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"Sådana gåfvor jag toge väl emot
Om du vore en kristelig qvinna
Men nu så är du det värsta bergatroll
Af Neckens och djävulens stämma".
Herr Mannelig. (Chant suédois médiéval.)
Il paraît qu’avec les séries TV (dont je n’ai aucun nom) la femme viking apparaît en femme forte, cruelle, calculatrice ou encore combattante. La mythologie scandinave aidant avec Freyja, les valkyries… le mythe d’une représentation forte s’affirme encore davantage. Mais qu’en est-il réellement ?
La femme viking est-elle forte ? Est-elle soumise ? Qu’elle est sa place dans la société ? Comment la voit-on ? C’est à ces questions, par l’intermédiaire des sciences historique, archéologique et littéraire notamment, que Johanna Katrin va tenter de répondre à ces questions. Je dis bien « tenter », car les sources littéraires demandent une distance nécessaire pour différencier le mythe de la réalité, par ailleurs ces dernières étant souvent postérieures à la société viking le christianisme a pu en modifier la vision. Enfin les sources étant peu nombreuses, beaucoup de découvertes archéologiques restent incertaines sur leur finalité.
Affirmer est donc difficile mais pas impossible, avec certitude des grandes lignes ressortent à chaque période de la vie d’une femme qui est le choix d’écriture de l’autrice.
La vision actuelle nous laisse donc deux choix sur la femme : La femme forte ou la femme soumise. Les deux visions sont justes bien que paradoxales de premier abord. Comment cela s’explique-t-il ? D’une manière très simple, en effet l’auteure va nous montrer que d’après les sagas et les études anthropologies le milieu d’où l’on vient est primordial pour comprendre ces deux visions. Effectivement, pour peu que vous soyez d’un milieu particulièrement aisé avec beaucoup de biens en jeu, il sera toujours plus difficile pour une femme d’imposer son choix, notamment dans le mariage. Certes, cette limite existe aussi pour les milieux moins aisés mais elle a moins de risque de se répéter et laisse plus de leste.
Outre la matérialité qui impose des décisions, le caractère de la personne est aussi décisif pour s’imposer dans cette société patriarcale. Savoir s’imposer, être intelligente, persuasive sont autant d’outils pour garder un minimum les rênes de sa vie. Néanmoins ces qualités n’empêchent pas aux femmes d’êtres – et quel que soit le milieu – secondaire dans la société.
Cette seconde place n’empêche cependant point les femmes de marquer leur société, la famille et les esprits, et cela n’empêche pas d’en voir les qualités. Persuasive, s’imposer, intelligente… sont autant de défaut pour les misogynes, mais toutefois dans les sagas ces qualités sont extrêmement appréciées et répandues. Même si parfois elles peuvent conduire à des vengeances à répétition, à des excès très critiqués – et la femme n’est pas seule responsable, ça serait réduire l’homme à un pantin -, elles peuvent aussi être vues comme un lien et même des qualités d’apaisement.
Chose amusante, que l’ordre de composition de l’autrice a permis de mettre en exergue, fut de voir comment avec l’âge, la vision de la femme évolue ; sans remettre en cause les qualités/défauts, nous constatons que d’autres s’en rajoutent avec l’âge. Sur la fin de sa vie, la société viking la verra souvent comme une espèce de sorcière avec des dons de prescience mais pas forcément écoutée.
Pour ce qui est des femmes guerrières, mettons les choses au clair, malgré le fort caractère qu’elles ont et qui est nécessaire dans un pays rendu hostile par la nature et la société, rien ne permet d’affirmer que les guerrières étaient légion. S’il y en a eu quelques-unes (et encore sans certitude) c’est déjà beaucoup ! En effet, dans sa qualité de chercheuse l’autrice met bien en avant que même si des découvertes archéologiques ont mis à jour des femmes enterrées avec des épées, la thèse de femme guerrière ne tient pas face aux études plus approfondies des squelettes, et finalement plusieurs théories peuvent expliquer la présence de ces objets guerriers comme celle d’être la femme d’un chef.
Ne croyons pas pour autant que la vision de la femme doit se faire qu’à travers le prisme dominateur de l’homme. En effet, si l’homme est omniprésent par la nature du couple et des intérêts, la femme viking a su profiter du progrès et des richesses du commerce comme des conquêtes, elle a pu voyager seule ou non, et exercer des métiers qui demandaient une culture certaine comme graveuse de rune. Elle a su en sus flirter de près avec le pouvoir, et se rendre également indispensable à la maison où cette dernière avait aussi ses responsabilités, qui sans elle aurait rendu impossible ou du moins très compliqué la tâche de gérer les biens du ménage - ce qui est déjà valable dans l’occident médiéval au demeurant.
Bref ! Comme nous le constatons, la société viking était patriarcale certes, mais la femme y jouissait d’écoute, de liberté et de droit comme le divorce, d’éducation et de respect, de devoir et d’obligation que la vie en société impose. Et ceci dans tous les domaines. Elle n’était pas une chose sans valeur, et finalement sa position était bien plus avancée et sa condition de femme bien plus respectée que dans beaucoup de pays religieux actuels où l’homme blanc n’est pas omniprésent…
A la lumière des recherches de l’autrice qui a su confirmer des hypothèses, mais aussi – et surtout – prendre ses distances avec en ouvrant d’autres chemins basés sur des lectures d’œuvres et des découvertes nouvelles, nous nous rendons compte en lisant ces pages qu’il existe autant de profil varié de femme que d’homme. Et que la société viking était plus varié que l’on l’imagine, enfin loin des clichés que beaucoup ont aujourd’hui en tête.
En abordant la femme, l’autrice a su la reconstituer dans son contexte, et le contexte étant varié il est en effet difficile d’en sortir un schéma général et constant sur le temps long, et sur une société loin d’être unie. Nous remarquons également que quel que soit le milieu, l’entière soumission n’existe pas, pas plus que l’entière liberté, et ceci est valable également pour les hommes.
S’il n’est qu’un mauvais point à distribuer à ce livre, s’est peut-être juste les trop longs et nombreux exemples pour une explication. Ajoutez à cela des noms imprononçables et la méconnaissance de la littérature scandinave, la longue litanie des exemples littéraires freine un peu la lecture. Mais à part cela rien de mauvais, nous avons appris beaucoup ; même si notre méconnaissance de cette problématique de la femme viking ne permet pas de prendre toutes les distances nécessaires. Saluons avant de finir les quelques photos glissées dans le corps du texte qui rendent moins abstrait les descriptions de l'autrice.
Editions Autrement.
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