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Karthika Nair

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    Couverture du livre « Le cantique des lionnes » de Karthika Nair aux éditions Le Nouvel Attila

    Evlyne Léraut sur Le cantique des lionnes de Karthika Nair

    « Tant que les lions n’auront pas d’historiens, le récit de la chasse glorifiera le chasseur ».
    « En Inde, on ne lit jamais le Ramayana ou le Mahabharata pour la première fois, écrivait A. K. Ramanujan, le poète, traducteur et critique.»
    Le Mahabharata est le plus long poème au monde.
    Texte...
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    « Tant que les lions n’auront pas d’historiens, le récit de la chasse glorifiera le chasseur ».
    « En Inde, on ne lit jamais le Ramayana ou le Mahabharata pour la première fois, écrivait A. K. Ramanujan, le poète, traducteur et critique.»
    Le Mahabharata est le plus long poème au monde.
    Texte sacré, intemporel, la flamme sanskrite, « récit du conflit fratricide qui oppose deux clans d’une même famille ».
    « Œuvre collective de 120 000 versets divisés en 18 livres. »
    Plus qu’un incontournable, c’est le recueil-socle, macrocosme, le summum de la symbolique culturelle et idéologique sud-asiatique.
    Ici, c’est le plein monde qui s’élève dans « Le Cantique des lionnes ». Le chant choral dans l’apothéose d’une féminité révélée. Karthika Naïr bouscule les codes, les interprétations, cueille les voix, les prononciations. L’acclamation qui soulève les entendements.
    L’épopée comme une lame de fond qui remue les sens, les enjeux et les pouvoirs. La fulgurance du sacre entre les mains de Karthika Naïr. C’est une danse autour du feu. L’épos qui annonce l’histoire et le mythe, la légende et la contemporanéité.
    Les entrelacs empreints d’une féminitude exaltée, dont l’aura berce la saveur des mots. Femme-cerceau, l’envoûtement et le miracle de l’annonce. Tout ici, est ode et magnificence, cris de puissance et de sédition.
    Les fragments à l’instar d’herbes folles qui s’agitent. Les Dieux et les hommes, les révoltes et cette force-levier devient un contre-pouvoir.
    La mappemonde où règne l’exaltation des expressions vives. Le chant du monde et ses douleurs intestines. Convoquer les Dieux et les esclaves, les sermons, les soupirs, les désirs et l’espérance d’atteindre sa propre loi.
    La liberté d’être une femme révélée, le regain des aspirations. Les luttes pour s’émanciper dans cette aura poétique, spéculative et quasi charnelle.
    « Ce corps, en qui j’avais si longtemps brûlé, s’est embrasé comme seules devaient le faire les étoiles de mort. » « Lève ta haine en eux lance peurs et rumeurs pour les affoler mais ligote-les dans le fil du mot paix. »
    « Le Cantique des lionnes », femmes étincelles, divines et rebelles. Ici, elles deviennent des déesses. La proclamation même des résistances.
    « Car il est temps. Il a toujours été temps, mais il est temps. J’ai hurlé face aux dieux, aux rois, au fil des mois, durant des années écumé la planète, ses plaines, ses forêts. »
    Litanie-liane, l’effusion souveraine, l’altérité et la conviction de devenir une lionne émancipée et initiée.
    « Alors recommence / Commence à vaincre / Commence à finir. »
    On peut lire à l’infini ce culte en nos mains. Grappiller, se risquer et communier avec cette poésie qui change de couleur à chaque pas.
    On aime les morceaux d’architecture, dans cette épiphanie où la lecture se lit à voix haute, d’elle-même, sans le vouloir. On pleure. La beauté est apothéose.
    « Combien d’hommes manderez-vous de nos seuils. Tournés en boucliers vivants pour nos héros ? » «Épargnez l’homme. Épargnez-nous. Épargnez-nous. »
    « Le Cantique des lionnes » est un sanctuaire. « Quand le roi décide de te prendre, on marque le commencement avec faste, non le dénouement. Quand le roi décide de te prendre nul ne viendra à ton aide : les dieux sont à lui, les mythes et les légendes lui appartiennent, aussi. »
    Oracle littéraire, les théophanies rémanence. Lire et relire cet intemporel, et admirer la gloire et la magnificence d’une écriture inestimable. Prendre soin de la préface de Laëtitia Zecchini. Les notes en fin de livre et l’index des personnages. Savoir ce parchemin littéraire dans tous les lieux des savoirs et dans les universités.
    Ce livre est une chance éditoriale hors norme. Une référence et la poésie comme une danse qui vous consolera. La narration du monde : « Une parole qui refuse de mourir ».
    Un livre unique. Traduit de l’anglais (Inde) par Claro, Simone Manceau, Bernard Turle, Dominique Vitalyos, et Laëtitia Zecchini. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.

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