Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
La bande dessinée de Johann G. Louis s’ouvre avec une douce ambiance bleu nuit. Otis s’approche discrètement d’un club réservé aux noirs. Il est guidé par la musique et observe avec émerveillement la joie qui anime la danse des adultes. Brusquement, un homme rentre dans le café et hurle l’ordre de fuir. La menace arrive, Otis ne la voit pas. Il prend ses jambes à son cou et retourne chez lui, plongeant sous sa couette comme si elle allait le protéger. Ce qui l’a vu, ce que son esprit a imaginé est un cauchemar.
Cette scène d’ouverture illustre parfaitement le ton de cette BD. Les couleurs invitent à l’histoire par leur beauté et leur douceur. Les aquarelles plantent des décors où la végétation règne. Les traits des dessins sont d’une telle finesse que les visages gagnent en expressivité et les lieux en vie. Au milieu des espaces urbains ou naturels, les personnages virevoltent, courent, se débattent, se cachent pour s’amuser. Et en filigrane, il y a cette menace qui prolifère. Les personnages centraux, trois enfants, sont entourés par cette menace, la ressentent sans réellement prêter attention à elle. Pourtant, sa seule présence marque peut-être la fin de leur enfance, de leur innocence.
Otis et Red veulent s’amuser et se fichent des contraintes. Ils sont amis et rien n’est plus important. L’arrivée de Shelley confirme l’importance d’être ensemble. Le duo devient trio. Chacun révèle ses particularités, ses failles et ses envies. Régulièrement, ils oublient l’heure et le temps file. Mais leur présent les rattrape. La mère de Red lui rappelle qu’il ne doit pas traîner avec des noirs. Celle de Shelley ferme les yeux sur l’épuisement des finances. Celle d’Otis voudrait qu’il aille à l’école. A voir cela, on comprend qu’ils préfèrent s’amuser.
L’auteur porte sur eux un regard tendre et rend hommage à la vigueur de la jeunesse, à la joie d’être ensemble. Pourtant, il y a ce racisme, cette violence qui imprègnent les planches et laissent un goût amer au fur et à mesure de l’histoire. Les enfants vivent cet été sans penser aux lendemains. Peut-être comprennent-ils que ce sera le dernier et que leur avenir est assombri par l’aveuglement et la violence de la société des adultes.
De belles aquarelles qui nous amènent en Louisiane, au sein d'une communauté marquée par les tensions raciales dans les années 30.
Trois enfants s'éloignent des convenances sociales et se lient d'amitié. Le bayou, une disparition, une enquête, dans cette tranche de vie qui se déroule sur un été.
Un beau roman graphique qui peut être mis dans les mains de préado et permettra d'évoquer la ségrégation raciale, l'importance de la tolérance et de l'ouverture à l'autre. Comme le dit l'épicier de cette petite ville : "l'ignorance est la graine de la bêtise".
En Louisiane dans les années 30, on va suivre 2 amis, Red et Otis. Ils ont 10 ans, l'un est blanc, l'autre noir, autant dire que cette amitié n'est pas très bien vue.
Ce duo va bientôt devenir un trio. Shelley vient d'arriver en ville et va habiter dans le fameux manoir avec sa mère et sa gouvernante. Les trois amis tentent de profiter d'un été au cours duquel un homme noir disparait. Les voilà mêlés malgré eux à l'enquête.
Johann G. Louis m'a ramené en enfance. Tous les ingrédients de Tom Sawyer et Huckleberry Finn sont réunis ici. Le bayou, la misère sociale, les tensions raciales... Il nous propose un véritable hommage à la littérature du sud américain et ça fonctionne très bien.
Et son très beau travail graphique y contribue fortement. Un dessin fin et dynamique dans des cases sans contour, des belles couleurs à l'aquarelle, c'est une vraie réussite !
"Swamp" est pour moi une très belle surprise. Un récit animé et intelligent dans un bel univers graphique qui en plus est accessible dès 10 ans. Une pépite !
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