.
Ce texte est le portrait d'une femme volontaire, vaillante.
Nous découvrons le monde des courses de chevaux puis celui des prisons. Sonia, jeune fille, s'intéresse au monde des chevaux, elle va devenir lad et va travailler dans ce monde rude, masculin.
L'auteure nous décrit les "petits métiers" de cet univers : bien sûr il y a les jokers, les lads, les propriétaires, les entraîneurs.. Elle décrit aussi le monde des paris, des champs de course, les conditions de travail, de vie des chevaux (des pages terribles sur le dopage des chevaux mais aussi le dopage des jokers). Elle décrit le monde des sans grades, des travailleurs précaires, qui vivent en marge, dans des mobil homes et qui se débrouillent avec leurs petits salaires, leurs débrouilles.
L'auteure décrit aussi ce monde rude, masculin où les femmes essaient de se trouver une place. Elle parle de violence, de mal être.
Sonia va réussir à devenir entraîneur de chevaux mais épuisée physiquement et souhaitant se poser, elle devient gardienne de prison et nous allons alors découvrir le monde carcéral et celui ci n'est pas triste.
Un texte percutant mais une lecture au galop, et c'est surtout un superbe portrait de femme vaillante courageuse et une description des "petits" américains, des laissés pour compte qui vivent dans un monde très loin du rêve américain.
Ai pensé à une autre lecture qui m'avait impressionné et qui décrivait aussi ce monde des marges, la route sauvage de Willy Vlautin.
Un traduction parfaite de Laetitia Devaux qui nous permet d'appréhender ce monde, cet univers.
L'un de mes coups de cœur de cette rentrée.
#Cavalerseule #NetGalleyFrance
On sent la sueur, la crasse mais aussi les box impeccables, l’adrénaline, l’alcool bon marché vite descendu, les nuits courtes et les ruades des chevaux. Mon premier coup de cœur de la rentrée littéraire <3
Pendant plusieurs jours je l’ai lu en ayant en tête le titre « cavalier seule » ce qui est proche aussi de la réalité du récit. L’auteure a posé des mots sur la vie menée à toute allure par Sonia, qui devient très jeune entraîneuse de chevaux à partir des années 80 et pour une bonne partie de sa vie.
On est dans le Midwest la plupart du temps, dans des hippodromes, de l’autre côté du décor des primes et des paris, avec les chevaux et tout le microcosme qui gravite autour des bêtes que l’on traite tantôt cruellement tantôt royalement.
Au galop, un cheval c’est « 450 kg de pression qui s’exercent sur un seul membre très fin, un sabot de la taille d’un cendrier tenant dans la main ». Parfait résumé des chapitres courts, nerveux et intenses, pour un roman mené au galop.
En un coup de sabot l’on passe d’une soirée qui tourne mal dans un mobil home aux blagues graveleuses d’un milieu masculin mais où l’entraide existe et aux soins du véto administrés aux hommes…une vie de sacerdoce et de passion qui commence à 4h du matin parfois après une nuit à côté d’un box ou après 2km de marche pour rejoindre l’hippodrome et des repas à base de hot-dogs. Mais on peut aussi se retrouver là car on ne se sait pas quoi faire d’autre de sa vie et souvent on n’arrive plus à faire autre chose.
On est avec des hommes qui savent parler aux chevaux mais qui ont plus de mal avec leurs semblables
On tourne la dernière page en ayant l’impression de quitter à peine la stalle de départ snif
Merci à @babelio et @lacroisée pour cette avant-première
Une vie avec les chevaux
Après avoir recueilli les confidences de Sonia, qui a passé sa vie auprès des chevaux dans le Midwest, Kathryn Scanlan a construit un roman sans concessions. Avec la volonté farouche se battre contre la violence et le sexisme.
Dès les premières lignes, le ton est donné: «Je suis née le 1er octobre 1962. Je suis née à Dixon, Iowa. Je suis née avec une luxation de la hanche. Le médecin a dit que je ne marcherais jamais. Il doit forcément y avoir une solution, a répondu ma mère. On m'a donc plâtrée des pieds jusqu'au torse en laissant juste l’espace nécessaire pour me langer. J'ai passé cinq mois comme ça. Ensuite, on m'a mis les jambes dans deux plâtres reliés par une barre de fer, et des souliers spéciaux. Au final, j'ai pu marcher.» On comprend d’emblée que la vie de Sonia sera un combat permanent. Si sa famille s’en sort tant bien que mal, elle promène sa solitude jusqu’au jour où elle croise un cheval et sait d’instinct que c’est avec lui qu’elle fera sa vie. Après avoir pu trouver de quoi payer une heure pour le monter, elle va chercher le moyen de rester près de lui et va finir par se faire embaucher par les patrons d’écuries. Là elle fait le dur apprentissage du métier de lad, se levant à quatre heures du matin pour soigner les chevaux, les nourrir, les laver, les entraîner. En la suivant, le lecteur va découvrir comment se pratique l’élevage, comment on sélectionne les chevaux et les jockeys, combien on évalue la valeur d’un cheval et quelles combines se cachent derrière tel ou tel traitement, comment on peut échapper aux contrôles antidopage.
L’univers de Sonia, voyageant d’un hippodrome à l’autre, est dur, violent, macho. Mais c'est celui qu'elle a choisi et où elle se sent bien. Souvent elle préfère ne pas quitter le champ de courses et ne sait rien de ce qui se passe à l’extérieur. Une abnégation qui va faire sa réputation, mais ne va pas la préserver de la violence ambiante.
À 17 ans, elle est violée par un jockey qui s’est introduit dans sa caravane, mais se tait pour ne pas perdre son travail. Et se coupe alors les cheveux très courts.
S’appuyant sur des entretiens enregistrés avec la «vraie» Sonia en 2018, 2020 et 2021, ce roman est construit sur de courtes séquences qui disent avec une langue simple, proche de l’oralité, la dureté de cette existence. Proche du journalisme, le roman présente les faits dans toute leur vérité, souvent brutale. Quand une amie se retrouve paralysée, par exemple, le sort qui lui est réservé tient en deux phrases : «Le mari l'a larguée, bien sûr. Il l'a larguée tout de suite». À cette banalité du machisme ordinaire répond un humour froid qui nait de la juxtaposition des scènes, sur le comportement excentrique des personnages, sur le recul de Sonia face aux événements. Et sur des formules qui claquent comme autant de slogans salvateurs : «Quand vos parents ne s’entendent pas, quand ils se disputent, quand il y a des abus, il vous reste toujours votre cheval. Les jours où rien n'allait, j'allais voir mon cheval et il arrangeait tout. C’est pour ça que je dis toujours que c'est mon cheval qui m'a élevée.»
Sans anthropomorphisme, Kathryn Scanlan explore aussi dans son livre ce lien tout particulier entre l’homme et l’animal, un lien dont Sonia se nourrit, mais qui est aussi l’occasion de colères froides, notamment face à la souffrance qui peut être infligée par les humains, soi-disant supérieurs.
https://urlz.fr/nGMO
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